Mgr Raymond Centène, évêque de Vannes, est actuellement et jusqu’à dimanche en visite pastorale dans les Pays de Guémené / Scorff, Plouay, Gourin, Le Faouët. Il a rencontré les membres des comités de chapelles mardi soir, et c’est avec une assemblée d’une cinquantaine de personnes que les sujets des pardons, des restaurations de chapelles… ont été évoqués. Nous reviendrons plus précisément sur cette soirée d’ici peu.
Mercredi, toujours dans le cadre de cette visite, c’est à une rencontre avec les acteurs de la pastorale en breton de ce secteur bretonnant que Mgr Centène a participé. Des animateurs paroissiaux ou personnes engagées non bretonnantes avaient été invitées et sont venues, permettant de créer des ponts. Plusieurs sujets ont été évoqués, après une présentation de ce qui se fait dans le Pays au niveau de la langue bretonne : cours du soir, filières bilingues, l’association Bod Kelenn, Bagad et Cercles celtiques, pardons… avant d’entrer plus précisément sur la place de la langue bretonne dans nos paroisses, que ce soit dans nos pardons ou lors des messes dominicales, obsèques, mariages, fêtes liturgiques…, et sur l’intérêt de leur utilisation dans le cadre dans une dimension missionnaire.
Certes, la langue bretonne n’est pas assez présente, et le constat a été clair. Mais, comme l’a dit l’évêque de Vannes, « la langue bretonne doit avoir une place de choix parce qu’elle est ici chez elle, que l’usage des cantiques bretons a un caractère profondément anthropologique et non pas uniquement liturgique ».
Parlant des personnes qui viennent à la messe occasionnellement, que ce soit à Noël, à la Toussaint, lors des pardons… retrouver les cantiques bretons, c’est comme le retour à la maison paternelle, un repère.
Concluant cette rencontre, Mgr Centène, qui a signé en 2013 la Charte Ya d’ar Brezhoneg et a proposé un projet missionnaire concret, explique, en prenant aussi l’exemple du catalan (il faut savoir que l’évêque est catalan) :
« Il me parait important de transmettre ce patrimoine breton et de garder ses spécificités car elles font partie de notre identité profonde. Il faut réussir à sortir du complexe que l’on a imposé disant que parler breton était arriéré. Il faut retrouver cette fierté d’être breton. On voit qu’une culture dominante peut écraser des cultures spécifiques, et il faut lutter contre cela. Car pour savoir ou l’on va, il faut savoir d’où l’on vient. Et cela est essentiel dans nos temps troublés.
Aujourd’hui, à travers les écoles bilingues, une génération refleurit. L’Eglise a eu un grand rôle dans la préservation de la langue bretonne. Aujourd’hui, il y a une résurgence des cultures locales. Il faut que l’Eglise reprenne sa place dans cette préservation, mais aussi pour évangéliser. Car nos cantiques bretons favorisent l’intériorité essentielle à l’évangélisation… »
Au final, que retenir de cette soirée ?
– que ce fut une rencontre encourageante, une première qui pourrait se renouveler lors d’autres visites pastorales et pouvant déboucher sur des groupes de travail et de formation.
– qu’un travail important s’impose, et notamment que les équipes liturgiques travaillent à mettre des cantiques bretons à la messe, non seulement lors des pardons, mais aussi lors des messes dominicales, des messes dites « de familles » (et donc les apprendre aux jeunes), et lors des événements de la vie chrétienne. Cependant, il importe de proposer sur des feuillets la traduction de ces chants tout en faisant preuve d’une certaine pédagogie démontrant les intérêts catéchétiques, missionnaires, culturels… aux non-brittophones et à ceux qui connaissent moins le patrimoine spirituel breton. Deux outils ont d’ailleurs été évoqués lors de cette soirée : votre site AR GEDOUR et le site www.kan-iliz.com qui permettent aux animateurs et organisateurs de trouver quels cantiques utiliser pour telle occasion.
– qu’utiliser la langue bretonne, c’est aider à la fois à l’avenir de l’Eglise et de la langue bretonne.
Gedour kaezh,
Pardonnez-moi mon impertinence mais je trouve que l’illusionniste adore se faire hypnotisé lui-même. Mgr Centène a certes une pensée remarquable en ce qui concerne la haute valeur des diverses langues et cultures d’un point de vue anthropologique, théologique etc…, et vous partagez cette pensée de toute évidence ; cependant, il a face à lui un système de pensée tout-à-fait opposé qui tient et occupe les paroisses par ceux qui sont à leur tête tout d’abord. La logique pastorale des paroisses va systématiquement à l’encontre d’un enracinement dans notre héritage culturel et religieux, malgré l’os décharné qu’on veut bien balancé au chien affamé que nous acceptons d’être trop souvent.
Vous tentez de trouver l’articulation entre ces deux conceptions, et je le comprends, mais faite bien attention aux illusions hypnotiques qui risquent à terme de stériliser vos énergies et de vous paralyser.
Ret eo d’ar gedour kaout daoulagad lemm da gentañ !
Demat deoc’h !
Merci pour votre message. Comme vous le dites, nous tentons de trouver l’articulation entre ces deux conceptions. Les différentes personnes qui composent notre équipe ont pu voir depuis leur enfance les dégâts et crispations (parfois justifiées) de certains positionnements. Nous tentons de notre côté de travailler avec pédagogie de manière à sensibiliser sur l’intérêt d’un enracinement dans notre héritage culturel et religieux.
Nous pourrions déclarer forfait à chaque mur qui se dresse devant nous, mais d’autres tombent et, même si le chemin est long, certains faits concrets nous encouragent à continuer.
Mais, soyez-en convaincu, nous sommes lucides sur les barrages qui existent et notamment ce fameux système de pensée que vous évoquez.
A galon
La Bretagne, ce sont les bretons qui la font.
La messe en breton, le Vatican n’y est pas opposé.
Encore faut-il une demande et pas seulement des paroissiens passifs qui regrettent.
A greiz kalon.