Saints bretons à découvrir

Une tournée de Noël de légende pour le trio Kervarec / Dudognon / Le Goff

Amzer-lenn / Temps de lecture : 8 min

Le trio Kervarec / Dudognon / Le Goff se prépare à sa tournée de Noël. Orgue, bombarde, biniou et chant résonneront dans nos églises de ce patrimoine musical breton, spécifique à Noël. Per Vari Kervarec en dit plus sur cette tournée qui débutera le 28 novembre 2020.

 

Après une tournée d’une trentaine de dates durant tout l’été, le trio musicien de Mibien Kerné récidive pour Noël, avec un nouveau spectacle. Pêr Vari Kervarec (bombardes & chant), Tony Dudognon (Orgues) et Fañch Le Goff (biniou) feront résonner les églises et cathédrales des chants de Noëls bretons, avec cet esprit légendaire particulier à la Bretagne.

La tournée précédente ayant remporté un vif succès, nous ne pouvons que vous inviter à aller écouter ces artistes, à commencer par leur premier concert qui aura lieu à la cathédrale de Quimper le 28 novembre prochain. Mais quoi de mieux que de demander à l’un des artistes de nous présenter ce spectacle. Per Vari Kervarec, talabarder et chanteur nous répond :

 

AR GEDOUR : Après votre tournée d’été, vous recommencez une tournée. Vous allez débuter cette tournée à la cathédrale de Quimper, un bel écrin pour ce concert. Quel en sera le thème ?

PER VARI KERVAREC : Et oui, c’est vrai que nous venons de finir une tournée intense de 23 concerts de mi-juillet à mi-septembre un peu partout en Bretagne et même en dehors. Nous démarrons une toute nouvelle le Dimanche 15 Novembre à Conches-En-Ouche en Normandie, pour le festival « Celtes en Ouche », et c’est vrai que la tournée bretonne commencera le Samedi 28 Novembre à la Cathédrale St Corentin de Quimper. Un rêve de pouvoir présenter notre concert dans ce lieu ! Puis nous enchaînerons pour une quinzaine de concerts dans la Bretagne.

Le thème évoqué sera « Noël en Bretagne à travers certaines anciennes croyances paysannes ». Les dires de ces anciens, qui du fond de leur vie, donnent l’éveil du temps qui passe et le regret des choses, nous ont aidé à retrouver ces Noëls de Bretagne. Que ce soit le Nedeleg du bas-pays, le Noa ou le Nau du Haut-Pays, les croyances paysannes ont un visage grave ; la joie de l’enfance, la gaité des chances ne font pas toujours oublier que la mort est là.

 

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce thème ?

PER VARI KERVAREC : Noël, de toute tradition, est la nuit des prodiges. On dit que tout homme peut s’avancer sans crainte en cette nuit. L’Enfant Jésus enlève aux sorcières leur puissance et revient enchaînés les mauvais esprits. Dans certaines paroisses de Basse-Bretagne, on assure que les feux du Purgatoire s’éteignent durant la messe de minuit et que les âmes éprouvent un moment de soulagement…. »

il y aura des airs de fête, de partage pour chanter ensemble car avec la période que nous vivons que l’on soit croyant ou non, nous avons tous besoin de se changer les idées pour annoncer une année qui ne pourra être que meilleure que 2020.

Que retrouveront vos spectateurs lors de vos concerts ?

PER VARI KERVAREC : Les spectateurs retrouveront bien entendu des Cantiques bretons principalement autour de Noël comme : « Nouel, Mabig Jezus », « Raksen e kan holl an Elez », « Kanomp Noel » « Mari hor Mamm karante » «Meulomp holl da viken » et bien d’autres… mais aussi des Gwerzioù car l’idée de la Mort domine toutes les légendes du Noël breton. Dans certaines paroisses de Basse-Bretagne, on assure que les feux du Purgatoire s’éteignent durant la messe de minuit et que les âmes éprouvent un moment de soulagement. Dans certaines communes du Morbihan, on dit que le jour de Noël, à la messe de Minuit, la Mort marque, en les touchant du doigt, tous ceux qui doivent mourir dans l’année.

Et pour finir, il y aura des airs de fête, de partage pour chanter ensemble car avec la période que nous vivons que l’on soit croyant ou non, nous avons tous besoin de se changer les idées pour annoncer une année qui ne pourra être que meilleure que 2020.

 

Nos cantiques bretons sont très rarement chantés et joués lors des offices religieux. Des concerts comme les vôtres permettent au grand public de redécouvrir ce riche patrimoine. Que dites-vous de ces cantiques et de ces chants populaires bretons ?

PER VARI KERVAREC : Pour ma part,  l’importance culturelle et religieuse des cantiques bretons est indéniable en Basse-Bretagne depuis le milieu du XVIIe siècle en raison du poids de l’église. Ces chants font partie de notre patrimoine breton, à la même hauteur que sont les Gwerzioù et  les Sonioù. Les cantiques bretons sont particulièrement bien accordés à notre âme bretonne. Par exemple, quand nous prenons le « Da Feiz hon Tadoù Koz », Il est par son rythme vif et entrainant, ses paroles, un incontestable chant de combat, et d’affirmation d’une identité chrétienne et bretonne clairement revendiquée. (Il s’inscrit dans une époque de combat religieux, de protestations populaires, mais aussi avec « le problème de la langue bretonne » cf. : le 29 septembre 1902, une circulaire ministérielle s’en était prise aux prêtres qui faisaient le catéchisme et les célébrations en breton.) Nous n’avons pas le droit d’oublier les combats de nos ancêtres.

Ces cantiques, ces Gwerzioù, ces poésies et cette langue ont une résonnance avec mon histoire, ma famille, des gens qui ne sont plus là et pour qui le breton était leur langue maternelle. Réinterpréter ces cantiques et Gwerzioù au chant et à la bombarde sont donc un moyen de renouer avec ces personnes.

 

Lors de vos concerts, il arrive que les spectateurs reprennent avec vous certains chants. Comment, selon vous, est-il possible de continuer à faire vivre ce patrimoine ?

PER VARI KERVAREC : C’est vrai que nous avons fait le choix de faire participer le public dans nos spectacles car cela permet d’avoir cette proximité avec le public. De plus, nous nous efforçons d’expliquer, que ce soit les cantiques que nous interprétons ou les Gwerzioù, pour que les spectateurs comprennent, même sans connaître la langue bretonne, le sens des mélodies. Et d’ailleurs, c’est un retour positif qui revient systématiquement. Cela permet à chacun de se libérer et de se laisser porter par la musique.

A mon avis, il est vraiment important que les paroisses fassent plus d’efforts pour remettre ces chants dans nos messes. Ne laissons pas s’effacer l’expression de la foi en breton en spectateur impuissant.

Un moyen subsidiaire serait, de mettre en avant ce patrimoine avec des concerts comme, Jean-Claude JEGAT et Louis YUHEL, Yann Fañch KEMENER, Josick ALLOT l’ont fait ; comme Anne AUFFRET, Gwenola ROPARZ, Jean BARON, Eflamm CAOUISSIN et Alain-Noël LE GALL, André LE MEUT et Philippe BATAILLE, Claude NADEAU, Jorj BOTHUA, Fabrice LOTHODE, Nolwenn ARZEL le font tellement bien aujourd’hui. Comme nous essayons de le faire aussi bien (Trio Pêr Vari KERVAREC/ Tony DUDOGNON/Fañch LE GOFF). Nous voyons que cela plaît aux gens de tout âge.  Cependant, il y a toujours une espèce de barrière de « rentrer dans l’Eglise » qui n’est pas perçu encore par tout le monde, comme un lieu où nous pouvons écouter un concert, comme si nous allions dans une salle de spectacle. Or, c’est vraiment un lieu chaleureux, qui invite chacun à se laisser porter par ces édifices magnifiques mais aussi, il offre un espace de silence intérieur et il favorise l’expression de la beauté (Acoustique, silence, le chant de l’Eglise).

 

Que diriez-vous à nos lecteurs pour les motiver à venir vous écouter ?

PER VARI KERVAREC : Nous interprétons des cantiques de Basse Bretagne et Gwerzioù, des chants qui racontent notre Bretagne, nos ancêtres, des histoires vraies, des faits divers, des poèmes, des chants qui rendent hommage à ceux qui nous ont transmis notre savoir. Maintenant à notre tour de transmettre à notre manière. Nous sommes des passeurs de mémoire.

Venez, ne serait-ce que par curiosité, assister à un de nos concerts et laissez-vous portez par le chant naturel de l’Eglise, avec le chant de la voix, qui participe à sa façon au spectacle. Par le mariage magnifique du couple Biniou-Bombarde avec l’Orgue.  Enfin, aucune croyance n’est nécessaire pour venir nous écouter, laissez-vous porter.

1er rendez-vous : 28 novembre 2020 à la cathédrale de Quimper, à 20h45.

Vous retrouverez sur Ar Gedour toutes les dates de la tournée. Pour être tenus informés, abonnez-vous gratuitement à la newsletter. Vous pouvez aussi télécharger la feuille Feiz & Sevenadur régulièrement, en cliquant ici.

À propos du rédacteur Eflamm Caouissin

Marié et père de 5 enfants, Eflamm Caouissin est impliqué dans la vie du diocèse de Vannes au niveau de la Pastorale du breton. Tout en approfondissant son bagage théologique par plusieurs années d’études, il s’est mis au service de l’Eglise en devenant aumônier. Il est le fondateur du site et de l'association Ar Gedour et assure la fonction bénévole de directeur de publication. Il anime aussi le site Kan Iliz (promotion du cantique breton). Après avoir co-écrit dans le roman Havana Café, il a publié en 2022 son premier roman "CANNTAIREACHD".

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Un commentaire

  1. Louis-Marie SALAÜN

    Merci à Per-Vari Kervarec pour cet entretien autour de la promotion de notre belle musique ! Puisqu’il évoque les nombreux duo bombarde et orgue en Bretagne, n’oublions pas non plus que d’autres duo hors Bretagne font résonner nos beaux cantiques bretons.

    La musique bretonne et particulièrement nos cantiques gagneraient à être exportés hors des frontières de la Bretagne, histoire de rapeller à ceux qui l’auraient oublié, que chaque coin de France possède des cantiques populaires.

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