Une ostension télévisée du Saint-Suaire, dans le cadre de l’Année de la Foi voulue par Benoît XVI. Ce samedi, depuis 17 heures 10 et durant une heure et demie, la première chaine de la télévision italienne diffuse en mondovision une exposition extraordinaire du célèbre linceul de Turin. Cette ostension télévisée n’est pas la première de l’histoire. Il y a 40 ans, le 23 novembre 1973, la télévision italienne avait montré les images du Saint-Suaire exposé verticalement dans un salon du Palais Royal de Turin. Lors de la précédente ostension, en 2010, quelque 2 millions de pèlerins venus du monde entier avaient défilé devant la relique dans la cathédrale de Turin. Benoît XVI qui avait fait le déplacement lui aussi, le 2 mai, avait qualifié le linceul d’icône du Samedi Saint.
Le Pape François a enregistré un message vidéo qui sera diffusé dans le cadre de cette émission. En voici le texte :
Chers frères et sœurs,
Je me place, moi aussi avec vous devant le Saint Suaire, et je remercie le Seigneur qui nous offre cette possibilité avec les moyens d’aujourd’hui.
Même si cela se fait sous cette forme, il ne s’agit pas d’une simple observation, mais d’une vénération, c’est un regard de prière. Je dirais davantage : c’est un se laisser regarder. Ce Visage a les yeux clos, c’est le visage d’un défunt, et pourtant mystérieusement il nous regarde, et dans le silence il nous parle. Comment est-ce possible ? Comment se fait-il que le peuple fidèle, comme vous, veuille s’arrêter devant cette Icône d’un Homme flagellé et crucifié ? Parce que l’Homme du Suaire nous invite à contempler Jésus de Nazareth. Cette image – imprimée dans la toile – parle à notre cœur et nous pousse à gravir le Mont du Calvaire, à regarder le bois de la croix, à nous immerger dans le silence éloquent de l’amour.
Laissons-nous donc rejoindre par ce regard, qui ne cherche pas nos yeux mais notre cœur. Écoutons ce qu’il veut nous dire, dans le silence, en passant au-delà de la mort-même. À travers le Saint Suaire nous parvient la Parole unique et ultime de Dieu : l’Amour fait homme, incarné dans notre histoire ; l’Amour miséricordieux de Dieu qui a pris sur lui tout le mal du monde pour nous libérer de sa domination. Ce Visage défiguré ressemble à tant de visages d’hommes et de femmes blessés par une vie qui ne respecte pas leur dignité, par des guerres et des violences qui frappent les plus faibles… Pourtant le Visage du Suaire communique une grande paix ; ce Corps torturé exprime une souveraine majesté. C’est comme s’il laissait transparaître une énergie contenue mais puissante, c’est comme s’il nous disait : aies confiance, ne perd pas l’espérance ; la force de l’amour de Dieu, la force du Ressuscité vainc tout.
Pour cela, contemplant l’Homme du Suaire, je fais mienne, en ce moment, la prière que saint François d’Assise prononça devant le Crucifié :
Dieu Très-Haut et glorieux,
viens éclairer les ténèbres de mon cœur ;
donne-moi une foi droite, une espérance solide et une parfaite charité ;
donne-moi de sentir et de connaître, Seigneur, afin que je puisse l’accomplir, ta volonté sainte qui ne saurait m’égarer. Amen.
Sujet passionnant d’études pour les scientifiques, objet de dévotion pour d’autres, le linceul de Turin n’a de cesse d’interroger, d’étonner, de fasciner. Si la science a pu parvenir à certaines certitudes quant à la nature de l’image, -qui n’est pas une peinture-, et aux éléments biologiques qu’elle recèle, -sang humain, sueur, traces d’aloès, de myrrhe, et de pollen-, elle reste néanmoins muette devant d’autres interrogations, ayant trait notamment aux circonstances de formation de l’image sur le tissu.
Ecoutez Gianmaria Zaccone, directeur scientifique du musée diocésain du Saint Suaire, vice-directeur du centre international de sindonologie de Turin, et membre de la commission diocésaine pour le Saint Suaire de l’archidiocèse de Turin.