Certains se plaignent -à raison- des fermetures de postes dans les filières bilingues (privées ou publiques), mais une question se pose : parlons-nous tous autour de nous des bienfaits du bilinguisme pour l’enfant ? Evoquons-nous l’intérêt de l’enseignement du breton pour nos enfants lors des conversations avec d’autres parents ?
Si nous avions tous ce réflexe, alors les filières bilingues auraient probablement beaucoup plus d’élèves, et plutôt que des fermetures de postes, nous verrions du recrutement d’instituteurs en masse.
Tout ne doit pas venir des parents, mais n’ayons pas une attitude de consommateurs visant juste nos propres enfants et motivons amis, voisins, famille… à prendre conscience de cela. Aidons-les à s’ouvrir l’esprit. Alors les filières bilingues verront les inscriptions affluer.
EC
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Contrairement à ce que certains disent depuis longtemps le bilinguisme a un effet positif sur l’intelligence. Les études montrent (Lambert) un net avantage pour les enfants bilingues, ce que les chercheurs ont expliqué par la plus grande flexibilité cognitive des enfants qui ont l’habitude de passer d’un système de symboles à un autre. C’est une sorte de gymnastique pour le cerveau qui augmenterait ainsi son rendement.
Les enfants bilingues ont une possibilité de raisonnement abstrait plus grande qui est indépendante des mots, ce qui leur donne un avantage dans la construction de concepts et la résolution de problèmes abstraits.
Les enfants bilingues savent très tôt qu’il existe plus qu’une façon de s’exprimer, ils relativisent leurs langues. Ils ont la capacité de réflexion sur la langue comme objet. C’est pour cela qu’ils ont souvent une facilité pour apprendre à lire car ils sont habitués à des systèmes différents pour s’exprimer. C’est un avantage par rapport aux enfants monolingues. Ils intègrent plus rapidement le principe de correspondance entre représentation mentale et écriture car ils sont déjà habitués à l’arbitraire du lien entre une image mentale et le signifiant correspondant.
Les enfants bilingues ont aussi une sensibilité communicative accrue. Ils réagissent plus rapidement dans des situations de communication car ils sont habitués à décider rapidement quelle langue il faut utiliser dans une situation donnée.
Les enfants bilingues ont une facilité pour apprendre une troisième, quatrième (etc. ) langue. Michel Tournier a écrit : “le bilingue jouit d’une merveilleuse facilité dans l’acquisition des langues, on dirait que la présence de la langue maternelle constitue pour l’unilingue un ballast qui s’oppose a l’entrée de nouvelles venues.”
Les enfants bilingues sont acceptés dans leurs deux cultures et sont ouverts plus naturellement à d’autres cultures. Le fait de maîtriser la langue de sa famille, des grands-parents, des cousins permet de garder les liens avec la famille et de se sentir appartenir à un ensemble humain et géographique.
Les enfants bilingues ont des avantages intellectuels, plus de souplesse mentale,plus de créativité, plus d’originalité dans leur façon de pensée, trouvent plus facilement deux ou trois solutions à un problème. Ils peuvent trouver plus facilement beaucoup de réponses à une question ou un problème.
Ils ont plus de possibilités dans leurs carrières et avec la globalisation ils ont un avantage dans tous les domaines par rapport aux monolingues.
Et les études au Québec et ailleurs montrent qu’il y a moins de personnes atteintes de la maladie d’Altzheimer, de la démence sénile et de tout autre déclin cognitif lié à l’âge (Grand Larousse du cerveau) chez ceux qui dès la petite enfance ont parlé deux langues !
Le bilinguisme est un cadeau de vie aux enfants. Non seulement ils deviennent bilingues et également biculturels, mais c’est un cadeau qui doit être préparé et présenté avec soin car l’acquisisiton complète d’une langue est une entreprise de longue haleine et demande un engagement certain de la part de toute la famille.
(Source : Français du Monde)
Il y a peut-être une part de crainte ou d’appréhension car les parents qui ne sont pas déjà convaincus évaluent mal ce que peut être le bilinguisme.
Il ne s’agit pas de supplanter le français par le breton, chose quasiment impossible actuellement, mais bien de mettre du breton dans les oreilles et sur la langue de nos enfants.
C’est pourquoi je partage l’appel de cet article : parlons-en autour de nous pour montrer que ce n’est pas une entreprise hors de portée.
Mais, en premier lieu, essayons de l’appliquer chez nous : ar brezhoneg er gêr da gentañ (le breton à la maison d’abord).
J’en profite pour faire la publicité de deux initiatives qui semblent judicieuses :
– l’association SKED (à Brest) propose des formations (2 x 1/2 journée) pour les parents dont les enfants sont scolarisés en classe bilingue. En suivant le déroulement d’une journée du quotidienne, cela permet d’acquérir quelques expressions et du vocabulaire facilement réutilisables avec les enfants (« Da gousket ! », « Poent eo dit sevel ! », « Naon ‘teus ? », « Gwalc’het ‘teus da zaouarn ? », « Pelec’h ‘teus poan ? » …)
– l’association Divskouarn avec Skol an Emsav (à Rennes) propose des séances de découverte du breton en famille (parents + enfants 0-5 ans) : comptines, jeux, chants, rondes et discussions libres… 1 fois par mois, le samedi matin (~1h).
Bonjour
J’approuve globalement le fond de l’article mais il me semble qu’on confond deux choses :
l’enseignement bilingue connait une croissance forte et ininterrompue depuis des annees (plus de 5% cette année pour le réseau Diwan par exemple). Certaines écoles ont des soucis d’ordre local mais la tendance globale est tres claire. On ne manque pas d’élèves !
Par contre, là où le bât blesse, c’est au niveau du nombre de professeurs : on ne forme pas assez de professeurs bilingues et l’Education nationale ne donne pas assez de postes.
Cela empêche également des écoles de s’ouvrir, une partie de la demande n’est pas satisfaite.
Il faut egalement ajouter a cela la peur de certaines communes de perdre une classe s’ils ouvrent une classe bilingue…
C’est donc d’abord une volonté politique.
Aux citoyens de faire pression sur leurs élus s’ils veulent faire avancer le breton.