Saints bretons à découvrir

Les paroisses de Haute-Cornouaille mettent leurs cantiques en ligne

Amzer-lenn / Temps de lecture : 6 min

 

Après le travail de Pierre Quentel, celui du Diocèse de Quimper & Léon (Kantikoù brezoneg), celui du Diocèse de Vannes (An overenn santel), sans oublier la création de Kan Iliz (qui permet de retrouver de nombreux cantiques de toute la Bretagne, mais répertorie et classe aussi selon les occurrences liturgiques tous les cantiques bretons disponibles sur le web grâce aux initiatives diverses), ce sont maintenant les paroisses de Haute-Cornouaille qui mettent en ligne tous les cantiques locaux, grâce à un important travail de Jef Philippe (diacre du Diocèse de St Brieuc & Tréguier).

Ce travail est à souligner car il permet aux anciens d’avoir un soutien numérique et aux générations nouvelles de se réapproprier les cantiques grâce aux outils d’aujourd’hui, tout comme le récent album de Yann-Fañch Kemener « AR BARADOZ« , destiné à aider ceux qui préparent la liturgie pour intégrer des cantiques bretons lors des divers offices.

Nous reprenons ci-après la présentation qui en est faite sur le site des paroisses de Haute-Cornouaille :

Au moment de confier aux paroissiens de Gouarec, Rostrenen et Maël-Carhaix le travail effectué ces 18 derniers mois sur les cantiques des pardons, je voudrais expliquer en quoi a consisté cette tâche, et quelles ont été les options adoptées.

C’est en juin 2016 que l’abbé Job Le Fell m’a demandé de procéder à un inventaire des 50 cantiques en langue bretonne utilisés dans les pardons de ces trois grandes paroisses. Le but était notamment d’aider à les démarrer vocalement dans des assemblées dont personne ne connaissait plus très bien le cantique local. N’ont été retenus que les cantiques des pardons actuellement en vigueur, un certain nombre d’autres n’ayant hélas plus cours.

Il a d’abord fallu établir les textes. Grâce aux recherches de l’abbé Guillaume Caous qui avait déjà commencé ce travail, grâce à ma propre documentation, grâce à l’Internet aussi, nous avons pu trouver textes et airs. Les partitions de ces derniers ont été transcrites pour la plupart par Goulven Ayrault, chef de chœur de la Manécanterie de Saint-Brieuc. La saisie des textes a été exécutée, pour la plupart, par mon épouse Yvette et par moi-même. J’ai aussi procédé aux traductions, sauf pour la partie déjà effectuée par Guillaume Caous. Divers paroissiens et paroissiennes m’ont aidé à vérifier la validité des airs. À toutes et à tous, merci ! Il reste à préciser quelques éléments qu’il a fallu prendre en compte.

Pour ce qui est de l’orthographe bretonne, nous avons opté pour celle qui est la plus usitée actuellement, appelée « peurunvan », ou « unifiée ». Celle-ci tient compte des particularités du parler vannetais (« koh » pour « koz » par exemple, d’où la graphie « kozh »). Je souscris au propos que m’a tenu jadis le vénéré abbé Pierre Bourdellès, affirmant que cette orthographe était parfaitement adaptée aux communes du Centre-Bretagne, surtout celles qui, comme dans la paroisse de Gouarec, parlent un breton très influencé par le vannetais. Qui en douterait n’aura qu’à lire le cantique de Saint Julien (Sant Sulian), en Mellionnec.

Une fois ce choix opéré, il a fallu tenir compte du parler populaire, fréquemment différent des règles officielles. Ainsi, les mots s’achevant par un « v » que l’on prononce « o » dans le périmètre de notre recherche ont été écrits avec un « o » final, sous peine de perturber gravement la lecture de refrains et couplets où le « o » s’impose pour des raisons de rime. C’est le cas notamment pour « marv » (mort), « anv » (nom), « garv » (cruel) et quelques autres. Autre choix, celui de garder l’adjectif possesssif « hon » (1e personne du pluriel = notre, nos) avec la mutation qu’utilise spontanément le peuple (hon zad, hon fenn) au lieu de distinguer, comme le fait la grammaire, « hon, hol, hor » en fonction de la consonne initiale du nom qui suit le possessif. Ce « hon » est d’ailleurs le plus souvent prononce « hom« . Bref, bien qu’ayant opté pour une modernisation de l’orthographe, il a fallu faire des concessions au breton local. Quiconque s’en verra offensé pourra toujours corriger la version éditée sur le web et dans le DVD qui verra le jour : les textes y figureront en version Pdf mais aussi en version « traitement de texte », cette dernière permettant également de faire un copier-coller des couplets retenus le jour du pardon. Il faut ajouter en effet que la plupart des cantiques sont fort longs (plus de 30 quatrains) car il fallait chanter tout au long de la procession qui allait jusqu’à la fontaine parfois un peu éloignée du sanctuaire. … Quant aux traductions, elles se sont voulues assez proches de l’original en breton, quand ce fut possible. Sachant qu’il reste des erreurs, des fautes non décelées, je suggère qu’on me les pardonne… La miséricorde est en effet souvent invoquée dans nos bons vieux cantiques !

 

Un mot au sujet des airs.

Nous avons fourni des partitions (les musiciens pourront les transposer si l’assistance peine à chanter suffisamment haut…). Une des requêtes des paroisses était que l’on puisse disposer d’un enregistrement du début des cantiques de manière à aider à les lancer lorsque l’on ne dispose pas de chantres patentés. Ces enregistrements (que par commodité j’ai moi-même réalisés) comprennent d’abord la ligne mélodique jouée au piano, immédiatement suivie du début du cantique chanté a cappella. On trouvera cela en pianotant sur un smartphone. Évidemment, il sera prudent de ne pas attendre la dernière minute pour procéder à la recherche sur le web !

 

Classement des cantiques

Les cantiques sont classés, à l’intérieur du répertoire de chaque paroisse, en suivant l’ordre alphabétique des relais paroissiaux, et, pour chaque relais, dans l’ordre alphabétique des titres.

La version web ou DVD est ainsi numérotée :

  • 0001 : l’air enregistré
  • 001 : le texte en .word ou .odt ou .docx (modifiable au besoin)
  • 01 : la version Pdf du cantique, la plus utile pour un tirage du texte complet.

Ce classement permet de placer la totalité des cantiques (par paroisse) dans les trois formats. On le retrouvera dans la table des matières de chaque paroisse, en rappelant qu’il faut chercher par relais. Pour cette même raison, les pages sont numérotées en commençant par la première de chaque cantique : il n’y a donc pas, même en version papier, de pagination globale. Il faudra donc chercher quelque peu le début de chaque cantique. L’Évangile l’assure : « cherchez, et vous trouverez » (Mt 7, 7) !

Il reste à espérer que ce travail sera utile ; au moins gardera-t-il un intérêt culturel, voire littéraire lorsque l’on a eu affaire aux plus habiles paroliers. Longue vie à nos pardons, qu’ils soutiennent la foi des fidèles !

À propos du rédacteur Eflamm Caouissin

Marié et père de 5 enfants, Eflamm Caouissin est impliqué dans la vie du diocèse de Vannes au niveau de la Pastorale du breton. Tout en approfondissant son bagage théologique par plusieurs années d’études, il s’est mis au service de l’Eglise en devenant aumônier. Il est le fondateur du site et de l'association Ar Gedour et assure la fonction bénévole de directeur de publication. Il anime aussi le site Kan Iliz (promotion du cantique breton). Après avoir co-écrit dans le roman Havana Café, il a publié en 2022 son premier roman "CANNTAIREACHD".

Articles du même auteur

15 a viz Ebrel : SANT PADERN, ESKOB

Amzer-lenn / Temps de lecture : 1 min Sant Padern a seblant bezañ bet ganet, …

[KERANNA] 400 personnes au pèlerinage des Bretonnants

Amzer-lenn / Temps de lecture : 2 minCe dimanche 7 avril, venus des cinq départements, …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *