Au lendemain du 325ème pardon de Notre-Dame de Joie qui a eu lieu à Pontivy le week-end passé, nous revenons sur la mélodie jouée par les cloches de la basilique jusqu’il y a peu. Le système de sonnerie ayant été modifié la semaine passée, cet air n’est plus entendu à ce jour, mais une autre mélodie devrait bientôt (surprise !) se faire entendre.
A chaque heure du jour, les cloches jouaient ce cantique autrefois très connu : « Ni ho salud, Rouanez an Elez », écrit par Charles Le Bris sur un air populaire. La partition est disponible ici.
Nous vous saluons, Reine des Anges. Vous êtes notre Mère, la mère de miséricorde, toute notre douceur, notre vie et notre espérance ; nous vous saluons avec le plus grand respect
Charles Le Bris est né à Lanhouarneau en 1664 sans aucune précision de lieu, de Charles et de Marguerite Henry. Son acte de sa tonsure en 1689 indique qu’il vécut le début de sa vie dans cette paroisse. Cette même année, sa famille quitte Lanhouarneau pour Plougar, où il sera prêtre de 1691 à 1694, après avoir été ordonné le 23 septembre 1691 à Saint Pol de Léon.
En 1711, il devient aumônier des Dames de l’Union Chrétienne, communauté établie à Brest en 1694 et vouée à l’éducation des filles et à l’oeuvre des retraites. Il quitte le Léon le 8 septembre 1715, pour devenir aumônier de l’hôpital de l’Hôtel-Dieu et de la communauté des religieuses Augustines de Carhaix, ville où il décèdera le 8 octobre 1736 à l’âge de 72 ans.
Cette mise en lumière vient du fait que parmi les auteurs de littérature religieuse en langue bretonne au XVIIIe siècle, Charles Le Bris fût certainement le plus abondant. On lui doit quinze ouvrages tels que la traduction bretonne de l’introduction à la vie dévote, de saint François de Sales (1710), Preparationnou ar maro (1722) et Collocou ar C’halvar (1740) dont la plupart bénéficièrent de rééditions. Sept de ces cantiques figurent encore dans les recueils actuels de cantiques bretons.
Le projet de Charles Le Bris était de donner aux bretonnants des livres de piété écrits dans leur langue. L’ouvrage le plus important est sans conteste Heuriou brezonek ha latin : de par son volume (700 pages), de par ses rééditions au nombre de 35 (il était encore en vente et en usage au début du XXe siècle) et de par l’influence qu’il a exercée. Ce livre a servi pendant deux siècles environ, en donnant les offices de l’année en prose ou en vers, agrémenté d’explications et de commentaires sur les cérémonies et le cycle liturgique. Ce livre était connu du peuple sous le nom de « Heuriou Briz », ainsi à Lanhouarneau aujourd’hui tout livre se dit : « eun euriou » plutôt que « leor ou leoriou »
Les plus connus des cantiques de Charles Le Bris sont l’Angélus breton : Un arc’hel a berz an aotrou, Ni ho salud steredenn vor, Ni ho salud rouanez an elez. Ce dernier cantique a essaimé à travers la Bretagne bretonnante, et il n’est donc pas étonnant de le retrouver ailleurs, y compris dans la sonnerie de Pontivy. La mélodie a été reprise par l’abbé Olliero en 1922 dans le livr Kanenneù du Diocèse de Vannes, et est devenue un cantique eucharistique, dans une mélodie légèrement modifiée, que l’on retrouve sous le titre « Karante doh Jezuz er sakremant ag en aoter ». Ce chant, écrit comme un dialogue entre Jésus et l’enfant, était particulièrement repris pour les premières communions.
1 – Ni ho salud, Rouanez an Aelez
C’hwi zo hor Mamm, ar Vamm a drugarez
Hon holl douster, buhez hag esperañs
Ni ho salud gant ar vrasañ doujañs
2 – Deoc’h-hu, Gwerc’hez, e kasomp hor pedenn
Ni divroet ha, siwazh ! pec’herien
Ouzhoc’h, Gwerc’hez, e kriomp er bed-mañ
Hor c’hlevit-ni, bugale da Eva
6- O gwerc’hez sakr, o Mamm garantezus,
Rouanez vat, Itron drugarezus,
Ni hoc’h asped, selaouit hor pedenn,
Ha ni d’hon tro ho meulo da viken
7 – Plijet ganeoc’h, Mamm santel da Zoue
Pediñ dalc’hmat evit ho pugale
‘Vit ma c’hellimp kaoud perzh en holl grasoù
Gounezet deomp gant Jezuz, hon Aotrou
1. Nous vous saluons, Reine des Anges,
Vous êtes notre Mère, la Mère de Miséricorde,
Notre douceur, notre vie, notre espérance:
Nous vous saluons avec le plus grand respect.
2. Vers vous, ô Vierge, monte notre prière,
Une prière d’étrangers et de pécheurs, hélas!
Vers vous, ô Vierge, notre cri en ce monde;
Ecoutez la prière des enfants d’Eve.
6. O Vierge Sainte, ô Mère affectueuse,
Bonne Reine, Dame miséricordieuse,
Nous vous supplions, écoutez notre prière
Et, à notre tour, nous vous louerons à jamais.
7. Qu’il vous plaise, Sainte Mère de Dieu,
De prier toujours pour vos enfants,
Pour que nous puissions avoir part à toutes les grâces
Gagnées par Jésus notre Sauveur.
Setu Breizh….