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RAPPELS LITURGIQUES POUR NOEL

Amzer-lenn / Temps de lecture : 13 min

Les festivités de Noël commencent avec le début des premières vêpres ; le Temps de Noël dure, selon les livres d’après 1969, jusqu’à la fin du dimanche qui suit le 6 janvier [1].

La fête de Noël comporte quatre messes, une la veille au soir, une pendant la nuit, une à l’aurore, et la plus solennelle en plein jour. Ces quatre messes se célèbrent en blanc, avec Gloria et Credo, préface de Noël et génuflexion par tous à Et incarnatus est [2]. Aucune autre messe ne peut être célébrée en ce jour [3]. Il y a trois préfaces de Noël au choix. Le canon romain comporte une Communicantes propre pour Noël ; on dit : noctem sacratissimam… qua aux messes de la veille (Vigile) et de la nuit ; dès la messe de l’aurore (et jusqu’à la fin de l’octave) on dit : diem sacratissimum… quo. Il n’y a aucune modification dans le texte des autres prières eucharistiques dans le missel latin. Le prêtre peut, à son gré, donner la bénédiction solennelle de Noël à la fin de chacune de ces messes.

Après-midi du 24 décembre

Il est de rigueur en plusieurs lieux de garder l’apparence « ascétique » de l’église jusqu’en début d’après-midi de ce jour, qui est traditionnellement jour de jeûne [4]. À ce moment, seulement, on déploie les tapis du choeur, on orne l’autel des fleurs déjà préparées à la sacristie, et on ouvre la crèche (sans le divin Enfant) qui a été construite [5] au cours des jours précédents. Ces travaux accomplis, on chante les premières vêpres, pour se refaire les forces avec l’hymne : Christe, redemptor omnium et le répons : Hodie scietis… Et mane videbitis« Aujourd’hui tu sauras… demain tu verras ».

Il est très convenable que ces vêpres soient suivies aussitôt par le chant de la messe de la veille [6] de Noël, car ces deux offices partagent les mêmes sentiments (et parfois les mêmes textes) et mettent en relief, l’un comme l’autre, ce point de transition entre l’attente et l’accomplissement : Alleluia, Crastina die delebitur iniquitas terræ : et regnabit super nos Salvator mundi. « Demain sera détruit le péché de la terre, et le Sauveur du monde régnera sur nous ». Ensuite, on fait une brève visite en procession à la crèche [7] qui attend toujours l’arrivée de son divin Hôte, puis on rompt le jeûne.

Notes
1 -Ou bien, certaines années en France, jusqu’au lundi 8 ou 9 janvier, car, quand le lundi tombe à une de ces dates, le Baptême du Seigneur est fêté en ce jour. NUAL 33, 38, 44 ; rubrique du missel en tête de la fête du Baptême du Seigneur. NUAL = Normæ universales de Anno liturgico et de Calendrio (Normes universelles de l’année liturgique et du calendrier), 1969, réimprimées en tête de Missale romanum 2002.

2 – Cf. les rubriques du missel pour chacune de ces messes.

3 – IGMR 372, 380 [330, 336] ; CE annexe 3. IGMR = Institutio generalis missalis romani (Présentation générale du missel romain) imprimé en tête de Missale romanum 2002 [le n° correspondant de l’édition 1970/75 est donné entre crochets] ; CE = Cæremoniale episcoporum (Cérémonial des évêques), 1984.

4- Le renouveau du droit ecclésiastique de 1984 a achevé le processus, déjà bien avancé depuis longtemps, de diminution du nombre de jours de jeûne dans l’église universelle : il n’en reste que deux. Néanmoins, la pieuse coutume de jeûner aux veilles des grandes fêtes semble se porter plutôt bien en certains lieux.

5 – En certains lieux, la crèche est édifiée le 18 décembre in expectatione ; ailleurs elle est construite, à l’abri des regards, dans une chapelle derrière un rideaux qui ne s’ouvre que juste avant les premières vêpres de Noël.

6- Selon les livres antérieurs, cette messe se dit dès le matin du 24 décembre (l’emportant, le cas échéant, sur la messe du 4e dimanche). À une époque plus primitive, cette messe se disait après none, étant ainsi la dernière cérémonie du temps de l’Avent. Selon les livres actuels, elle se dit « avant ou après les premières vêpres », retrouvant ainsi à peu près son heure primitive. Toutefois, elle est célébrée désormais en blanc, avec Gloria, ce qui suggère que sa place moderne serait après ces vêpres qui ouvrent Noël plutôt qu’avant.

7 – La fonction principale de la crèche, comme de toute image pieuse, est de servir de support à la piété et de la faciliter, surtout celle des enfants et de ceux qui sont prêts à devenir comme eux. Ainsi, ce n’est généralement pas une idée judicieuse d’installer la crèche sous l’autel principal. L’endroit idéal serait sûrement une chapelle latérale, propice à la prière privée et aux messes peu fréquentées, mais pleinement visible depuis la majeure partie de la nef.

Soir du 24 décembre

En plusieurs églises, on chante les matines [8] solennellement à une heure qui permet de les terminer quelques minutes seulement avant la messe de la nuit. On remarquera que toutes les partitions nécessaires pour le chant de ces matines selon le bréviaire moderne, se trouvent dans le Paroissien 800 et des livres similaires [9]. L’officiant, ou les officiants, peuvent porter la chape dès le commencement de cet office s’ils le souhaitent [10] ; éventuellement, le diacre revêtira la dalmatique pour proclamer l’Évangile (de la messe de la veille au soir, c’est-à-dire la Généalogie) avec l’assistance des acolytes et du thuriféraire, et en demandant la bénédiction à l’officiant [11] ; on termine par le chant du Te Deum (durant lequel on peut sonner la messe qui suivra) et par la collecte du jour : Deus qui humanæ substantiæ, non celle de la messe qui suit [12].

En d’autres lieux, la veillée qui précède la messe de la nuit s’assimile à une Célébration de la Parole de Dieu, selon l’appellation du Cæremoniale episcoporum, qui prescrit [13] une salutation d’ouverture, une oraison, des lectures, des chants, une homélie et du silence — ce qui laisse une grande place aux coutumes locales [14]. Presque partout, on intègre à cette célébration un chant ou récit basé sur le martyrologe de la veille de Noël.

Notes
8 – Les complies ne sont pas chantées au choeur ce soir, et ceux qui assistent aux matines et à la messe de la nuit en sont dispensés (cf. rubrique du Bréviaire latin, après la collecte des premières vêpres de Noël).

9- À l’exception de l’antienne Vocabitur nomen eius Emmanuel, utilisée si on ajoute les trois cantiques de la vigile prolongée, cf. IGLH 73 et la rubrique du bréviaire à la fin des matines de Noël. IGLH = Institutio generalis de Liturgia Horarum (Présentation générale de la Liturgie des Heures), 2 février 1971.

10 – CE 216.

11- CE 215. On peut ajouter une homélie sur l’évangile (IGLH 73) : la 9e leçon de l’office monastique de cette nuit (de saint Jérôme, ce texte est inconnu du rite romain) est adaptée à l’évangile de la Généalogie.

12- Cf. bréviaire. Bien entendu, il serait permis d’omettre Te Deum, oraison et Kyrie, pour passer directement au Gloria de la messe, si on voulait vraiment procéder ainsi (rubrique du Bréviaire latin après l’oraison).

13- CE 221-226.

14- Le prêtre peut porter l’étole et la chape [par extrapolation de CE 225], mais il semble peu convenable qu’il revête la chasuble pour présider une veillée.

Messes du 25 décembre

Le missel note, avant la messe de la nuit, que tout prêtre peut célébrer, ou concélébrer, trois messes en ce jour, sous condition de célébrer ou concélébrer chacune à l’heure appropriée. À titre exceptionnel, il peut conserver l’offrande correspondant à chacune d’entre elles (canon 951 §1).

Les chants grégoriens de ces trois messes (et de celle de la veille au soir) sont totalement inchangés par rapport aux livres antérieurs. Il n’existe pas de règle concernant l’ordinaire de ces messes : de facto c’est très souvent la messe VIII, mais, en quelques églises courageuses, on chante la messe IX à minuit. Les textes des messes et des offices ne varient pas selon l’année ; ils se trouvent à leur place dans le missel, le lectionnaire et le bréviaire, et ne présentent aucune particularité sinon la Communicantes dans le canon romain et la génuflexion par tous à Et incarnatus est au Credo.

Les ministres sacrés feront cette génuflexion à chaque messe, soit sur la marche inférieure de l’autel où le cérémoniaire les aura conduits depuis le siège quelques secondes avant, soit à proximité du siège, éventuellement sur des prie-Dieu que le cérémoniaire y aura placés en temps voulu.

Le cérémoniaire aura fait ce qu’il faut pour qu’il y ait des servants en nombre convenable à la messe de la nuit, mais aussi à celle du jour, qui doit être la plus solennelle. L’absence prévisible de certains servants s’accompagne d’un afflux inhabituel de fidèles à la messe de la nuit. Il est indispensable que tout soit prêt pour cette messe avant le début des matines (ou de la veillée), et que les servants qui arriveront au dernier moment sachent d’avance ce qui leur sera demandé. Il n’est pas moins nécessaire de s’assurer que prêtres et diacres savent où et comment ils distribueront la Sainte Communion [15], que les placeurs et quêteurs savent ce qu’on attend d’eux, que la crèche est réellement prête à recevoir l’Enfant (et que l’on n’a pas égaré celui-ci depuis l’année précédente).

À la Messe de la nuit, on sonne les cloches de l’église pendant toute la durée du chant du Gloria [16]. Dans les églises urbaines très fréquentées en cette nuit, il faut préparer sur la crédence tout ce qui sera requis pour exécuter rapidement la décision imprévisible à l’avance sur le nombre d’hosties et de ciboires à apporter à l’autel. Il pourrait être utile de préparer les recharges d’encens et charbon, les torchères ou flambeaux de la consécration, et toutes les autres choses qu’on a l’habitude d’aller chercher à la sacristie pendant la messe, dans un lieu plus facilement accessible en présence d’une grande foule [17]. En plusieurs églises, une image de l’Enfant-Dieu est dressée sur l’autel pendant toute la durée de la messe, cette image est encensée de trois coups doubles comme le crucifix – en principe, aussitôt après le crucifix -, à l’introït et à l’offertoire.

Et quid de la procession à la crèche ?

En de nombreuses églises, l’Enfant est apporté processionnellement à la crèche par le célébrant [18] avec le clergé et une partie de l’assistance, surtout les enfants. Selon la coutume des lieux, cette procession se fait, soit à minuit avant de commencer la messe, soit après l’homélie ou après le Credo, ou encore à la fin de la messe : en ce cas le célébrant apporte l’image qui a été sur l’autel. Si le célébrant ne peut pas dignement atteindre la mangeoire pour installer l’Enfant, l’honneur d’y grimper [19] revient au plus jeune des enfants de choeur. La crèche est encensée par le célébrant debout, ensuite tous prient [20] devant la crèche en silence ou pendant un chant – le cérémoniaire aura préparé des prie-Dieu à l’usage des ministres sacrés.

En quelques églises où il n’y a pas un grand afflux de fidèles à la Messe de l’aurore, celle-ci est célébrée dans une certaine intimité à l’autel de la crèche.

En revanche, la Messe du jour étant la célébration principale et publique de l’Incarnation de Notre-Seigneur, il convient d’y mettre toute la splendeur possible. En de nombreuses églises, la schola chante Et incarnatus est en polyphonie (tous étant à genoux) ; en certains lieux, Adeste fideles est chanté par toute l’assemblée après la consécration. À la fin de la messe, on peut se rendre processionnellement à la crèche, qui est encensée par le prêtre debout avant le chant de l’Angelus.

Notes
15- Il convient de veiller avec soin à ce que les fidèles qui désirent communier à la messe de la nuit puissent le faire dans des conditions décentes, en dépit de la présence d’une foule qui fréquente rarement l’église.

16- On peut aussi sonner la clochette, ou les clochettes, pour la plus grande joie des enfants de choeur. Jadis on limitait la sonnerie des clochettes au temps de la récitation du Gloria par le prêtre et ses ministres, faisant durer la sonnerie des cloches de l’église jusqu’à la fin du chant par le choeur et les fidèles. Il peut être prudent d’envoyer les enfants agiter leurs sonnettes à une certaine distance et du choeur et du prêtre.

17- Enfin, en certains lieux, il faut prévoir les cas où parfois une infime proportion de l’assistance communie, laissant plusieurs Saints Ciboires à la fin : le cérémoniaire aura prévu les couvercles, pavillons, clés, cierges, voiles et servants nécessaires, ainsi que les prêtres ou diacres pour reporter décemment ces Ciboires au tabernacle s’il n’est pas à proximité (ou à plusieurs tabernacles, s’il le fallait).

18- En réalité, l’image apportée par le célébrant en procession est souvent plus grande que celle qui est ensuite posée dans la crèche.

19- Il peut être utile de répéter la manoeuvre privatim.

20- Il ne faut pas oublier que le but de cette procession à la crèche est la piété, tant du clergé que de l’assistance, et que le meilleur service que le clergé puisse rendre aux jeunes enfants est de les laisser aux bons soins de leurs parents et catéchistes et de leur montrer l’exemple des ministres de l’autel qui prient.

Vêpres de Noël

On reprend Christe, redemptor omnium comme la veille, mais aujourd’hui on y applique la magnifique antienne Hodie Christus natus est,… hodie… hodie… alleluia, car, pour la liturgie, c’est vraiment aujourd’hui que la Nativité s’accomplit. Les textes se trouvent tous au jour de Noël dans le bréviaire ; à la seule exception de la troisième antienne, toutes les mélodies grégoriennes des vêpres de ce jour, selon leur forme dans le bréviaire moderne, se trouvent dans le Paroissien 800 [21].

L’Adoration qui suit habituellement les vêpres est l’occasion de chanter avec enthousiasme quelques uns des cantiques populaires qui adressent nos hommages à l’Enfant-Dieu.

Les Complies sont celles du dimanche [22] ; l’Antienne mariale est Alma redemptoris mater comme déjà pendant l’Avent [23] et jusqu’à la Chandeleur.

Notes
21- Le répons Verbum caro factum est se trouve à tierce de Noël dans le 800.

22- Le bréviaire français propose des antiennes propres pour Noël, qui semblent inconnues de l’édition latine.

23- Là où on les maintient, le verset qui suit devient : Post partum, avec l’oraison : Deus, qui salutis æternæ.

 

À propos du rédacteur Eflamm Caouissin

Marié et père de 5 enfants, Eflamm Caouissin est impliqué dans la vie du diocèse de Vannes au niveau de la Pastorale du breton. Tout en approfondissant son bagage théologique par plusieurs années d’études, il s’est mis au service de l’Eglise en devenant aumônier. Il est le fondateur du site et de l'association Ar Gedour et assure la fonction bénévole de directeur de publication. Il anime aussi le site Kan Iliz (promotion du cantique breton). Après avoir co-écrit dans le roman Havana Café, il a publié en 2022 son premier roman "CANNTAIREACHD".

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Un commentaire

  1. Bonjour ! Merci pour vos excellents articles !
    Quelle est votre source pour la note 16 ? Il me semblait qu’on ne sonnait au Gloria qu’au Jeudi saint et à la Vigile Pascale ?
    Merci d’avance !

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