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Retour sur la fête du voeu à Hennebont

Amzer-lenn / Temps de lecture : 5 min
Photo Ouest-France

A Hennebont, la fête du voeu n’est pas un pardon, c’est une fête, c’est la fête de Marie, la Sainte Vierge et c’était dimanche dernier 24 septembre.

La ville était toute pavoisée aux couleurs mariales, blanc immaculé et bleu roi. De quelques immeubles riverains flottaient les mêmes couleurs accrochées aux balcons.

Les manèges s’étaient tus, à moins qu’ils n’ouvrent que l’après-midi : pensez donc, la procession qui a suivi la messe de 10 h 30 s’apprête à quitter la basilique derrière la croix, les bannières et la belle statue couronnée de Notre Dame du Paradis sur son baldaquin porté sur les épaules de quatre solides gaillards volontaires.

Depuis 1699, voilà plus de 3 siècles que chaque année, quelques soient les avatars du moment, révolutions, guerres et occupations diverses et variées, Notre Dame du Paradis parcourt ainsi les rues de la ville ; le moins qu’on puisse dire est que les hennebontais restent fidèles à leurs promesses, édiles en tête, toutes confessions confondues…

A cette époque, Hennebont, entre Auray et Quimperlé, était un port important où relâchaient nombre de navires venus de toutes les mers du globe avec leurs frets, marchandises et passagers, quelque fois clandestins, comme ces populations de rats porteurs de la peste noire qui se répandait faisant des ravages auprès des populations locales.

Les autorités locales de l’époque s’en sont remises, en dernier ressort, à l’intercession de la Sainte Vierge qui s’est avérée efficace puisque l’épidémie s’est calmée pour s’arrêter d’un coup.

Loin de toute ingratitude, les habitants d’Hennebont et des environs continuent de témoigner leur fidélité au voeu prononcé par leurs lointains ancêtres : fêter notre Dame du Paradis le premier dimanche d’automne, ainsi que l’a illustré, en 1804, Henry-François Mulard (1769-1850) dans un tableau qui n’est malheureusement plus visible dans la basilique, en travaux pour de nombreuses années encore.

Les paroles du traditionnel cantique chanté à cette occasion illustrent le tableau :

1 – « Un jour sur nos murs s’abattit la peste.
Sa terrible main ferma bien des yeux.
Et pour nous donner courage et lumière,
nos pères vers toi levèrent les yeux. »

Ref – « Comme au jour du voeu, vois, ö Bonne Mère,
devant ton image, un peuple à genoux.
C’est le même encore, entends sa prière.
Abaisse vers lui ton regard si doux. »

Et en breton, nous avons chanté pendant la procession :

« o Mamm a garante, pedet eidom, pedet !
Ni zo ho bugalé, ha hui on Mamm karet

C’est d’ailleurs en raison du succès remporté par la fête du Voeu qu’en 1913 le pape Pie X conférera à la chapelle érigée à Notre Dame par le forgeron François Michard à partir de 1514, le titre et les insignes des basiliques mineures : l’ombrellinum, sorte de parapluie de couleur sang et or, et le tintinnabulum, petite clochette au sommet d’une perche que l’on peut toujours y voir, à proximité de l’autel qui y est dédié, en tête du latéral droit, toujours accessible malgré les travaux.

Ainsi, la basilique Notre Dame du Paradis est la 4° basilique du diocèse de Vannes, autrement dit du département du Morbihan, après celle de Sainte Anne d’Auray en 1874, sous le pontificat de Pie IX, de Notre Dame du Roncier à Josselin, en 1891 et de la cathédrale Saint Pierre de Vannes, siège de l’évêque, en 1902, toutes deux érigées en basiliques par le pape Léon XIII. Il faudra attendre 1959 pour que le Pape saint Jean XXIII fasse de l’église Notre Dame de Joie de Pontivy, la 5° basilique du diocèse/département.

Il s’agit évidemment de basiliques mineures, il n’existe que quatre basiliques majeures et elles se trouvent toutes à Rome : saint Pierre du Vatican, Sainte Marie Majeure, Saint Jean de Latran et Saint Paul hors les Murs.

Notre Recteur, se rappelait qu’enfant, il venait, comme beaucoup de lorientais, se recueillir dans l’église Saint Louis devant la statue de Notre dame de Victoire, de sorte qu’il ne s’est guère étonné de voir ses paroissiens d’Hennebont venir, de préférence, prier devant la statue de Notre Dame plutôt que devant la croix du Christ qui trône dans le choeur…

La Sainte Vierge, Intron Varia, mère de Dieu – « Théotokos » l’ont proclamée les Pères Conciliaires à Ephèse en 431 – est une fille comme celles de chez nous. Sa mère n’est-elle pas honorée de tout temps à proximité d’Auray ?

Jésus, le Christ, leurs fils et petit-fils, vrai homme mais en même temps, vrai Dieu, une des « personnes » de la Trinité, image de la divinité, est quand même, sinon moins accessible, du moins plus impressionnant que ses mère et grand-mère.

Et à Hennebont, ce dimanche, c’est sa fête.

Et qui dit « fête » dit présence des enfants, ils étaient nombreux à la messe de 10 h 30. Je pense même que plusieurs d’entre eux y ont trainés leurs parents comme l’après-midi aux manèges le long du Blavet.

Et des manèges il y en a pour tous les goûts et toutes les bourses, voire tous les âges. C’est ainsi que la fête du Voeu est aussi la fête des forains : le diacre en charge de la pastorale des gens du voyage avait toute sa place dans le choeur aux côtés du célébrant.

Ce fut une belle messe et une belle fête malgré la pluie pourtant bien attendue.

À propos du rédacteur Yves Daniel

Avocat honoraire, il propose des billets allant du culturel au théologique. Le style envolé et sincère d'Yves Daniel donne une dynamique à ses écrits, de Saint Yves au Tro Breiz, en passant par des chroniques ponctuelles.

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