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Photo du film "Le mystère du Folgoët" - Archives AR GEDOUR

[BILLET D’HUMEUR] Salaün ar Foll, une légende ?

Amzer-lenn / Temps de lecture : 4 min

Ouest-France a publié hier un article pour faire la promo du pardon du Folgoët. Voici une partie du texte :

Quelle est l’origine du pardon ? Le père Alain Costiou aime raconter la légende du « Fou du Bois ». Cet homme, Salaün, était mendiant au milieu du XIVe siècle. Il répétait sans cesse « Ave Maria ». Pris pour un idiot du village, sa mort est survenue dans une relative indifférence. Jusqu’à ce qu’une fleur de lys un peu spéciale pousse sur tombe.Dessus, il était écrit « Ave Maria » en lettres d’or… « C’est une légende », nuance Alain Costiou. En 1365 débute alors la construction d’un premier édifice, qui deviendra la basilique Notre-Dame.

WTF ? nous demanderons-nous crûment sur ce site dont vous vous demanderez ce que fait ici cet acronyme ? Une exposition au Folgoët, que l’on peut visiter (et nous vous le conseillons) jusqu’à la fin septembre, évoque aussi cette « légende », pour reprendre les termes de l’article du Télégramme que vous pouvez consulter ici. Terme que l’on retrouve régulièrement sur le net, y compris sur le site de la mairie. Est-ce à dire que le sanctuaire du Folgoët est basé sur une légende et que finalement tout ça ce n’est que du vent ? Qu’il n’y a rien eu ? Que ce n’est qu’une belle histoire ?

Permettez-nous ici de rappeler quelques points : lorsque le film des frères Caouissin intitulé « Le mystère du Folgoët » fut tourné, en majorité avec des gens du cru, l’émotion était perceptible nous ont rapporté les témoins de l’époque ! Pourquoi ? Parce que les acteurs savaient l’histoire du lieu. Leurs grand-parents avaient aussi connu la Révolution Française et son « apport » dans la paroisse. Leurs grand-parents avaient raconté les faits à leurs enfants et petits-enfants qui savaient de source sûre ce qui s’était passé ! Il y avait là, dans le jeu, un véritable acte de foi !

Pour en savoir plus sur ce film, rendez-vous sur notre article « Le mystère du Folgoët« .

Ca c’est la première chose !

La seconde…

Salaün ar Foll est considéré, nous l’avons vu, comme simple d’esprit par ses contemporains, mendiant son pain de ferme en ferme en répétant inlassablement « Ave Mariaitroun guerhès Maria (Oh! madame Vierge Marie!) ». Il vit dans une clairière de la forêt près de Lesneven. Il est appelé « Le fou du bois » (Fol ar c’hoad) dans la forêt. Il passe toutes ses journées à mendier, après avoir assisté à la messe du matin. Salaün ar Fol meurt dans l’indifférence en 1358. Peu après, on découvre sur sa tombe un lys sur lequel est écrit en lettres d’or : « Ave Maria ». En ouvrant sa tombe, on constate que le lys prend racine dans sa bouche. Le miracle (que l’on tente de minimiser ou de considérer comme une légende) attire rapidement les foules. On bâtit une chapelle basilique Notre-Dame du Folgoët au lieu désormais appelé Le Folgoët, qui sera érigée en collégiale par le duc Jean V en 1423. En 1505, Anne de Bretagne est venue au Folgoët, dans le cadre de son Tro Breizh.

Comment peut-on croire qu’une simple légende aurait pu attirer les foules des contemporains au point d’attirer l’attention des autorités bretonnes quelques années après ? Et par-delà les centaines d’années ? Au XXIème siècle, on saurait mieux que les gens de l’époque que tout ça n’est qu’une légende ?!? Sans blague ?

Et le pire dans tout ce relativisme, c’est que cela vienne aussi de nos ecclésiastiques ! Et après on s’étonne que tout parte en quenouille ?

Non… il y a derrière le Folgoët un acte de foi ! Derrière l’érection de la basilique comme derrière le film, derrière la fréquentation à travers les siècles comme aujourd’hui, il y a cet acte de foi ! Un acte de foi profonde sans lequel tout cela n’existerait pas ! Un acte de foi non pour une légende mais parce que l’on croit fermement ce que des contemporains de l’époque ont rapporté !

Nous ne pouvons faire l’impasse sur le fait que, alors même qu’on invite les catholiques à porter attention aux plus petits, aux plus faibles, et que le thème du pardon 2017 est la rencontre du frère, on minimise l’exemple de Salaün ar Foll en rapportant sa vie à une simple légende. Finalement, il est mort dans l’indifférence, mais cette indifférence pour lui n’est-elle pas encore, d’une certaine façon, bien présente ?

Nous conclurons en reprenant les termes que quelqu’un a publié sur Facebook :

Le miracle du Folgoët c’est bien plus qu’une légende. Mais croit-on encore que Dieu peut intervenir dans nos vies et même faire des miracles ? Cela, ce n’est pas une légende.

À propos du rédacteur Tudwal Ar Gov

Bretonnant convaincu, Tudwal Ar Gov propose régulièrement des billets culturels (et pas seulement !), certes courts mais sans langue de buis.

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