Saints bretons à découvrir

A Carnac, les plagistes ont rendez-vous avec Jésus

Amzer-lenn / Temps de lecture : 5 min

carnac, vie chrétienne, bretagne, nouvelle évangélisation, jmj, monde des religionsLu dans LE MONDE DES RELIGIONS (27/08/2013)

“Nous sommes en phase avec le pape grâce à cette évangélisation comme indiqué dans son discours ‘Allez ! De toutes les Nations faites des disciplines !’ (Mt 28,19)”, note soeur Lidwine entourée de jeunes catholiques bronzés, fredonnant des airs scouts. Une vingtaine de JMJistes de la région parisienne avaient décidé de dédier une semaine à la nouvelle évangélisation, événement appelé Holy Beach. La plupart proviennent du diocèse de Nanterre et ont dû débourser près de 150 euros pour cette semaine au camping de Carnac. L’objectif est simple : aller à la rencontre des plagistes, flyers à la main pour transmettre la parole de Dieu. En France, 48 % des pratiquants catholiques ont plus de 65 ans, d’où la volonté de susciter un regain de la foi auprès des jeunes.

Avant les premières missions sur la plage, les jeunes catholiques ont bénéficié d’une évangélisation de rue dans la ville de Carnac pour se sensibiliser au public. “Nous avons chanté en ronde, pendant que d’autres rabattaient les passants”, indique l’abbé Hauttecoeur, qui encadre les JMJistes. Pour débuter la mission, l’abbé réunit ses troupes afin de rappeler les règles de conduite : “Il faut aller au plus près des plagistes. S’agenouiller, c’est important. Si le courant passe, installez-vous auprès d’eux, votre témoignage les touchera davantage ”, conseille l’abbé qui a chaussé sandales, lunettes dernier cri et sac à dos pour l’occasion.

« Bonjour, vous êtes catholique ? »

Crème solaire sur les épaules, flyers en main, la mission débute sous la chaleur bretonne. Au-delà de l’aspect communautaire, c’est un choix personnel et engagé. Plutôt que de prendre des vacances, ils “affirment” leur foi, alors que les jeunes sont d’ordinaire peu mobilisés. “Dieu m’a demandé d’aller faire cette mission d’évangélisation, au lieu de partir au Brésil”, confie Capucine, 23 ans. Une tâche parfois complexe. “C’est un job dur, mais on leur montre qu’on est ouvert”, assure la jeune fille.

L’étudiante en communication n’hésite pas à aborder les plagistes pour diffuser le message divin, accompagnée de soeur Lidwine “Bonjour, vous êtes catholique ?”, lance-t-elle à une famille de retraités peu enclins à la discussion. Pourtant, à la vue de la religieuse, ils s’adoucissent. “Oh, vous savez, Dieu n’a pas toujours été bon avec nous !”, s’exclame le couple. Les évangélisatrices s’approchent plus près, proposent une veillée, une messe, mais aussi de prier pour eux.

Plus loin, Charles aborde un autre groupe. Le jeune homme de 19 ans est accompagné par Lucie, étudiante sage-femme. La jeune femme regrette surtout de ne pas pouvoir aller en profondeur.“Les jeunes ne cherchent pas à comprendre. C’est dommage. Si c’était nos potes, on pourrait en parler”. Les jeunes catholiques vont même jusqu’à aborder les touristes étrangers, comme ce couple belgo-brésilien avec lesquels ils engagent une discussion et prient en anglais. Les deux plagistes ne sont pas pratiquants, mais respectent ces jeunes catholiques : “C’est assez surprenant de voir des jeunes tenter de convaincre sur des plages. Au Brésil, beaucoup de mes amis assistent aux JMJ, mais pour moi cet engagement n’est pas important”, note la lusophone.

Les pieds dans l’eau, Coline discute avec Céline, une JMJiste qui arbore un tee-shirt symbolisant la lutte contre le mariage pour tous. Toutes deux, pratiquantes, discutent de la foi. En maillot de bain, Coline, infirmière de 22 ans, tient un stand chrétien : “Je suis surprise de ces jeunes qui ont le courage d’aller de l’avant. C’est une très bonne initiative pour notre religion”, souligne-t-elle.

Briser la glace

Pourtant, certains sont peu amènes au dialogue. “Les vacanciers sont là pour se détendre. Notre objectif, c’est juste de leur offrir une réflexion sur la foi”, assure Capucine. Manon profite justement des derniers rayons de soleil de la journée auprès d’une amie. Charles l’interrroge elle aussi sur sa foi, mais la jeune femme coupe court à la discussion. Cette catholique pratiquante se dit gênée par cette méthode, trop “incitative” selon elle : “ Je trouve cela choquant ! On dirait des secrétaires de la religion ! Je m’attendais à ce que l’on me vende des glaces sur la plage, mais pas qu’on m’incite à aller prier”, souligne cette étudiante de 21 ans. Même chose pour ce quadragénaire qui s’indigne d’être importuné pendant ses vacances, déjà que “tout au long de l’année, [il] se fait harceler pour l’achat de forfaits téléphoniques, ou de stores.”

Pour établir un meilleur contact, certains ont décidé de jouer la carte amicale. Guillaume et Louis, tous deux séminaristes, abordent des groupes de jeunes sans forcément parler d’emblée de religion : “Vous avez passé le bac ?”, demande l’un d’eux. Rires auprès des plagistes. L’une d’elle détaille l’épreuve du bac pro vente qu’elle vient de passer. “C’est important de parler d’autres choses que la religion”, souligne Louis, qui a décidé de quitter son école de commerce pour se consacrer à Dieu et devenir prêtre. Même chose pour son compagnon de mission, Guillaume, qui a fait le choix de partir en Asie en tant que missionnaire, rattaché à la mission étrangère de Paris (MEP).

Mais ce discours religieux fonctionne parfois. Alix, 19 ans, en école de commerce, a rejoint la troupe évangélisatrice pendant ses vacances. Elle en a rencontré les membres la veille, sur la plage. “Je suis heureuse d’être parmis eux. Évangéliser n’est pas chose facile. Néanmoins, c’est intéressant de partager son expérience de la foi”, indique-t-elle, alors qu’elle rejoint ses parents pour déjeuner en dehors du groupe.

Source : Le Monde des religions – Photo Mélanie Nunes (Le Monde des Religions)

À propos du rédacteur Eflamm Caouissin

Marié et père de 5 enfants, Eflamm Caouissin est impliqué dans la vie du diocèse de Vannes au niveau de la Pastorale du breton. Tout en approfondissant son bagage théologique par plusieurs années d’études, il s’est mis au service de l’Eglise en devenant aumônier. Il est le fondateur du site et de l'association Ar Gedour et assure la fonction bénévole de directeur de publication. Il anime aussi le site Kan Iliz (promotion du cantique breton). Après avoir co-écrit dans le roman Havana Café, il a publié en 2022 son premier roman "CANNTAIREACHD".

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