L’Assemblée nationale vient d’enterrer un projet de loi visant à mettre en place un quota pour les chansons en langues régionales (au moins 4 % de chansons en langues régionales devaient être diffusées, dans le quota obligatoire de 40 % de chansons d’expression française sur les radios). Au-delà du mépris affiché depuis longtemps par l’État à l’encontre de la culture bretonne, de sa langue et de ses traditions, nous voudrions attirer l’attention sur le fait que les radios locales bretonnes ne diffusent elles-mêmes que très peu de musiques traditionnelles ou contemporaines bretonnes.
Si les radios locales bretonnes, et notamment celles qui diffusent des programmes en langue bretonne, ne soutiennent pas la musique bretonne, qui le fera ? Des milliers d’artistes, chanteurs, musiciens, danseurs, etc. travaillent chaque jour sans relâche pour maintenir vivantes les traditions musicales bretonnes, les adapter ou les faire évoluer. Méprisés par les médias français, ils ne le sont pas moins, à de rares exceptions près, par les médias locaux bretons.
Toute musique est le reflet d’une culture, mais aussi une manière de « vendre » une certaine vision du monde lié un système socio-économique. On sait que le rock, qui était à l’origine un cri de révolte, a été et continue à être une des armes les plus puissantes des lobbies américains, après sa récupération par les grandes majors. Défendre la langue bretonne ne suffit pas, car on peut dire en breton : « la culture bretonne doit mourir ». La défense de la langue bretonne doit donc être associée à la défense de la culture bretonne. L’Irlande, qui a dépensé des sommes considérables pour maintenir vivant le gaélique n’y est pas parvenue. Une des raisons de fond en est que les habitants de ce pays ont progressivement adoptés le mode de vie, de penser, de consommer anglo-saxon.
Les langues ne peuvent survivre que si elles sont enracinées dans une culture. Inversement, celles qui disparaissent le plus vite sont celles qui deviennent interchangeables. Pour le dire en terme plus savants, maintenir en vie le signifiant ne sert à rien si le signifié perd sa valeur. Autrement dit, à quoi bon parler breton pour dire ce que le français et l’anglais disent déjà et mieux ? En revanche, il existe un monde culturel dont l’accès ne peut se faire que par le breton. La fin de ce monde entraînera la fin de la langue bretonne, comme c’est le cas en Irlande. Ce « monde » est celui des mythologies celtiques pré-chrétiennes, des vies des saints fondateurs, des légendes arthuriennes, des contes populaires, de la poésie, de la littérature et de l’histoire bretonnes, des danses et, bien sûr, de la musique traditionnelle bretonne et de ses adaptations contemporaines.
Pour toutes ces raisons, je propose qu’au moins 50% de musique bretonne traditionnelle et contemporaine soit diffusée dans les médias dits « bretons » (radios et télévisions).
La place de la culture et de la langue Bretonne se réduit de plus en plus, à tel point que moi, Breton bretonnant, je me sens étranger en Bretagne. Quand je parle Breton, je sens un mépris régulier, ou une indifférence de la part de mes interlocuteurs, jusqu’à des proches. Ce mépris s’appelle du racisme, même si cette forme là n’est pas reconnue.
Ya-t-il un moyen de faire renaître la Bretagne par sa langue et sa culture?
Si on demande ces moyens à la France, la réponse est NON : cet article montre bien que la France n’en a que faire des cultures des peuples Bretons, Basques, Occitans….. Depuis des siècles, la France a montré son hostilité envers le Breton. Après les guerres militaires et les génocides (cf écrits de Louis Melennec), les Bretons ont enduré la guerre psychologique et culturelle. Ils ont été décervelés au point que eux-même en sont venus à se suicider sur le plan de la langue et de la culture. Aujourd’hui, très peu de Bretons le sont réellement car sans langue, pas de pays. Par ailleurs, l’ensemble des hommes et femmes politiques se présentant en 2017 sont hostiles à la langue Bretonne, tout comme ils le sont à l’encontre du Basque, de l’Occitan ou du Corse….
Si on demande ces moyens aux instances « démocratiques », c’est à dire au peuple, la réponse est également NON: les Bretons ayant tellement subi ce lavage de cerveau de la part des instances gouvernementales et propagandistes de France, on ne peu plus parler de démocratie car le peuple ne peut avoir un choix libre et donc démocratique que lorsqu’il sait, lorsqu’il connait. Comment un peuple peut-il avoir un choix éclairé sur une culture et une langue qu’il ne connait plus? La démocratie telle que pratiquée en France est par ailleurs la dictature de la majorité sur la minorité. Or, le Breton est devenu minoritaire en Bretagne.
Le seul moyen de faire renaître la culture et la langue bretonnes, et donc la Bretagne, est que la Bretagne se libère du carcan de la France jacobine, et que la langue Bretonne, l’histoire de Bretagne…deviennent obligatoires, tout comme aujourd’hui l’histoire de France, le Français ou l’Anglais sont obligatoires….
Si la France ne veut pas d’une France fédérale dans une Europe fédérale, seul moyen possible pour faire renaître la Bretagne AVEC la France, alors le seul autre moyen restant est l’indépendance vis à vis de la France. Et, tout comme les Bretons ont dû apprendre le Français, tous les habitants de Bretagne devront alors, progressivement, apprendre le Breton. . Dans le cas contraire, le Breton, la culture Bretonne, bref la Bretagne, sera morte dans très peu de temps, dans l’indifférence générale!
Je rappelle par ailleurs que le Français a été imposé de manière DICTATORIALE en Bretagne, au mépris des droits de l’homme les plus élémentaires.
On me répond, lorsque je dis cela, que le Breton ne sert à rien.
A ces personnes, je réponds: QUI ETES VOUS POUR PRETENDRE QU’UNE LANGUE,QU’UNE CULTURE ET DONC UN PEUPLE, ET DONC DES PERSONNES,NE SERVENT A RIEN?
Lorsque l’on prétend qu’une langue est inutile, on n’est pas loin de penser qu’un peuple est inutile. On peut facilement avec ce mode de pensée passer du génocide culturel au génocide physique! C’est du racisme pur et simple! Est que nous, bretonnants, disons que le Français est inutile? Non: pourtant, on pourrait considérer qu’au regard de la mondialisation, le Français n’est pas utile et qu’il vaudrait mieux apprendre l’Anglais, le Chinois ou l’Arabe….Mais nous, Bretonnants, bilingues ou multilingues, savons par expérience que toute langue est belle et a son utilité car porteuse chacune d’une vision du monde.
Je réponds encore: les Juifs se sont-ils posés la question de l’utilité de la langue hébraique lors de la création de l’etat d’Israel? L’Hébreu à l’époque était en plus mauvaise posture que le Breton aujourd’hui. Mais, de manière logique, ils ont considéré qu’il ne pouvait y avoir d’Israel sans la langue Hébraique. Elle a été enseignée et est obligatoire! Aujourd’hui, tout le monde trouve normal que l’Hébreu soit parlé et écrit en Israel. Et cette langue cohabite très bien avec d’autres, tel que l’Anglais, le Yidish…
Voilà le choix qui se pose à nous, Bretons: les bretonnants d’aujourd’hui sont-ils les derniers représentants d’un peuple en voie de disparition ou choisissons nous une autre voie, permettant aux Bretons de parler tout aussi bien le Breton que le Français, l’Anglais et d’autres langues encore?
Je sais que ce commentaire en heurtera plus d’un, mais c’est pourtant et malheureusement la vérité. Que ceux qui sont heurtés se posent la question: si la langue et la culture Françaises devenait minoritaires en France. Que vous voyez cette langue s’éteindre dans le mépris et l’indifférence générale. Quelle réaction auriez-vous? Seriez-vous indifférents? Joyeux, au point d’accompagner cette mort au son d’un accordéon comme certains « Bretons » accompagnent la mort de la Bretagne au son du biniou lorsque certains fossoyeurs de la Bretagne viennent ici? Trahiriez-vous votre langue et culture, vos origines? Seriez-vous peinés? Révoltés? Résignés? Toutes ces réactions se retrouvent chez les derniers bretonnants…..
Si l’on étudie les systèmes d’équilibres naturels, l’histoire des peuples….alors on voit que l’extinction d’une proie est le prélude à l’extinction du prédateur lorsqu’il a épuisé ses ressources. A contrario, le système le plus durable est celui de la symbiose, ou chacun apporte à l’autre, sans lui enlever quoi que ce soit.
Si la France continue dans cette voie, l’extinction des peuples de l’hexagone sera le prélude à l’extinction de la France elle-même dans quelques décennies. Si la France choisi de restaurer les dégâts qu’elle a occasionné pour aller vers un système politique symbiotique (ex: France fédérale dans une Europe Fédérale), alors elle pourra connaître un bel avenir!