Il faut en premier lieu distinguer trois choses : les religions, la question de Dieu et les spiritualités.
Ces notions peuvent être associées ou non. Par exemple, on peut affirmer ne pas croire en Dieu et pourtant avoir une spiritualité. On peut se dire croyant et ne pas avoir de religion. On peut être religieux et totalement dénué de spiritualité. On peut aussi croire en Dieu, avoir une religion et une spiritualité. Tous ces cas de figures, et bien d’autres encore, existent.
Une autre distinction est importante, celle entre religion et foi. Depuis que l’homme est homme, c’est-à-dire depuis qu’il enterre ses morts, la quasi totalité des sociétés humaines ont été structurées autour, par ou avec des religions, souvent liées à l’origine à des sacrifices d’abord réels puis symboliques.
La religion revêt donc un caractère politique fondamental.
La religion n’étant pas nécessairement liée à Dieu ou à la spiritualité, on peut observer des phénomènes religieux dans l’Histoire se réclamant ouvertement de l’athéisme, comme le culte de la personnalité en URSS, par exemple. On peut donc tout à fait critiquer, voire condamner telle ou telle religion, sans que la question de Dieu ou de la spiritualité soit impliquées.
Concernant la question philosophique relative à l’existence de Dieu, nous nous situons sur un autre plan. Si on veut être strictement rationnel, la seule attitude possible relativement à l’existence de Dieu est le scepticisme ou l’agnosticisme car on ne peut ni prouver ni infirmer l’existence de Dieu, selon les procédures des sciences expérimentales. Un certain usage de la raison peut toutefois permettre un raisonnement de type analogique, mais en aucun cas fournir une preuve de l’existence de Dieu au sens scientifique du terme. Mais cela implique conjointement qu’aucune preuve de l’inexistence de Dieu n’est possible. L’athéisme est donc, stricto sensu, une posture métaphysique, puisqu’il émet une proposition indémontrable, tout comme le fait le dogmatisme religieux. Mais s’il est impossible de prouver ou de réfuter l’existence de Dieu, il est en revanche possible d’énoncer des propositions relatives à l’éthique, à l’esthétique ou la foi. La foi est une expérience personnelle qui peut être partagée ou non. Vouloir imposer une religion ou au contraire l’éliminer est donc un acte aussi immoral qu’insensé.
Ces considérations devraient normalement nous permettre d’envisager une authentique laïcité dans laquelle pourrait cohabiter pacifiquement les diverses croyances ou absence de croyance. Mais elles impliquent par la même occasion que devraient être condamnées toutes les attitudes intolérantes vis-à-vis des personnes croyantes ou non-croyantes.
On aura connu des tribunes plus catholiques, sur un site qui se revendique de l’évangélisation je comprends mal la nécessité de concourir à la publication de textes comme celui-ci…
Surtout si pour légitimer la laïcité dont on sait que :
« Qu’il faille séparer l’Etat de l’Eglise, c’est une thèse absolument fausse, une très pernicieuse erreur. Basée, en effet, sur ce principe que l’Etat ne doit reconnaître aucun culte religieux, elle est tout d’abord très gravement injurieuse pour Dieu, car le créateur de l’homme est aussi le fondateur des sociétés humaines et il les conserve dans l’existence comme il nous soutient.
Nous la réprouvons et condamnons comme violant le droit naturel, le droit des gens et la fidélité due aux traités, comme contraire à la constitution divine de l’Eglise, à ses droits essentiels, à sa liberté […] »
[Note d’Ar Gedour, à l’intention de nos lecteurs qui ne connaîtraient pas : il s’agit d’un extrait de « Vehementer Nos », l’encyclique du Pape Saint Pie X sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat à l’attention du clergé et du peuple français ]
Et à l’inverse, on lit ici :
« une authentique laïcité dans laquelle pourrait cohabiter pacifiquement les diverses croyances ou absence de croyance. Mais elles impliquent par la même occasion que devraient être condamnées toutes les attitudes intolérantes vis-à-vis des personnes croyantes ou non-croyantes. »
Croire à la cohabitation « pacifique » de la Vérité et du Mal est insensé, et Notre-Seigneur nous dit bien que le combat est permanent, et à peine l’a t-il vu que Siméon annonce que Notre-Seigneur sera signe de division, et voilà que notre auteur imagine le Dieu de l’univers et le Roi tout puissant cohabiter « pacifiquement » avec l’erreur… Toute paix en dehors de Jésus-Christ est une chimère, lui-même le dit dans la Bible, la paix est en lui, elle est par lui, et la « Paix de Dieu surpasse toutes les intelligences ».
Et en même temps :
« Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée. »
&
« Croyez vous que je sois venu apporter la paix sur cette terre ? Non, je suis venu apporter la division »
Et pourquoi la division quand on a dit que la Paix se faisait par Dieu, en Dieu, de Dieu ? Justement car le monde refuse Notre-Seigneur, et Il savait qu’il le refuserait, alors quand vous nous parlez de la laïcité, régime qui prend l’ignorance de Dieu pour base, suprême ignorance, ne nous parlez pas en même temps de paix.
Car si nous restons sur l’exemple de la laïcité, je n’y vois aucune paix, j’y vois plutôt, comme saint Pie X
une « injure » contre Dieu, un combat contre Lui…
Et quelle raison pourrait justifier la cohabitation de la vérité et de l’erreur ? Quel sens y a t-il à pareil cohabitation ? Je ne veux pas d’un ignorant comme chef, je veux des catholiques.
Si l’auteur veut publier des textes indifférentistes et contraire à la doctrine de l’Eglise il trouvera sûrement bien des sites, alors autant ne pas polluer les quelques sites vraiment catholiques restant…
PS:
On ne reviendra pas sur les autres passages choquant, du genre de :
« La foi est une expérience personnelle »
« Vouloir éliminer une religion est donc un acte aussi immoral qu’insensé. »
Si cette « tribune libre » a été publiée sur Ar Gedour, c’est bien pour générer un débat sur cette question très actuelle, par des commentaires argumentés. Certains lecteurs d’Ar Gedour sont interpellés – positivement ou inversement – par des publications sur les funérailles, d’autres sur la messe Ad Orientem, d’autres sur nos propos historiques, d’autres sur les approches hagiographiques, d’autres encore sur la toponymie. On nous demande même parfois de retirer certains articles, parce que les propos ne plairaient pas à untel ou à tel autre.
Si vous êtes lecteur fidèle de notre site, vous devriez non pas vous dire « je vois mal l’utilité d’un tel article » mais « pourquoi ont-ils publié un tel article ? ». Nous ne publions jamais d’articles sans raison.
J’ajouterai que Ar Gedour est un site catholique et qui se revendique comme tel, et s’affirme clairement comme site d’évangélisation. Mais nous ne sommes pas de ces sites catholiques qui s’adresseraient uniquement aux catholiques. Car, vous l’aurez compris, les lecteurs d’Ar Gedour, ne sont pas que catholiques … et cela est heureux car sinon, même s’il convient de sans cesse se réévangéliser, comment voudriez-vous que nous évangélisions ceux qui ne connaissent pas l’Evangile ? Et ces lecteurs se posent parfois des questions comme celles qui sont posées dans ce texte.
Vous êtes gêné par cette tribune et c’est votre droit. Mais Ar Gedour a aussi vocation a être un forum (dans le sens antique du terme) au sein duquel les échanges peuvent avoir lieu, permettant non pas d’être dans un certain relativisme mais de confronter les idées et d’avancer. Certains apologistes des premiers siècles aimaient cela, témoignant parfois de leurs talents de rhéteurs devant une assemblée attentive.
A vous d’argumenter – comme certains de nos lecteurs le font sur d’autres sujets – et l’auteur vous répondra très certainement.