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[TRIBUNE LIBRE] DES RACINES OU DES SOURCES ?

Amzer-lenn / Temps de lecture : 2 min

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Un intellectuel français a récemment expliqué qu’il préférait parler de « sources » plutôt que de « racines », pour définir les « racines chrétiennes » de l’Europe.

Les racines renvoient à la solidité et même à la rugosité des arbres, à leur caractère précisément indéracinable. Les racines sont définies, identifiables, objectives. Elles renvoient à une identité claire et nette, formelle et définitive.

 C’est ce que veut affirmer un mouvement culturel quand il définit des « racines » au fondement de son élan vital. Les « racines » de l’Emsav sont invoquées pour appuyer l’identité celtique et bretonne. Mais est-on si sûrs du résultat? Cet enracinement est rapidement perçu comme un enfermement identitaire, comme un rétrécissement tribal, automatiquement catalogué comme ethniciste, c’est-à-dire inévitablement primitif.

Ne vaudrait-il pas mieux invoquer à l’inverse les sources de l’identité britto-celtique, tout comme les sources vives du Judéo-christianisme au fondement de l’identité européenne? Les sources sont mobiles, furtives et imprenables: en un  au livre fondateurde les accaparer.

Les sources sont plurielles et donc ouvertes à plusieurs courants, sans qu’on puisse les circonscrire de manière irréfutable. Les sources participent à un élan culturel, elles sont les vecteurs profus d’une identité mouvante et généreuse.

Que ce soit pour l’identité judéo-chrétienne de l’Europe ou pour l’identité britto-celtique de la movida bretonne qui ne demande qu’à inonder et abreuver culturellement ses territoires, il convient de parler plutôt en effet des sources et non plus de prétendues racines.

Ces sources européennes et britto-celtiques renvoient d’une part au livre fondateur de l’orthodoxe Olivier CLEMENT – ce converti d’heureuse mémoire – justement intitulé « SOURCES » (aux éditions DDB, 33,50€), et d’autre part à l’élection bretonne de son nom d’artiste par le harpeur Alan Cochevelou, étymologiquement Alan Kozh-Stivelloù, alias Alan STIVELL qui veut justement dire « source » en breton, ce militant inaugural de la liquidité imprenable des sources qu’il convoque et coalise naturellement dans sa dernière livraison musicale, avec la tradition japonaise (AMZER -seasons / 917310, 2015).

 Les sources sont décidément les témoins d’une indéfinissable altérité. Place donc dorénavant aux sources !

Christian J. Giraudon

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Un commentaire

  1. Racines où sources, j’aime bien les deux sans exclusive. Les racines recèlent un élément liquide, une sève qui alimente la plante. La source est une belle image désaltérante et vivifiante mais elle manque un peu de solidité, de matérialité. Quelque soit l’appellation , connaître l’histoire et la culture de ses ancêtres est vital et ce n’est pas la France , son éducation nationale, ses universités et ses médias qui rempliront cette tâche. Kenavo deoc’h.

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