Un prêtre vous répond : “pourquoi ne peut-on pas baptiser notre enfant dans la chapelle de notre village ?”

Amzer-lenn / Temps de lecture : 6 min

Une nouvelle rubrique voit le jour sur AR GEDOUR sous le titre « Un prêtre vous répond / Respont a ra ur beleg deoc’h » : il suffira à nos lecteurs de nous poser une question, et Tad Kristof, prêtre ayant nouvellement intégré l’équipe de rédacteurs, y répondra. Parfois, d’autres prêtres seront sollicités pour répondre à vos questions. Seul votre prénom (ou pseudonyme) apparaîtra sur la réponse, de manière à garder votre anonymat.

“Nous sommes en train de nous pencher sur le baptême de notre deuxième enfant , et nous avions en tête de le baptiser dans la chapelle de notre village afin que la chapelle retrouve son rôle premier de lieu de culte. Sachant que nous avions déjà notre “prêtre de famille” pour célébrer le baptême. Nous avons donc appelé la paroisse locale pour savoir comment faire (surtout pour les registres).

Réponse de la paroisse dont dépend notre chapelle : Il n’y a aucun sacrement célébré dans les chapelles (baptême, mariage…), disant que c’est une règle du diocèse (sauf dérogation au moment des pardons). Ceci pour des raisons bien évidemment pratiques (manque de prêtres, de bancs dans les chapelles, des registres…), mais aussi pour des raisons ecclésiales afin de célébrer les sacrements dans l’église paroissiale en unité.
Que penser de cela ?
Encore une question qui ne peut être traitée sans prudence et pondération car très vite chaque prise de position pourrait être reçue dans la polémique. Je ne peux donc qu’essayer de mettre les enjeux en perspective afin d’éclairer le discernement et sinon donner la possibilité d’être d’accord, du moins comprendre le bien fondé d’une décision qu’on pourra toujours contester ou regretter.

A l’heure des regroupements de clochers, pour composer des ensembles paroissiaux, on comprend que les prêtres ne puissent pas se disperser à l’envie.

Une paroisse vit des sacrements qui sont célébrés en communauté. La venue d’un nouveau chrétien, en particulier, ne peut être vécu “dans ‘l’intimité”, pas plus d’ailleurs que des obsèques, bien que pendant très longtemps, les baptêmes d’enfants étaient célébrés très vite après la naissance en présence restreinte : le père, les parrains et marraines, souvent une grand mère et il n’était pas rare que la maman soit absente car encore alitée. Mais les conditions de l’époque, surtout sanitaire, justifiées cet empressement. Désormais les baptêmes se font dans les trois premières années, ils sont donc autrement organisés et administrés.

Il y a deux éléments dont le curé doit tenir compte  :
1/ Comment la pastorale qu’il met en œuvre se nourrit et grandit des sacrements qui sont célébrés dans sa paroisse ?
2/ la paroisse qu’il gouverne est-elle un ensemble uniforme et centralisé ou bien un territoire hétéroclite qu’il doit harmoniser ?
Vous admettrez que ces questions sont difficiles à concevoir et, par conséquent, qu’il est difficile de mettre en œuvre une pastorale imprécise et fluctuante. Il ne faut donc pas s’étonner de réponses maladroites et indirectement insatisfaisantes souvent reçues comme déplaisantes. Ce qui souvent fait blocage, c’est que les paroissiens sont rarement au fait de l’approche du recteur. Sans un effort de compréhension, il ne se trouvera pas de résolution.
Permettez moi de proposer quelques pistes de compréhensions et d’argumentations  :
– Le curé ne peut courir les routes pour satisfaire les demandes diverses. En effet, mais il peut cependant profiter de ses déplacements programmés. Dans ce cas la souplesse dont il peut faire preuve ne souffrira pas le désordre.
– Le baptême se célèbre sur les fonds baptismaux de la paroisse à la lumière du Cierge Pascal. Cet argument suppose-t-il une centralisation qui pourrait être vécue de manière autoritaire. Qu’en est-il des anciens fonds baptismaux ? les anciennes églises paroissiales sont-elles devenues des chapelles ? Quel est alors le statut des communautés relais ?
– Les demandeurs sont-ils pratiquants ? en effet, s’ils ne viennent quasiment jamais à la messe la célébration d’un sacrement sans lien avec la nouvelle réalité territoriale pourrait avoir pour effet d’encore moins les intégrer dans la nouvelle réalité territoriale. Le choix du clocher ne peut en effet reposer sur une lubie esthétique ou affective. En  revanche, ces préventions sont superflues quand les demandeurs ont donné les signes de compréhension des enjeux de la réorganisation territoriale sans s’y opposer par principe. Au contraire, alors, le fait de pouvoir célébrer au plus prés, en une date ad hoc, montrerait que la raréfaction des sacrements sous les anciens clochers n’est que l’effet regrettable des circonstances et non pas la décision autoritaire du curé.
– Sûrement le recteur doit-il faire une “tournée”. Ne pas célébrer de messe (moins de deux par an) dans les édifices religieux dont il a l’affectation conduirait les communes à confisquer les murs et à ôter l’affectation au culte catholique. En s’adaptant au programme des offices, il y a sûrement possibilité de proposer au recteur d’avoir le plaisir de vous faire plaisir. Surtout si c’est à une date de pardon ou de fête patronale où tout ou partie de la paroisse se rendra.

Je suis persuadé qu’il y a possibilité de trouver un terrain d’entente. Le plus sûr moyen de le trouver est de tenir compte des points d’attention et de prudence que le curé a en tête.

Peut-être trouverez-vous ma réponse trop prudente mais je n’occupe pas de fonction  curiale et il ne serait pas juste de ma part de ne pas envisager toutes les bonnes raisons, aussi regrettables soient-elles aux yeux de paroissiens qui raisonnent parfois en “consommateurs”.

Il va de soit que ces questions sont l’effet de la raréfaction des prêtres. Je ne peux donc finir ce propos sans vous inviter à prier avec ardeur et insistance pour les vocations sacerdotales.

JE POSE MA QUESTION A TAD KRISTOF : 

(vous n’êtes pas obligé de mettre votre nom : un prénom ou un pseudonyme peuvent suffire)

    Votre nom / Hoc'h anv (obligatoire / endalc'hus)

    Votre email / Ho postel (obligatoire / endalc'hus)

    Sujet / Danvez

    Votre message / Ho kemennad

    ATTENTION : les messages que vous envoyez à cette adresse sont consultés par le directeur de publication d’Ar Gedour et / ou le webmaster, avant d’être envoyés à Tad Kristof. Si vous souhaitez évoquer des questions plus personnelles avec un prêtre nous vous invitons à entrer en contact avec le recteur de votre paroisse.

    À propos du rédacteur Tad Kristof

    Tad Kristof a été ordonné prêtre en juin 2000. Il a exercé notamment en Afrique où il a créé "Tud a Vreizh" à Libreville. Passionné par la Bretagne, il contribuera à la dimension spirituelle d'Ar Gedour en répondant aux questions qui lui seront posées.

    Articles du même auteur

    Pensées sur les dernières heures du Christ.

    Amzer-lenn / Temps de lecture : 3 minLe voyant souffrir sous le poids de la …

    Qu’est-ce que le corps ?

    Amzer-lenn / Temps de lecture : 1 min “Qu’est-ce que l’homme pour toi, Seigneur, le …

    2 Commentaires

    1. Dans certaines églises il serait bon de remettre en valeur les fonts baptismaux. La chapelle baptismale en certains lieux est devenue un débarras, et la cuve baptismale est enfouie sous un bric à brac de vieilles statues, chaises bancales et chef-d’oeuvre des enfants du catéchisme, tandis que les baptêmes sont célébrés dans le choeur, où l’on place un récipient quelconque.

      • Dans le genre des récipients quelconque, il y a le grand classique de la bassine à confiture en cuivre.
        On voit aussi dans certaines paroisses que les fonts baptismaux originels ont été déplacés près du choeur, ou dans le transept, ce qui est un non-sens sur le plan de la symbolique de la liturgie baptismale (des premiers siècles de l’Eglise jusqu’au Moyen Age, les baptistères étaient des bâtiments distincts des églises pour signifier toute la progression de l’initiation chrétienne. C’est pourquoi les baptistères sont toujours au fond des églises.
        On peut même voir dans deux cathédrales (Vannes et saint Malo) le baptistère dans l’ancien choeur des chanoines (juste derrière le maître-autel), ce qui est encore plus absurde.
        Que dire de cette manie de célébrer les baptême au cours de la messe ? Outre le fait que celà fait des messes à rallonge où règne l’ennui et la fausse convivialité (du style “faire Eglise, vivre-avec” Les familles de baptisés se passent aisément d’être à la vue de tout le monde (sans même parler des stupides applaudissements qui n’ont rien à faire dans
        la liturgie) Traditionnellement, les baptêmes ne sont célébrés au cours de la messe que lors des vigiles de Pâques, de Pentecôte, voire de Noël.

    Laisser un commentaire

    Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *