Il est dans l’esprit du temps de vouloir ré-habiter les églises et les chapelles afin de ne plus les laisser closes. Il existe diverses tentatives. Les unes aux prétentions plus culturelles entre visites savantes, expositions et spectacles ; les autres plus spécifiquement religieuses, chrétiennes, entre groupes de prières et dévotions plus personnelles voir intimes (chapelet, rosaire, chemin de croix, etc…).
Dans le cadre de la mission estivale Relikaer Breizh en la Chapelle St Gildas de Carnoët, proche de la Vallée des Saints, nous avons pu mesurer combien les visiteurs, plus souvent touristes que croyants, étaient sensibles à l’odeur de l’encens. Cette perception les faisant déduire que la chapelle « servait », « était vivante », bref qu’on y priait.
Poussant l’audace de croire que ce signe liturgique prédispose le visiteur, à s’ouvrir au Seigneur, considérant que ce rite est utilisé en diverses circonstances l’eucharistie, l’ostension du St Sacrement mais aussi les vêpres solennelles et constatant, dans nos chapelles bretonnes, la densité des images pieuses de Dieu et de ses saints (statues et bannières en particulier), nous suggérons leur encensement à la manière d’un rite qui pourrait être à la fois communautaire et personnel :
– Communautaire car sa portée olfactive touchera tous ceux qui entreront dans la maison du Seigneur où sera révélée la prière de ceux qui y entrent et se tournent vers Dieu.
– Personnel, car il suffit d’une seule personne exercée et autorisée pour le faire.
Sans bruit, avec solennité et discrétion pourtant, nous pensons que cette suggestion peut constituer une prière « ressentie » par chacun, passant comme priant, constituant un lien invisible, révélateur des prières diverses et disparates qui montant à la manière de la volute de l’encens, s’envolent vers Les Cieux.
Puisse cette suggestion participer à ce discret renouveau des priants qui s’augure en notre temps.
Quand les charbons sont chauffés et qu’une volute de fumée d’encens témoigne que tout est prêt :
S’il y en a, une clochette ponctuera d’un rythme posé tous les gestes et mouvements comme pour cadencer le rite.
Quand tout est prêt pour encenser, si possible en même temps, chacun fait un signe de croix ample et lent sur soi. Si un clerc est présent il salue l’assemblée qui se signera à son tour comme pour toute célébration.
Puis on chantera ou psalmodiera une hymne ou un cantique afin d’introduire avec solennité l’instant.
Pendant ce temps, celui qui en est chargé met à nouveau de l’encens dans l’encensoir. S’il s’agit d’un clerc, il le bénit sinon l’acteur se signe.
Alors on effectue l’encensement prévu.
Un autre chant peut être pris (une litanie des saints par exemple) pendant lequel l’encensement se déploie. S’il se fait autour d’un saint particulier, il sera encensé en dernier.
L’ordre convenu est le suivant : Dieu le premier, la Vierge Marie puis les autres saints.
Quand est encensé ce qui a été convenu, on laisse fumer l’encens jusqu’à la fin de l’hymne ou du cantique puis on dit un Notre Père. Il peut-être suivi d’un « Je vous salue » et/ou de la prière particulière d’un saint choisi.
Puis on se signe comme on l’a fait au début. Si un clerc est présent il bénit l’assemblée qui se signera à son tour.
NB :
- L’encensement se fait ainsi : après inclination du corps, trois encensements par trois fois (centre, droite puis gauche) sur les représentations du Père, du Christ (Tabernacle compris), du Saint-Esprit ou de la trinité ;
Trois encensements par deux fois sur les saints (reliquaires, bannières, statues et images, …) et sacramentaux ;
et trois encensements par une fois sur le peuple (sauf le prêtre auprès de l’autel qui célébrera l’eucharistie « in Christi capici {En place du Christ tête}lui et les concélébrants sont alors encensé par deux fois).
- Choix des prières, si le curé n’est pas disponible pour approuver le choix, on privilégiera les prières approuvées par l’Eglise en particulier par un nihil obstat.
Précision prudentielle :
Considérant que l’usage de l’encens est commun a de nombreuses traditions religieuses et spécialement païenne ; mais n’oubliant pas qu’il fut très utilisé par nos aînés dans la foi en l’unique Seigneur, n’y avait-il pas un autel de l’encens au temple de Jérusalem ?
Il conviendra de veiller à ce que l’usage de l’encens dans le sanctuaire chrétien ne soit pas confondu avec des pratiques païennes et superstitieuses. Ainsi on veillera à ce que l’encens soit brulé dans un encensoir liturgique chrétien et que s’il est laissé jusqu’à ce que encens et charbon soient consumés, ce ne soit fait qu’après le rite proposé.