Vénérable Frère Jean de Saint Samson

Amzer-lenn / Temps de lecture : 5 min

Vénérable Frère Jean de Saint Samson, saint breton, hagiographie, bretagne

Nous vous proposons aujoud’hui d’en savoir plus sur un personnage méconnu, Carme, réformateur et écrivain aveugle, originaire de France, mais qui a vécu en Bretagne sa vie monastique. 

Biographie :

Jean naquit à Sens le 29 Décembre 1571, baptisé le lendemain. Ses parents s’appelaient Pierre du Moulin, contrôleur des tailles et Marie d’Aiz – Milieu aisé.

 

A la naissance ou deux ans plus tard, il perdit la vue suite à une maladie mal soignée. A l’âge de 10 ans, il perdit ses parents. Son oncle maternel Zacharie d’Aiz devint son tuteur. Cécité oblige, il apprend la musique, il jouait 14 instruments dont l’orgue. Il aimait se faire lire des textes religieux ou des poèmes de Ronsard.

A Paris, soit logé chez son frère trésorier de la gendarmerie, soit menant une vie de mendiant, il fréquente l’église des Carmes de la Place Maubert. Il en devint l’organiste. En 1603, il rencontra le Père Mathieu Pinault qui allait changer sa vie. Il laissa aux pauvres la succession de son frère décédé.

 

En 1606, agé de 35 ans Jean du Moulin entra en religion au noviciat de la Grande Carme de Dol de Bretagne, sous le nom du premier évêque de cette ville, Saint Samson.

 

La peste se déclara peu après l’arrivée de Jean. Après plusieurs décès monastiques, la communauté s’éclipsa. Jean resta seul avec un autre novice du nom d’Olivier pour secourir les pestiférés. Ils soignèrent les malades et accompagnèrent les mourants. Eux-même contaminés, ils durent partir rejoindre la maladrerie de Champs Saint-James. Malgré sa cécité il se montra charitable. Là il s’aperçut que Dieu lui donna le don de guérison. Il prononça une oraison sur Olivier qui guérit. La peste passée la vie reprit à Dol. La rumeur des dons thaumaturgiques de Jean se répandit dans la région, des malades du paludisme arrivèrent de tous les horizons jusqu’au monastère. Après l’office Jean prononçait son oraison individuellement.

 

Inquiet l’Évêque Antoine de Revol vint constater de visu, ce qu’il appelait de la superstition, accompagné d’un médecin. Après l’avis médical, il ordonna au vénérable de continuer l’oeuvre de Dieu. Le paludisme l’atteint à son tour et le torturera le reste de son passage terrestre. Afin de l’éprouver de nouveau, ses supérieurs lui ordonnèrent de dicter à un autre moine sa conception de s’impliquer en Dieu et dans sa vie religieuse . Là commença pour lui sa vie d’écrivain mystique, son traité « de la Souveraine consommation d’Amour ». Plus de 4000 pages de ses oeuvres suivront. On l’autorisa à élever ses frères dans leur vie spirituelle et à dicter ses nouveaux concepts. L’Epithalame, traité de préparation à la mort, Directions pour la vie intérieure, Observations sur les règles des carmes….

 

En 1612, ses hautes vertus propagées l’appela au Couvent de Rennes où il restera jusqu’à sa mort, sauf pour plusieurs missions réformatrices dans son ancien couvent de Dol . Il mourut à Rennes le 14 Septembre 1636. Son tombeau est à la Cathédrale de Dol et son crane aux carmes de Rennes.

 

Son oeuvre :

Outre les guérisons qu’il fit de son vivant et post mortem, il aurait accompli quatre miracles. Il reste l’inventeur de la littérature mystique (plus de 100 traités),un pédagogue pour ses frères, les novices qu’il instruisit et ceux d’aujourd’hui. Deux de ses disciples deviendront célèbre, Dominique de St Albert et Léon de St Jean. – Conseiller de Marie de Médicis et ami de St François de Sales. – Il participa activement à la réforme de l’Observance de Rennes.

 

La réforme de Rennes (ou de Touraine)

Ste Thérèse d’Avila commença une réforme du Carmel espagnol à la suite du relâchement des moines et moniales depuis les assouplissements des règles par Eugène IV en 1432 – Donc retour à la messe hebdomadaire, flagellations, silice, pauvreté, mortifications…Saint Jean de la Croix, inspirateur de Jean de Saint Samson, la suivit dans son projet. Au couvent de Dol de Bretagne, le désordre régnait malgré les remontrances de l’évêque. Chacun y menait une vie libertine. En juin 1617, un religieux épris de vin, tua un homme dans le couvent. Les juges séculiers condamnèrent l’assassin à mort. Les pères Behourt et Thibault arrivèrent à Dol mandatés par le Provincial de l’ordre. La veuve du malheureux ameuta la population qui s’en prit aux arrivants. Les autorités civiles et l’évêque négocièrent le condamné contre une stricte réforme du couvent, les gens ne supportaient plus les moines. Philippe Thibault, prieur de Rennes, aidé du frère Jean de Saint Samson, après beaucoup d’effort et longues années, remirent tout en ordre.

 

Les sources :

Frère Albert le Grand (l’historien de Morlaix), grand mystique , lui même, raconte la vie d’un autre grand mystique, d’après l’abbé Julien Nicole ( 1636). Le révérend Donatien de St Nicolas a laissé un récit d’un séjour de Jean, écrit en 1651 et plus ou moins retouché (?). Début du 20° siècle, Henri Brémond, jésuite dissident devenu académicien et mondain, y amena un autre récit sans citer sérieusement ses sources. Un grand carme écrit une biographie, une brillante carmélite déchaussée raconte… Au milieu de toute cette religiosité mystique et parfois obscure, comment sortir un texte qui intéressera le chrétien moderne et l’homme de la rue, sur ce personnage exceptionnel que fut le Vénérable Frère Jean de Saint Samson ?

 

Recherches : Hacherez GF

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À propos du rédacteur GF Hacherez

Hagiographe reconnu, il met à la disposition d'Ar Gedour ses nombreux travaux sur les vies de saints, méconnues du grand public

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