15 avril : nous fêtons Saint Patern, évêque de Vannes et l’un des 7 saints fondateurs. Nous remettons en avant un article d’Alan J. Raude publié en 2014 et qui précise certains aspects méconnus.
De source sûre, nous savons qu’un évêque Paternus siégeait à Vannes dans les années 460, sous le règne de Riotam, puisqu’il participe à plusieurs synodes locaux. Mais la destruction radicale des archives bretonnes sous l’occupation carolingienne l’a plongé dans les ténèbres du Dark Age, fumées des autodafés.
Le légendaire vannetais (Buhé er Sent, 1907, p 414) fait état de deux Patern, l’un au 4ème siècle, l’aitre au 5ème, qui aurait été chassé par des chefs jaloux. Gens et lieux restent dans les brumes.
Il existe une Vita dite galloise (ed. Wade-Evans, Cardiff), apparemment oeuvre d’un clerc anglo-normand du Pembroke, pour le compte de l’abbaye de Llanbadan Vawr. Ecrite dans un latin pesant où la fréquence du mot moX (“tout de suite”) elle révèle la hâte de l’auteur (partagée par le lecteur), à arriver au point final. Elle a laissé perplexe lecteurs et éditeurs.
On peut y lire que Padern a bénéficié d’une grâce unique : une nativité sanctifiante : dès son premier souffle, ses parents se retrouvent saints, ce qui fait du nouveau-né l’incarnation du Saint-Esprit. Mektoub ! On est loin de la doctrine évangélique celtique.
Devenu saint, Petran, le père quitte femme et fils (cela rappelle quelqu’un) et l’ Armorique, et part pour l’ Ibernie en pieuse vagance. Pas choqué, Padern, l’ âge venu, l’ imite et passe en Britannie, puis en Ibernie, revient en Cardigan, part avec Dewi et Teliaw à Jérusalem se faire sacrer par le Patriarche et en rapporte un bâton et une tunique. Avec Dewi et Teliaw, ils se partagent toute la Brittanie, qui s’avère plus loin n’ être que l’ ouest de la Délétie.
Enfin il rentre en Armorique où Caradoc Brech-Bras lui fait donner Vannes, avec l’accord de Samson. Attaqué par des jaloux il s’en va chez les Francs où il trépasse. Ses reliques reviennent à Vannes après deux ans de sécheresse causée par son absence.
On a là une trame précise, étoffée des habituels thèmes de l’ hagiographie, fondations, miracles, démonstrations de supériorité, qui font un patchwork flottant, sans repères de lieux ni dates, mais bien avec des anachronismes avérés. Quelques épaves de tradition appellent un autre contexte. Mais sur le réel saint Padern, cette Vita n’apporte d’assuré que le nom de ses parents : Petranus et Guenn.
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