Ce que la mer nous enseigne

Amzer-lenn / Temps de lecture : 10 min

La mer est là depuis toujours et reste un mystère pour les hommes, mais aussi une source d’inspiration et d’enseignement. Voyez comment la mer (la mer intérieure, la mer de Bretagne… ) a influencé la créativité des personnalités comme Henri Matisse, Ernest Hemingway, Vincent Van Gogh, Marcel Proust, etc.

Au fil des siècles, la mer n’a cessé d’inspirer les hommes. Elle suscite la créativité et stimule l’imagination par sa beauté et ses mystères. Mais plus encore, la mer est capable de nous nourrir sur d’autres aspects, dont nous vous en livrons quelques parcelles.

1. La patience, l’humilité, la persévérance et l’optimisme

Lorsque la mer est calme il ne faut pas hésiter à savourer ce moment en contemplant les étoiles. La lenteur des choses est souvent synonyme de beauté. La mer nous apprend à apprécier dans le silence et le bruit des vagues, le rythme de la vie. Elle nous apprend la patience, cette qualité qui permet de mieux vivre et d’apprécier pleinement chaque instant.

Nous avons tous connu de longues journées d’attente devant l’océan. La mer nous enseigne à persévérer, à ne pas se décourager lorsque les choses semblent pénibles et à rester fidèle à nos rêves avec optimisme. Quel plaisir de voir à chaque heure du jour les paysages changer au gré du soleil et des marées. La mer nous permet d’ouvrir nos yeux et notre cœur sur la beauté du monde. Elle nous élève au-dessus de la banalité de la vie, nous donne l’énergie de faire de belles choses et d’être heureux. Elle nous apprend à profiter de chaque instant avec optimisme, mais aussi avec une certaine humilité en nous donnant l’occasion d’admirer la puissance des vagues, le rythme des marées, l’immensité des océans et le mystère de ses fonds. Elle nous apprend à ne pas être prétentieux face à la création, et à rester modeste dans nos espoirs et nos rêves.

2. L’amour de l’aventure

Vous l’avez sans doute déjà éprouvé : la mer, c’est un spectacle émouvant et fascinant. Elle peut être apaisante ou menaçante selon les caprices de la nature. Mais dans tous les cas, c’est une ambiance magique qui brise la monotonie des choses terrestres. C’est une plage où tu peux te ressourcer en toute tranquillité, un poumon qui respire au rythme des vagues, une bouche grande ouverte sur le monde, prête à l’embrasser. C’est un lever de soleil qui fait du bien à l’âme, un ciel étoilé qui rassemble, une bibliothèque pleine de livres originaux que nous pouvons feuilleter à loisir. Ces étendues majestueuses nous apprennent à nous laisser porter par quelque chose qui nous dépasse. En somme, la  mer est là pour nous rappeler que le monde est immense et qu’il y a tant de choses à découvrir.

C’est ainsi qu’elle nous apprend à respecter la vie : la sienne comme la nôtre. Elle nous apporte des sensations indescriptibles, des émotions à fleur de peau mais elle nous apprend aussi comment réaliser nos rêves, comment les concrétiser. Non en nous donnant les recettes, mais parce que lorsque tu braves la tempête, c’est une façon de dire au monde que tu es prêt à affronter toutes les difficultés.

La mer nous révèle à nous-mêmes dans les conditions les plus difficiles, invitant à être courageux et à ne jamais perdre le goût de l’aventure malgré les aléas de la vie. A son écoute, il s’agit donc de faire preuve de patience et d’humilité face aux éléments…  surtout lorsqu’elle est en colère.

3. La tempête, une leçon de vie

La tempête, c’est la vie dans toute sa force, une grande aventure qui peut se décliner sous deux facettes, mais qui peut t’apporter le bonheur et la joie, si tu sais voir à travers tes frayeurs. C’est en quelque sorte le défi que la nature te lance pour te faire grandir. Pourquoi la tempête est-elle si belle ? Parce qu’elle n’est pas quelque chose d’ordinaire. Elle est extraordinaire : elle surprend, elle étonne, elle excite, elle fait rêver. La tempête, c’est la vie dans toute sa force, qui t’apporte l’énergie pour aller de l’avant. C’est la vie qui te rappelle à quel point tu es fragile. Parce que la tempête ne demande qu’une seule chose : que tu sautes dans le vide.

Finalement, ce serait comme une épée de Damoclès. Tu as peur de la tempête ? Peut-être es-tu trop attaché aux choses de ce monde. Peut-être veux-tu trop savoir ce que sera le lendemain. Peut-être n’as-tu pas encore compris que la vie ne se résume pas à la stabilité. Peut-être n’as-tu pas encore réalisé que c’est là, dans ces moments-là, que tu peux apprécier à quel point la vie est belle. Peut-être es-tu perdu dans tes pensées ? Peut-être que tu es trop occupé à avoir peur de la tempête. Peut-être que tu es trop occupé à la regarder faire des ravages. Peut-être que tu es trop occupé à la craindre.

La tempête, c’est certes une épreuve. Cependant, elle est capable de faire émerger la force que tu as en toi, une épreuve qui te montre que tu ne peux pas tout contrôler, mais qui te montre aussi que tout est possible. La tempête, c’est une épreuve qui te montre que tu dois continuer à avancer et à grandir malgré les difficultés. C’est le lot des marins, lorsque les vagues s’enflent et que la nuit noire tombe, comme le dit la chanson Ar Voraerion.

Buhé er voraerion e zo trist ér bed-man
Bepred pell doh o zud, édan glaù hag arnañù
Aveid gounid bara, bara d’o bugalé
Red é dehé lemel ag o bro ha balé

Kenevo e larant ha chetu ind ér vag
N’é ket en ér eité d’o-doud ur galon gwag
Lakaad e hrant de ouél, lavagnon pé kalm-chok :
Araog breman, mem bag, araog, penn é kornog !

Er voéz beur ar en aod, heb skuihein, én hé saù,
Doh er vag é pellaad e sell, e sell ataù ;
Hé halon zo mouget én ur mor a hlahar
Hag ar hé bougenneu, rédeg e hra un dar

En aùél e hwitell é fardaj er gwerni ;
Er mestr e lar : “Paotred, liù arnañù zo arn’hi ;
Hénoah é saùo béh ; ‘n em lakam prest enta”
Hag oll er voraerion e bed Santéz Anna

Breman ar er mor braz é mant én o unan
Ne wéler a bep tu med er mor hag en néañù,
Stertoh-stert ér gouélieu aùél er méz e hwéh,
En houlenneu e foeñù hag en noz du e gouéh

Ha pen da de gemér er hart de hantér-noz,
Eid ma ei er rérall en tammig de repoz,
Er moraer, é chonjal én é vro ken bourruz,
E gan én noz, goustad, ur werzenn hirvouduz :

“Tèr leù ér méz taolet, tèr leù doh en Douar braz,
Me énézenn e saù, du é kreiz er mor glaz ;
Er herreg astennet tro-ha-tro hi gouarn kloz
Doh en houlenneu gouéù hag e ruill dé ha noz

Emesk oll er broieu en em strèu dré er Bed,
Naren, n’en-des nikun hag e zo ken karet ;
O mem broig ha Hroé, a pen don pell dohout,
Klañù on, ha e halon heb éhan e hirvoud

O me énéz kollet du-zé é kreiz er mor
Pegourz é touarin-mé én ha berhér digor ?
Pehér é anaùin tan ha dourieu, mem bro
Ken splann é du en noz ? Pegourz é tin éndro ?…”

Hag hunvréal e hra er peurkeh martelod
D’é voéz en-des lesket é ouélein ar en aod
D’é vugalé vihan, leùiné é galon,
D’é di liùet é gwenn e gousk ér stankenn don…

Er vag-hi, e ya ‘taù didan deulagad Doui,
Tro d’er gouélieu tolpet, en Eled hé hondui ;
Santéz Anna, gwir vamm, e zousa en aùél,
Ha mond e hrant elsé, heb aon én noz téoél…

Labourerion er mor, michérerion kaled,
Peh kalon e zo deoh, ha penaoz é hellet
Chomel èlsé bamdé én ankén, ér marù mem ?…
“Ni ‘gred é Doué on Tad, ha Eañ e ra nerh dem”

La vie des marins est triste en ce monde
Toujours loin de leur famille, sous la pluie et l’orage
Pour gagner leur pain, le pain de leurs enfants,
Il leur faut quitter le pays, et voyager

Ils disent au revoir, et les voilà dans le bateau
Ce n’est pas l’heure pour eux d’avoir le coeur mou ;
Ils mettent à la voile, que la mer soit houleuse ou calme :
En avant à présent, ma barque, en avant, cap à l’ouest !

La pauvre épouse sur la côte, sans se lasser, debout,
Regarde, regarde toujours le bateau qui s’éloigne
Son coeur est étouffé dans une mer de douleur
Et sur ses joues coule une larme

Le vent siffle dans les agrès ;
Le patron dit : “Garçons, il y a apparence d’orage ;
Ce soir il fera dur ; mettons-nous donc prêts”
Et tous les marins prient Sainte Anne

Maintenant sur l’océan ils sont tout seuls
On ne voit de toutes parts que le ciel et l’eau
De plus en plus fort dans les voiles le vent du large souffle
Les vagues s’enflent et la nuit noire tombe

Et quand à minuit ils viennent prendre le quart
Pour que les autres aillent un peu se reposer
Le marin, songeant à sa patrie si agréable,
Chante doucement dans la nuit une gwerze mélancolique :

“Trois lieues au large jetée, à trois lieues de la Grande-Terre,
Mon île se dresse noire au milieu de la mer verte ;
Les rochers alongés tout autour la gardent soigneusement
Des vagues sauvages qui jour et nuit déferlent

Parmi toutes les patries qui couvrent le monde
Non, il n’en est aucune qui soit tant aimée !
O mon petit pays de Groix, quand je suis loin de toi,
Je suis malade et mon coeur gémit sans cesse

O mon île perdue là-bas au milieu de la mer
Quand atterirai-je dans tes ports ouverts ?
Quand, ô ma patrie, reconnaîtrai-je le feu de tes phares,
Si clair dans le noir de la nuit ? Quand reviendrai-je ?”

Et il rêve, le pauvre matelot,
A sa femme qu’il a laissée sur la côte, pleurante,
A ses petits enfants, allégresse de son coeur,
A sa blanche maisonnette qui dort au creux du vallon

La barque, elle, vogue toujours sous les yeux de Dieu,
Rassemblés autour des voiles, les Anges la conduisent,
Sainte Anne, vraie mère, adoucit le vent,
Et ils vont ainsi, sans peur dans la nuit ténébreuse…

Travailleurs de la mer, durs ouvriers,
Quel coeur avez-vous donc et comment pouvez-vous
Rester ainsi chaque jour dans l’angoisse, la mort même ?
“Nous croyons en Dieu notre Père, et Il nous donne de la force !”

Paroles dans le recueil de Yann-Ber Kalloc’h, Ar en deùlin. La musique est celle de la version d’Alan Stivell sur E Langoned

À propos du rédacteur Stella Gigliani

L'une des touches féminines d'Ar Gedour. Elle anime en particulier la chronique "La belle histoire de la semaine".

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