Des chapelles à la langue : les Bretons et l’Etat-Providence

Amzer-lenn / Temps de lecture : 6 min

Plusieurs articles dans la PQR depuis plusieurs années nous poussent à réagir. Prenons deux publications qui résument le sujet que nous allons… encore une fois… développer. Ainsi, Ouest-France évoquait ces communes qui peinent à entretenir leurs chapelles. Ca se passe dans le Finistère, plus exactement à Briec, mais on retrouve ce cas de figure à travers la Bretagne. Le Télégramme, quant à lui, épinglait le budget insuffisant alloué à la politique linguistique par le Conseil Régional, budget qui fait grincer les dents au Conseil Culturel de Bretagne. Même si ces deux articles datent désormais, le sujet reste pour celui qui est attentif.

Deux sujets différents mais qui soulèvent une question de fond commune aux deux situations : dans les deux cas, il y a une attente de l’Etat-Providence qui par sa manne pourra aider, bon an mal an, à subvenir aux besoins. Alors même qu’il suffirait de se retrousser les manches, tous ensemble, pour ne plus attendre les subsides d’un Conseil Régional ou d’une commune pour défendre et promouvoir nos langues et nos édifices.

De nos églises et chapelles

chapelle couverte de lierreAu fur et à mesure que nous parcourons les kilomètres de Bretagne, nous apercevons ces chapelles et églises souvent fermées, ouvertes pour le pardon ou la messe mensuelle dans ce qui fut jadis une paroisse. Aux beaux jours parfois on trouve quelques édifices ouverts, ces lieux qui devraient accueillir en tout temps… c’est déjà bien. Mais les bénévoles se font rares, et peu à peu, ces lieux qui jaillirent de terre par nos ancêtres deviennent un poids à gérer.

Mais quoi ?

Les chrétiens attendent dans leur majorité que les communes entretiennent des lieux de culte pour lesquelles les chrétiens ne se bougent même plus eux-mêmes. Que font-ils tout au long de l’année pour que vivent ces lieux, et pas qu’une fois par an pour le pardon ? Notre propos n’enlève rien aux mérites des comités de chapelle (sans eux, où en serait-on ?), mais nous parlons des autres. Ceux qui crient au scandale quand elles tombent en ruine, deviennent des salles de sports… ou autre… alors qu’ils pourraient aider, ne serait-ce que déjà financièrement. Ou encore en intégrant ces fameux comités de chapelles qui attendent désespérément la relève.

Certes, depuis les vols de la révolution française et de sa suite laïciste, les édifices religieux sont propriétés de l’Etat qui doit veiller à l’entretien. Mais compter uniquement sur les communes pour nos chapelles comme pour nos églises, n’est-ce pas facile… et cela ne nous dédouane-t-il pas de nos propres responsabilités ?

Une chapelle, c’est un ex-voto, un peu de l’âme de nos ancêtres, un morceau d’ADN de la Bretagne. Sans ces édifices qui sont autant d’actes de foi, la Bretagne ne serait pas ce qu’elle est. Si nous tenons tant que ça à nos chapelles et à nos églises, que chaque chrétien fasse le nécessaire pour les faire vivre et se développer. Nous voyons comment les rares engagés peinent à mobiliser, en Bretagne ou ailleurs, pour ces bâtiments. Finalement, pourrait-on se demander, les chrétiens sont-ils si attachés que ça à leur patrimoine ?

 

Vous avez raison ! Je souhaite soutenir la restauration d’une chapelle en aidant les Ouvriers du Bon Dieu (cliquez sur le bouton puis sélectionnez « Ouvriers du Bon Dieu dans le menu déroulant » quand vous arrivez sur la page).

J’aide à restaurer des chapelles

De la langue bretonne

Il en est de même pour ce qui est de la politique linguistique bretonne. Tout le monde sait que les subventions ont été amoindries. Compter uniquement sur les subsides régionaux pour une politique linguistique efficace, c’est là aussi nous dédouaner de nos propres responsabilités. Tient-on vraiment à notre langue bretonne ? Si tel est le cas, comment se fait-il que chaque breton ne soit pas capable de donner ne serait-ce qu’une petite somme par mois, comme nous le disions il y a quelques mois ?

La population bretonne étant de plus de 3 millions de personnes en 2014, si on estime à 1 million (oui… c’est quelque peu présomptueux !) le nombre de personnes pour qui la Bretagne n’est pas seulement un territoire sur lequel il vit mais bien plus, auquel on rajouterait 1 million de bretons de la diaspora, cela ferait 120 millions d’euros chaque année. Rien que ça !!! Pensez bien qu’avec une telle somme, la dynamique culturelle s’en trouverait nécessairement impactée, le budget actuel, sauf erreur de notre part, avoisinant le million d’euros annuel. Et même s’il n’y avait que la moitié de cela, ou même le quart, le trésor serait conséquent. Etre breton n’est pas qu’apposer un autocollant gwenn & du sur sa voiture ou encore agiter le drapeau dans les stades.

Tout comme le faisait Châteaubriand, nous pouvons dire encore aujourd’hui des Bretons ce qu’en disait Tacite, il y a dix-huit siècles, en les voyant favoriser le progrès des moeurs des Romains : “ils sont les instruments de leur propre esclavage, Instrumenta Servitus”. Nos chaînes, ce sont celles que nous nous mettons. Que ce soit pour notre patrimoine spirituel ou pour notre patrimoine linguistique, le questionnement est similaire : pouvons-nous alors nous contenter de miettes venant d’un bon-vouloir, quand l’avenir est entre nos mains ? Pouvons-nous dépendre d’un autre, quand tout ne dépend que de nous ? Pouvons-nous accepter la ruine, quand nous sommes capables d’être des bâtisseurs ?

En attendant, des associations (Comités de chapelles, Breiz Santel, Ar Gedour, OSJ, etc… ) continuent leur travail de fond, pour tenter de sauvegarder des chapelles, pour l’expression en breton de la foi dans nos paroisses et nos familles, pour Dieu et la Bretagne, evit Doué ha Breizh.

Que chaque Breton, que chaque personne attachée à ce que nous faisons, nous aide selon ses moyens, car nous savons que si nous ne faisons rien aujourd’hui, ce sera trop tard. « Le soir approche et déjà le jour baisse » dit le cardinal Sarah. Et nous disons qu’un jour le temps s’éclaircira. Soyons donc des veilleurs, des sentinelles du matin !

Skoazellit ac’hanomp ! Aidez-nous ! Aidez les associations locales dans leurs engagements !

Trugarez deoc’h !

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À propos du rédacteur Tudwal Ar Gov

Bretonnant convaincu, Tudwal Ar Gov propose régulièrement des billets culturels (et pas seulement !), certes courts mais sans langue de buis.

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2 Commentaires

  1. Ya, mantrus eo gwelout penaos al lod vrasan eus hon c’henvroidi a jom didedennet gant ar Brezhoneg hag o glad speredel (chapeled,ilizoú, kalvarioú hag all).
    Met ne gav ket Deoc’h seurt situation he deus daou abeg:
    -da gentañ an digristennadur-
    -da c’houde bezañ aloubet gant ur stad hollgalloudek, ar Stad gall, kreizennet da vat, hag a zo « sonj, prederiañ, hag ober » evito.

    Joa.

    • Evel just, an digristennadur a zo un abeg vraz, met posubl eo d’ar Vretoned, zoken digristen, da welout sañs ar situation-se ha skoazellañ raktresoù gwladek tro-a-tro hor chapelioù.
      Red eo lakaat ar Vretoned da soñjal en-dro evito, hep gortoz bruzunoù ar stad.

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