EXPLICATION D’UN CANTIQUE BRETON : Diskennet eus an Nenvoù (Descendez des Cieux)

Amzer-lenn / Temps de lecture : 3 min

Le cantique dont nous allons parler dans cet article est sans doute l’un des moins connu de tout le répertoire des Noëls bretons. Notons d’ailleurs qu’il peut aussi bien être chanté pendant le temps de l’Avent qu’à Noël . Je voudrais en dire quelques mots et vous en faire apprécier sa beauté dans sa simplicité.

On le trouve p151/152 du recueil « Kantikou Brezonek » dans l’édition originale de 1912 et 1934. Il comporte 10 couplets, ce qui n’est pas étonnant pour un cantique breton, certains vont bien plus loin que ce nombre.

Notre étude ne retiendra que les trois premiers couplets tout à la gloire de la Sainte Vierge, que l’auteur (nous ne savons pas son nom mais on peut penser à un ecclésiastique) a paré des noms les plus beaux, avec des référence à l’Ancien Testament couplet 2 notamment « Une Rose a germée sur le rameau d’Isaïe ».

« Une Rose a germée sur le rameau d’Isaïe, il n’y a point dans nos jardins de fleurs comme elle ; telle une fleur de lys au milieu des ronces, de l’arbre du péché est sortie la sainteté ».

« Diwanet ‘zo ur rozenn war wrouienn Izaï, n’eus ket en hon liorzhoù ur fleurenn evelti ; evel ur flourdelizenn savet e-kreiz an drez, eus ar wezenn a bec’hed eo deut ar zantelezh »

En apparté, nous pouvons noter ici une évocation de Notre-Dame du Roncier à Josselin (Morbihan) dont le refrain du cantique en français dit : « Lys fleuri parmi les épines, nous te vénérons en ces lieux »

Dans le début du premier couplet l’auteur s’adresse aux Anges par ces paroles : « Descendez des Cieux Esprits bienheureux » mais on pense tout de suite à cette parole pleine de supplication de ce même prophète Isaïe, dans l’Ancien Testament « Ah si tu déchirai les Cieux et si tu descendais ».

Sur le plan musical, notons une mélodie très simple et sobre mais aussi très belle, calme et expressive. Des deux mélodies présentes sur le recueil nous ne retiendrons que la deuxième écrite en mode de Ré transposé sur Sib. Son rythme ternaire lui donne un aspect léger et on peut y déceler des influences grégoriennes, ou du moins une ressemblance avec certaines hymnes ou séquences (en l’occurrence le « Veni sancte Spiritus ») si l’on modifie un peu la rythmique et le phrasé du chant.

Notre cantique ne comporte pas de refrain et la ligne mélodique se répète en début et en fin de phrase comme c’est souvent le cas dans les airs bretons. Seul le milieu de la phrase possède une variante mélodique. On notes des successions de mouvements conjoints ascendants : La-Si-Do-Ré (mesure 9 et 10) ou descendants : Si-La-Sol-Fa (mesures 1et 2).

On peut aussi trouver une autre version du Diskennet, version qui utilise la mélodie de « An durzhunel » pour le refrain et la mélodie dont nous parlons dans cet article pour les couplets. Là encore c’est une chose courante dans les cantiques bretons que d’avoir plusieurs mélodies « au choix » pour un même texte.

Vous pouvez écouter ce très beau chant sur le CD « Noël en Bretagne » de Yann-Fanch Kemener et en version bombarde et orgue sur le CD « Kanomp Noël » du duo Salaün-Broquet (actuellement en vente sur Ar Gedour).

La partition et les paroles breton / français sont disponibles ici : http://www.kan-iliz.com/diskennit-euz-an-nenvou/

À propos du rédacteur Louis-Marie Salaün

D'origine bretonne,né en 1982 petit-fils d'écrivain catholique il est sensibilisé depuis l'enfance à la musique sacrée, la transmission et la défense de la foi. Il découvre tout jeune les cantiques bretons par le biais du duo bombarde et orgue (qu'il pratique aujourd'hui avec son beau-frère). Devenu sonneur de bombarde à l'âge de 26 ans il exerce en parallèle la fonction de chantre dans sa paroisse de 2003 à 2010, puis chef de chœur de 2 chorales paroissiales (ND de la Trinité à Blois en 2012-2013 et le Chœur St Nicolas à Troyes depuis 2015).

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2 Commentaires

  1. evel ur flourdelizenn savet e-kreiz an drez

    Je pense que c’est d’abord une référence au « Sicut lilium inter spinas » du Cantique des cantiques, qui a souvent été utilisé pour parler de Marie :
    – Ego flos campi, et lilium convallium.
    – Sicut lilium inter spinas, sic amica mea inter filias.
    – Je suis la fleur des champs et le lis des vallées.
    – Comme le lis au milieu des épines, ainsi est mon amie entre les filles.

    Merci pour vos articles.

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