Le texte ci-dessous nous est proposé par Louis-Marie Salaün, à l’origine de l’ouvrage KANTIKOU NEDELEG publié par Ar Gedour en 2020 et du CD bombarde et orgue Kanomp Noel (à retrouver ici). Il est issu d’un document qu’il vient de terminer intitulé « Les noëls populaires de France à travers les siècles ».
Parmi tous les terroirs de Bretagne, il en est un ou la tradition des noëls est particulièrement riche, c’est le pays de Guérande. Guérande se trouve dans l’actuelle Loire-Atlantique qui, bien que rattachée à la région pays de la Loire appartient bien à la Bretagne historique.
Nous devons au travail laborieux de Fernand Guériff (1914-1994), l’existence d’une « Belle bible des noëls Guérandais ». Elle nous fournit de précieuses informations sur ce répertoire issu lui aussi de la tradition orale. On y trouve 39 noëls dont 3 seulement ne sont pas notés (1)
En pays guérandais comme en d’autres endroits, on ne chantait pas seulement les noëls le 25 décembre, mais tout au long de l’année au cours des veillés près de l’âtre. À Guérande, c’était les hautbois rustiques, les vielles et la veuze qui les jouaient chaque samedi soir lorsqu’on faisait le tour des remparts de la ville.
Le noël guérandais est par là comparable à tant de noëls des autres provinces de France, que son texte peut être tantôt gai, tantôt réaliste ou vulgaire et parfois sarcastique. On dit qu’autrefois ils accompagnaient aussi bien les prières que les ripailles.
Les mélodies des noëls guérandais ne sont pas systématiquement nées au pays. Il s’agit plutôt de variantes de timbres rependues en dehors des frontières de la Bretagne. En matière de musique, les échanges entre provinces étaient nombreux grâce aux colporteurs notamment. On dit que Nantes était un centre important dans la diffusion des noëls. Les bibles des noëls qui y étaient imprimées étaient ensuite vendues dans les campagnes par les colporteurs et autres ménétriers.
Parmi les noëls connu et répandus en pays guérandais on trouve : le noël aux oiseaux (20 couplets), le noël d’Adam et Ève, Laissez paître vos bêtes (avec la variante locale « Les femm’, les fill’s de Penchateau ») ou encore « Nous voici dans la ville » sur une mélodie de l’abbé Pellegrin.