S’il est un cantique breton de Noël connu et très populaire en Bretagne c’est bien le « Péh trouz zo àr en douar ». Sa popularité traverse les frontières de la Bretagne puisqu’il est chanté ailleurs en France sous le titre « Le Christ est né ce soir » (adaptation en français avec d’autres paroles et harmonisation à 4 voix).
Pour nous préparer à bien le chanter dans quelques jours au pied de la crèche découvrons-le ici dans son aspect théologique et musical.
Fanch Morvannou dit de ce cantique que « dominent dans le texte vannetais la douceur, l’émerveillement, l’émotion contenue et la joie ». Ainsi, paroles et mélodie nous font entrer dans l’intimité paisible et fragile de la naissance du Sauveur dans une pauvre étable. Joie simple mais profonde des petits, des humbles, mystère joyeux !
Pour résumer le texte de notre cantique, Fanch Morvannou poursuit ainsi : « que signifie ce chant des anges dans le Ciel (Pe trouh zo àr en douar, pe kan a gleùan me ) ? Il annonce la naissance du Messie, Le Roi du Ciel s’est abaissé au point de choisir la pauvreté la plus extrême ».
Le troisième couplet anticipe déjà la joie et l’exultation du jour de Pâques en reprenant presque mot à mot un passage de l’Exultet : « O nuit mille fois heureuse qui brise nos chaînes ». Ainsi comme le chante un Noël bien connu l’auteur du texte souligne le lien entre la naissance du Sauveur et sa Passion « De la crèche au crucifiement il nous livre un profond mystère ».
L’auteur justement qui est-il ? Il pourrait bien s’agir de l’abbé Pierre Nourry (1743-1804), recteur de Bignan pendant 30 ans. C’est à lui, homme lettré, architecte, poète, musicien, que nous devons la gwerz « ar beleg forbanet » (le prêtre exilé).
On retrouve le « Pe trouh zo àr en douar » dans un recueil de cantique du chanoine Larboulette (1810-1892) paru en 1856 « Guerzenneu eid ol er bleih ». Le texte du cantique est en vannetais et la mélodie se prête parfaitement bien aux spécificités du dialecte vannatais.
Au point de vue musical, la première chose qui saisit est son caractère très paisible, très doux ; que l’on retrouve facilement dans d’autres Noëls bretons tel « Jézuz-Kroedur ».
La mélodie emprunte d’émotion est en mode de La. Bien qu’appartenant au mode mineur elle n’a rien de triste. Elle couvre une octave entière avec donc un ambitus assez élevé ce qui est assez rare dans les cantiques bretons.
Le premier motif mélodique est répété au début comme c’est souvent le cas dans les cantiques populaires. Deux passages du cantiques montrent des notes conjointes descendantes : Do-Si-La-Sol (mesure 4) et Fa-Mi-Ré-Do (mesure 6). La mélodie a 3 temps prend des airs de valse lui conférant légèreté et souplesse.
Pour entendre ce beau cantique interprété par la Maîtrise de Bretagne cliquez ici :
https://www.youtube.com/watch?
Et ici avec l’adaptation polyphonique chantée en français (à partir de 1’53) :
https://www.youtube.com/watch?
Vous pourrez retrouver texte et musique sur le site KAN ILIZ :
http://www.kan-iliz.com/noel-
Puisse ce beau cantique résonner avec ferveur dans nos églises bretonnes à Noël et pendant tout le temps de Noël !
A tous, je souhaite une belle et Sainte fête de Noël : Nedeleg Santel deoc’h !
Nous rappelons que vous pouvez participer au financement d’un CD « bombarde & orgue » consacré aux chants de Noël. Pour en savoir plus, rendez-vous sur ce lien (il ne reste que 8 jours et votre aide sera précieuse !!!)
Je suis tombé amoureux de ce chant j’aimerais l’enseigner à ma chorale mais je ne trouve pas de partition adéquate 🙏. Je vous prie de m’aider dans ce sens.
Vous pouvez trouver des choses ici :https://www.kan-iliz.com/noel-breton-pe-trouz-war-an-douar/ . Nombre de chorales transmettent ce chant, dernièrement entendu chanté par une petite et jeune chorale des fin fond de la Tourrraine