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Les femmes dans la généalogie de Jésus

Amzer-lenn / Temps de lecture : 19 min

femmes dans la bibleDeux des 4 évangélistes ont insisté pour nous donner la généalogie de jésus de Nazareth, témoignage de son incarnation dans le genre humain.

Luc au chapitre 3, versets 23 et suivants, énumère les ancêtres mâles de Jésus « à ce qu’on croyait, fils de Joseph ». On y retrouve notamment, le roi David et son père Jessé (v 32), puis « Juda, fils de Jacob, fils d’Isaac, fils d’Abraham » (V 34) et « Sem, fils de Noé » (v 36), pour les plus connus, jusqu’à Adam « fils de Dieu » (v 38). C’est une généalogie « montante ».

Mathieu, lui, commence son évangile par l’intituler « livre de la genèse de Jésus Christ, fils de David, fils d’Abraham » (1, 1) et il nous donne une généalogie « descendante » du Christ en commençant par Abraham (1, 2-16).
Il y énumère 5 femmes, la dernière d’entre elles étant l’épouse de Joseph, Marie, « de laquelle naquit Jésus, que l’on appelle Christ » (v 16)
Et les 4 autres ? Qui sont-elles ? Qu’ont-elles fait pour mériter de figurer, aux yeux de Luc, dans la généalogie du Christ ?
Ce sont, en commençant par la plus ancienne, Thamar qui engendra de Juda les jumeaux Pharès et Zara (v3), Rahab, la mère de Booz, Ruth, l’épouse de ce dernier (v 5) et « la femme d’Urie », la mère de Salomon, fils du roi David (v 6) que l’évangéliste n’a pas voulu désigner par son nom, mais uniquement par son état.

Que leur vaut l’honneur de figurer ainsi parmi les ancêtres du Christ, précédant dans son histoire humaine la personne de la très Sainte Vierge Marie, la mère de Dieu, « Théotokos » ?

1°) Thamar épousera successivement Er, puis Onan, les fils de Juda, en application de la loi du lévirat qui veut que le frère épouse la veuve de son frère pour lui assurer sa descendance (Deutéronome, 25, 5-10).
Onan n’a pas voulu se plier à cette loi qui le prive de descendance personnelle, préférant commettre le péché auquel on donnera son nom, « ce qui déplut à YHWH qui le fit mourir, lui aussi » (Genèse 38, 10).
C’est alors que l’astucieuse Thamar s’est débrouillée pour avoir une descendance, directement de son beau-père, Juda, par un moyen détourné que nous raconte joliment la suite du chapitre 38 de la Genèse…

1Or, en ce temps-là, Juda descendit de chez ses frères et se rendit chez un homme d’Adoullam du nom de Hira. 2 Là, Juda vit la fille d’un Cananéen nommé Shoua. Il la prit et vint à elle, 3 elle devint enceinte et enfanta un fils qu’il appela Er. 4 Elle devint à nouveau enceinte et enfanta un fils qu’elle appela Onân. 5 Puis, une fois encore, elle enfanta un fils qu’elle appela Shéla. Juda était à Keziv quand elle enfanta Shéla 6 et il prit pour Er, son premier-né, une femme du nom de Tamar. 7 Er, premier-né de Juda, déplut au Seigneur qui le fit mourir. 8 Juda dit alors à Onân:  » Va vers la femme de ton frère. Agis envers elle comme le proche parent du mort et suscite une descendance à ton frère.  » 9 Mais Onân savait que la descendance ne serait pas sienne; quand il allait vers la femme de son frère, il laissait la semence se perdre à terre pour ne pas donner de descendance à son frère. 10 Ce qu’il faisait déplut au Seigneur qui le fit mourir, lui aussi.
11 Juda dit alors à Tamar sa bru:  » Reste veuve dans la maison de ton père jusqu’à ce que mon fils Shéla ait grandi.  » Il disait en effet:  » Il ne faudrait pas que celui-ci meure aussi comme ses frères!  » Tamar s’en alla demeurer dans la maison de son père.
12 Bien des jours passèrent et la fille de Shoua, femme de Juda, mourut. Quand il fut consolé, Juda monta à Timna avec son ami Hira l’Adoullamite chez les tondeurs de son troupeau.
13 On informa Tamar en ces termes:  » Voici que ton beau-père monte à Timna pour la tonte de son troupeau.  » 14 Elle retira ses habits de veuve, se couvrit d’un voile et, s’étant rendue méconnaissable, elle s’assit à l’entrée d’Einaïm qui est sur le chemin de Timna. Elle voyait bien en effet que Shéla avait grandi sans qu’elle lui soit donnée pour femme.
15 Juda la vit et la prit pour une prostituée puisqu’elle avait couvert son visage. 16 Il obliqua vers elle sur le chemin et dit:  » Eh! je viens à toi!  » Car il n’avait pas reconnu en elle sa bru. Elle répondit:  » Que me donnes-tu pour venir à moi ?  » – 17  » Je vais t’envoyer un chevreau du troupeau « , dit-il. Elle reprit:  » D’accord, si tu me donnes un gage jusqu’à cet envoi.  » – 18  » Quel gage te donnerai-je ?  » dit-il. -Ton sceau, ton cordon et le bâton que tu as à la main « , répondit-elle. Il les lui donna, vint à elle, et elle devint enceinte de lui. 19 Elle se leva, s’en alla, retira son voile et reprit ses habits de veuve.
20 Juda envoya le chevreau par l’intermédiaire de son ami d’Adoullam pour reprendre le gage des mains de la femme. Celui-ci ne la trouva pas 21 et interrogea les indigènes:  » Où est la courtisane qui était sur le chemin à Einaïm ?  » –  » Il n’y a jamais eu là de courtisane « , répondirent-ils. 22 Il revint à Juda et lui dit:  » Je ne l’ai pas trouvée et les indigènes ont même déclaré qu’il n’y avait pas là de courtisane.  » 23 Juda reprit:  » Elle sait s’y prendre! Ne nous rendons pas ridicules, moi qui lui ai envoyé un chevreau et toi qui ne l’as pas trouvée! « 
24 Or, trois mois après, on informa Juda:  » Ta bru Tamar s’est prostituée. Bien plus, la voilà enceinte de sa prostitution!  » –  » Qu’on la mette dehors et qu’on la brûle!  » repartit Juda. 25 Tandis qu’on la mettait dehors, elle envoya dire à son beau-père:  » C’est de l’homme à qui ceci appartient que je suis enceinte.  » Puis elle dit:  » Reconnais donc à qui appartiennent ce sceau, ces cordons, ce bâton!  » 26 Juda les reconnut et dit:  » Elle a été plus juste que moi, car, de fait, je ne l’avais pas donnée à mon fils Shéla.  » Mais il ne la connut plus.
27 Or, au temps de ses couches, il y avait des jumeaux dans son sein. 28 Pendant l’accouchement, l’un d’eux présenta une main que prit la sage-femme; elle y attacha un fil écarlate en disant:  » Celui-ci est sorti le premier.  » 29 Puis il rentra sa main et c’est son frère qui sortit.  » Qu’est-ce qui t’arrivera pour la brèche que tu as faite!  » dit-elle. On l’appela du nom de Pèrèç-c’est-à-dire la Brèche. 30 Son frère sortit ensuite, lui qui avait à la main le fil écarlate; on l’appela du nom de Zérah.

2°) Rahab est la prostituée de Jéricho qui accueillera et cachera dans sa maison des remparts les espions de Josué : elle savait la puissance de YHWH, le Dieu des Israélites. En remerciement, ils lui promirent de l’épargner, elle et les siens. Grâce à un fil rouge attaché à sa fenêtre, on reconnaitrait sa maison (chapitre 2 du livre de Josué). Et en effet, si les murs de Jéricho se sont effondrés au son des trompettes, la ville détruite et ses habitants passés au fil de l’épée, Rahab et les siens eurent la vie sauve et demeurèrent « au milieu d’Israël » (6, 25)

3°) Ruth est l’épouse de Booz, le fils de Rahab ; c’est une moabite, une étrangère, veuve d’un Ephratéen de Bethléem de Juda, que sa belle-mère, Noémie, incite à rentrer chez elle, dans son pays, ce qu’elle refuse avec opiniâtreté.
C’est en glanant un des champs de Booz, un homme « de condition », précise-t-elle dans son livre qui fait partie des livres historiques de la Bible, que Ruth – suivant les conseils de sa belle-mère – deviendra sa femme en exécution d’un droit de rachat.
Leur fils Obed sera le père de Jessé, l’homme de l’arbre, et le grand père du roi David
Le livre de Ruth a inspiré Victor Hugo (1802-1885), le plus grand des poètes français ; « hélas ! … » ajoutait André Gide (1869-1951). On peut lire dans la légende des siècles, le poème ci-après, mêlant le songe de Booz avec celui que fera bien plus tard son petit-fils Jessé aux dires du prophète Isaïe (11, 10-16).

Booz endormi

Booz s’était couché de fatigue accablé ; Il avait tout le jour travaillé dans son aire ; Puis avait fait son lit à sa place ordinaire ; Booz dormait auprès des boisseaux pleins de blé. Ce vieillard possédait des champs de blés et d’orge ; Il était, quoique riche, à la justice enclin ; Il n’avait pas de fange en l’eau de son moulin ; Il n’avait pas d’enfer dans le feu de sa forge. Sa barbe était d’argent comme un ruisseau d’avril. Sa gerbe n’était point avare ni haineuse ; Quand il voyait passer quelque pauvre glaneuse : – Laissez tomber exprès des épis, disait-il. Cet homme marchait pur loin des sentiers obliques, Vêtu de probité candide et de lin blanc ; Et, toujours du côté des pauvres ruisselant, Ses sacs de grains semblaient des fontaines publiques. Booz était bon maître et fidèle parent ; Il était généreux, quoiqu’il fût économe ; Les femmes regardaient Booz plus qu’un jeune homme, Car le jeune homme est beau, mais le vieillard est grand. Le vieillard, qui revient vers la source première, Entre aux jours éternels et sort des jours changeants ; Et l’on voit de la flamme aux yeux des jeunes gens, Mais dans l’oeil du vieillard on voit de la lumière. Donc, Booz dans la nuit dormait parmi les siens ;

Près des meules, qu’on eût prises pour des décombres, Les moissonneurs couchés faisaient des groupes sombres ; Et ceci se passait dans des temps très anciens. Les tribus d’Israël avaient pour chef un juge ; La terre, où l’homme errait sous la tente, inquiet Des empreintes de pieds de géants qu’il voyait, Etait mouillée encore et molle du déluge. Comme dormait Jacob, comme dormait Judith, Booz, les yeux fermés, gisait sous la feuillée ; Or, la porte du ciel s’étant entrebâillée Au-dessus de sa tête, un songe en descendit. Et ce songe était tel, que Booz vit un chêne Qui, sorti de son ventre, allait jusqu’au ciel bleu ; Une race y montait comme une longue chaîne ; Un roi chantait en bas, en haut mourait un dieu. Et Booz murmurait avec la voix de l’âme :  » Comment se pourrait-il que de moi ceci vînt ? Le chiffre de mes ans a passé quatre-vingt, Et je n’ai pas de fils, et je n’ai plus de femme.  » Voilà longtemps que celle avec qui j’ai dormi, O Seigneur ! a quitté ma couche pour la vôtre ; Et nous sommes encor tout mêlés l’un à l’autre, Elle à demi vivante et moi mort à demi.  » Une race naîtrait de moi ! Comment le croire ? Comment se pourrait-il que j’eusse des enfants ? Quand on est jeune, on a des matins triomphants ; Le jour sort de la nuit comme d’une victoire ; Mais vieux, on tremble ainsi qu’à l’hiver le bouleau ; Je suis veuf, je suis seul, et sur moi le soir tombe, Et je courbe, ô mon Dieu ! mon âme vers la tombe, Comme un boeuf ayant soif penche son front vers l’eau.  » Ainsi parlait Booz dans le rêve et l’extase, Tournant vers Dieu ses yeux par le sommeil noyés ; Le cèdre ne sent pas une rose à sa base, Et lui ne sentait pas une femme à ses pieds. Pendant qu’il sommeillait, Ruth, une moabite, S’était couchée aux pieds de Booz, le sein nu, Espérant on ne sait quel rayon inconnu, Quand viendrait du réveil la lumière subite. Booz ne savait point qu’une femme était là, Et Ruth ne savait point ce que Dieu voulait d’elle. Un frais parfum sortait des touffes d’asphodèle ; Les souffles de la nuit flottaient sur Galgala. L’ombre était nuptiale, auguste et solennelle ;

Les anges y volaient sans doute obscurément, Car on voyait passer dans la nuit, par moment, Quelque chose de bleu qui paraissait une aile. La respiration de Booz qui dormait Se mêlait au bruit sourd des ruisseaux sur la mousse. On était dans le mois où la nature est douce, Les collines ayant des lys sur leur sommet. Ruth songeait et Booz dormait ; l’herbe était noire ; Les grelots des troupeaux palpitaient vaguement ; Une immense bonté tombait du firmament ; C’était l’heure tranquille où les lions vont boire. Tout reposait dans Ur et dans Jérimadeth ; Les astres émaillaient le ciel profond et sombre ; Le croissant fin et clair parmi ces fleurs de l’ombre Brillait à l’occident, et Ruth se demandait, Immobile, ouvrant l’oeil à moitié sous ses voiles, Quel dieu, quel moissonneur de l’éternel été, Avait, en s’en allant, négligemment jeté Cette faucille d’or dans le champ des étoiles.

4°) la femme d’Urie, le Hittite, c’est la belle Bethsabée, dont la nudité aperçue à son bain séduira tant le roi David qu’il n’aura de cesse de la posséder. Il arrivera à ses fins en la faisant veuve de son époux Urie, un de ses soldats, qu’il enverra à la mort, ajoutant ainsi le péché au péché comme le lui reprochera si bien le prophète Nathan…
Toute cette histoire qui sera abondamment illustrée par les premières représentations du corps féminin nu, est racontée au 2° livre de Samuel, chapitres 11 et 12 :

2 Sur le soir, David se leva de son lit. Il alla se promener sur la terrasse de la maison du roi. Du haut de la terrasse, il aperçut une femme qui se baignait. La femme était très belle. 3 David envoya prendre des renseignements sur cette femme et l’on dit:  » Mais c’est Bethsabée, la fille d’Eliâm, la femme d’Urie le Hittite!  » 4 David envoya des émissaires pour la prendre. Elle vint chez lui et il coucha avec elle. Elle venait de se purifier de son impureté. Puis elle rentra chez elle. 5 La femme devint enceinte. Elle en fit informer David et déclara:  » Je suis enceinte. « 
6 David envoya dire à Joab:  » Envoie-moi Urie le Hittite.  » Joab envoya donc Urie à David. 7 Urie arriva près de lui. David demanda comment allait Joab, et le peuple, et la guerre. 8 Puis David dit à Urie:  » Descends chez toi et lave-toi les jambes.  » Urie sortit de chez le roi, suivi d’un présent du roi. 9 Mais Urie coucha à la porte de la maison du roi avec tous les serviteurs de son Seigneur et il ne descendit pas dans sa propre maison. 10 On vint dire à David:  » Urie n’est pas descendu chez lui.  » David dit à Urie:  » N’arrives-tu pas de voyage ? Pourquoi n’es-tu pas descendu chez toi ?  » 11 Urie dit à David:  » L’arche, Israël et Juda habitent dans des huttes. Mon Seigneur Joab et les serviteurs de mon Seigneur campent en rase campagne. Et moi, j’irais chez moi manger, boire et coucher avec ma 6 femme! Par ta vie, par ta propre vie, je ne ferai pas cette chose-là.  » 12 David dit à Urie:  » Reste ici encore aujourd’hui, et demain je te renverrai.  » Urie resta donc à Jérusalem ce jour-là et le lendemain. 13 David l’invita. Il mangea et but en sa présence, et David l’enivra. Urie sortit le soir pour aller se coucher sur son lit avec les serviteurs de son Seigneur, mais il ne descendit pas chez lui.
14 Le lendemain matin, David écrivit une lettre à Joab et l’envoya par l’entremise d’Urie. 15 Il avait écrit dans cette lettre:  » Mettez Urie en première ligne, au plus fort de la bataille. Puis, vous reculerez derrière lui. Il sera atteint et mourra.  » 16 Joab, qui surveillait la ville, plaça donc Urie à l’endroit où il savait qu’il y avait des hommes valeureux. 17 Les gens de la ville firent une sortie et attaquèrent Joab. Il y eut des victimes parmi le peuple, parmi les serviteurs de David, et Urie le Hittite mourut lui aussi. 18 Joab envoya informer David de toutes les circonstances de ce combat. 19 Il donna au messager l’ordre suivant:  » Quand tu auras fini de rapporter au roi toutes les circonstances du combat, 20  » si le roi se met en colère et qu’il te dise:  » Pourquoi vous êtes-vous approchés de la ville pour livrer bataille ? Ne saviez-vous pas qu’on tire du haut du rempart ? 21  » Qui donc a frappé Abimélek, fils de Yeroubbèsheth ? N’est-ce pas une femme qui lui a lancé une meule du haut du rempart, et c’est ainsi qu’il est mort à Tévéç ? Pourquoi vous êtes-vous approchés du rempart ? tu lui diras:  » Ton serviteur Urie le Hittite est mort lui aussi.  » 22 Le messager partit et vint rapporter à David tout ce dont Joab l’avait chargé. 23 Le messager dit à David:  » Ces gens-là étaient plus forts que nous. Ils ont fait une sortie dans notre direction en rase campagne, mais nous avons contre-attaqué jusqu’à l’entrée de la porte. 24 Les tireurs ont alors tiré sur tes serviteurs du haut du rempart. Il y a eu des morts parmi les serviteurs du roi et ton serviteur Urie le Hittite est mort lui aussi.  » 25  » David dit au messager:  » Tu parleras ainsi à Joab:  » Ne prends pas trop mal cette affaire. L’épée dévore d’une façon ou d’une autre. Renforce ton attaque contre la ville et renverse-la. Réconforte-le ainsi.  » 26 La femme d’Urie apprit qu’Urie, son mari, était mort, et elle pleura son mari. 27 Le deuil passé, David la fit chercher et la recueillit chez lui. Elle devint sa femme et elle lui enfanta un fils. Mais ce qu’avait fait David déplut au Seigneur.

Pour leur punition, leur premier enfant mourra en bas âge, en revanche le second : le grand Salomon succédera à son père sur le trône d’Israël

1 Le Seigneur envoya Natan à David. Il alla le trouver et lui dit:  » Il y avait deux hommes dans une ville, l’un riche et l’autre pauvre.2 Le riche avait force moutons et boeufs.
3 Le pauvre n’avait rien du tout, sauf une agnelle, une seule petite, qu’il avait achetée. Il la nourrissait. Elle grandissait chez lui en même temps que ses enfants. Elle mangeait de sa pitance, elle buvait à son bol, elle couchait dans ses bras. Elle était pour lui comme une fille.4 Un hôte arriva chez le riche. Il n’eut pas le coeur de prendre de ses moutons et de ses boeufs pour apprêter le repas du voyageur venu chez lui. Il prit l’agnelle du pauvre et l’apprêta pour l’homme venu chez lui. « 
5 David entra dans une violente colère contre cet homme et il dit à Natan:  » Par la vie du Seigneur, il mérite la mort, l’homme qui a fait cela. 6 Et de l’agnelle il donnera compensation au quadruple, pour avoir fait cela et pour avoir manqué de coeur.  »

7 Natan dit à David:  » Cet homme, c’est toi! Ainsi parle le Seigneur, le Dieu d’Israël: C’est moi qui t’ai oint comme roi d’Israël et c’est moi qui t’ai délivré de la main de Saül. 8 Je t’ai donné la maison de ton maître et j’ai mis dans tes bras les femmes de ton maître; je t’ai donné la maison d’Israël et de Juda; et si c’est trop peu, je veux y ajouter autant. 9 Pourquoi donc as-tu méprisé la parole du Seigneur en faisant ce qui lui déplaît ? Tu as frappé de l’épée Urie le Hittite. Tu as pris sa femme pour en faire ta femme et lui-même, tu l’as tué par l’épée des fils d’Ammon. 10 Eh bien, l’épée ne s’écartera jamais de ta maison, puisque tu m’as méprisé et que tu as pris la femme d’Urie le Hittite pour en faire ta femme. 11 Ainsi parle le Seigneur: Voici que je vais faire surgir ton malheur de ta propre maison. Je prendrai tes femmes sous tes yeux et je les donnerai à un autre. Il couchera avec tes femmes sous les yeux de ce soleil. 12 Car toi, tu as agi en secret, mais moi, je ferai cela devant tout Israël et devant le soleil.  » 13 David dit alors à Natan:  » J’ai péché contre le Seigneur.  » Natan dit à David:  » Le Seigneur, de son côté, a passé sur ton péché. Tu ne mourras pas. 14 Mais, puisque, dans cette affaire, tu as gravement outragé le Seigneur-ou plutôt, ses ennemis–,le fils qui t’est né, lui, mourra. « 
15 Et Natan s’en alla chez lui. Le Seigneur frappa l’enfant que la femme d’Urie avait enfanté à David, et il tomba malade.

Nous voilà bien : Thamar, une intrigante qui se fait faire une enfant par son beau-père ; Rahab, une prostituée qui n’hésite pas à trahir son pays pour sauver les siens ; Bethsabée, une femme légère qui se laisse séduire par le pouvoir en place. Il n’y a que Ruth qui soit à peu près « convenable », encore que, séduire un vieillard, même pour une jeune veuve….

Que d’histoires révèlent la lecture de la Bible, Ancien et Nouveau Testament.

Y a-t-il un fil rouge ? Mais oui, bien sûr : celui que Rahab met à sa fenêtre pour écarter la mort de sa maison ; celui que la sage-femme attache au poignet du premier né des jumeaux de Thamar pour le reconnaître… Mais il n’y a pas même l’ombre d’un fil, qu’il soit rouge ou noir, pour cacher la nudité de Bethsabée au bain ! Et alors, Ruth, avec quoi attachait-elle les gerbes de blé qu’elle glanait dans les champs de Booz ?

La Bible ne nous le dit pas mais nous apprend que le monde a été créé, celui qui est visible comme celui qu’on ne voit pas, que l’histoire du peuple juif est celle d’un peuple élu au sein duquel est né d’une femme, comme chacun d’entre nous, un homme qui n’est autre que le créateur lui-même, à l’origine de tout, venu sur terre pour le salut de l’humanité.

Ah ! Le mystère de l’incarnation …

Il faut lire la Bible, mais pas tout seul : il faut se la faire expliquer, comme à l‘eunuque, ministre de la reine Candace d’Ethiopie, le diacre Philippe, ainsi que nous le rapportent les Actes des Apôtres (chapitre 8, versets 26 à 40).

À propos du rédacteur Yves Daniel

Avocat honoraire, il propose des billets allant du culturel au théologique. Le style envolé et sincère d'Yves Daniel donne une dynamique à ses écrits, de Saint Yves au Tro Breiz, en passant par des chroniques ponctuelles.

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Un commentaire

  1. Lire l’article du fmi (fils de Marie Immaculée) de Chavagne en Paillers (85), Michel Remaud, prof à l’UCO, in N R T (nouvelle revue théologique) tome 143, n°1, pp 3 à 14 (1er trimestre 2021)

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