UNE GRANDE DAME BRETONNE, LA DUCHESSE ERMENGARDE

Amzer-lenn / Temps de lecture : 15 min

L’Histoire de Bretagne est riche de ces femmes d’exception qui par leurs qualités, leurs vertus, contribuèrent  à l’aura du Duché breton.

Dans un précédent article, nous avions évoqué la grande figure du 20e  siècle breton que fut  Lady Mond (1), humble fille de paysans, qui par sa force de caractère, jointe à des qualités exceptionnelles parvint au firmament de la haute société de son époque. Une réussite qui n’altéra en rien sa grande simplicité naturelle héritée de son milieu rural, et sa bonté due à son éducation profondément chrétienne, mettant sa fortune au service des pauvres de son pays breton, de sa commune, Belle-Isle-en-Terre. En l’évoquant, nous l’avions quelque peu comparée à une autre Grande Dame, la Duchesse Ermengarde, et c’est précisément d’elle que nous allons nous entretenir.

Ermengarde, fille de Foulque le Réchin Comte d’Anjou, naquit au château d’Angers en 1O67. En 1O93, elle épouse Alain VI Fergent, Duc de Bretagne.

Des clichés caricaturaux nous ont présentés, et nous présentent toujours, la femme du Moyen-Age comme étant illettrée, soumise, passant son temps à soupirer, tout en faisant des points de tapisserie, après son époux parti guerroyer, guettant son retour façon « sœur Anne, ma sœur Anne, ne voie-tu rien venir ? ».

Or nous savons par des historiens sérieux, comme Régine Pernoux, Jean Sévillia et bien d’autres, que durant ce long Moyen-Age tant décrié comme un temps d’obscurantisme, la femme avait un statut qui faisait d’elle un être reconnu et respecté. C’est la …Renaissance qui commencera à rabaisser la femme au statut de favorite-concubine, lui donnant pour seule fonction celui de satisfaire aux plaisirs des souverains, lui interdisant les fonctions de l’Etat.

Ermengarde, a tout pour séduire le jeune duc breton. D’une éducation raffinée, elle brillera  par son intelligence très éveillée sur toutes choses concernant son peuple, les affaires de son Duché. L’historien Pitre-Chevalier, se basant sur des écrits de son époque, la décrit ainsi :

« Elle était de taille très déliée, elle avait le teint fort blanc, diaphane, de grands yeux aussi bleus que l’azur, la bouche d’une grande finesse. La blondeur de sa chevelure ne faisait que rehausser la perfection de tout son être, que rehaussaient encore ses goûts très sûrs dans ses choix vestimentaires : l’or, les diamants brillaient dans sa coiffure, et suivant la mode de l’époque, sur sa gorge nue, d’autres bijoux jetaient leurs éclats ».

Un autre historien, Albert Le Grand, la loue ainsi :

« Bien qu’elle fit profession de piété, elle n’avait rien qui ne répondit à la dignité qu’elle occupait, et ses penchants pour les biens qui rehaussaient la beauté de la femme n’altéraient point le soucis qu’elle avait dans l’exercice des vertus chrétiennes et de justice ».

Alain Fergent, ne s’y trompa pas : son épouse avait l’autorité pour gouverner son duché, et il fit comprendre à sa cour et aux seigneurs bretons qu’elle prendrait une part entière à son gouvernement. Nous sommes en 1095, Alain Fergent entend répondre à l’appel pressant du Pape Urbain II pour partir en croisade, afin de délivrer la Terre Sainte, le tombeau du Christ, mais aussi secourir et protéger  les chrétiens sans cesse persécutés et massacrés s’ils ne se convertissent pas à l’islam. C’est à cette occasion que le duc breton reçoit des mains du Pape l’étendard  à croix noire, le fameux  Kroaz Du  qui deviendra le drapeau historique breton, bien avant donc le drapeau actuel, moderne, le  Gwenn ha Du.  Alain Fergent, avec ses chevaliers bretons sera, dit-on, le premier à entrer dans Jérusalem délivrée. Il fera hisser la Croix Noire au sommet de la coupole dorée de la mosquée Al-Aqsa et y fera célébrer une messe d’action de grâce pour la victoire.  On dira alors des croisés bretons : « qu’ils guerroient dans l’armée chrétienne et font merveilles d’armes en Orient ».  Alain Fergent est ainsi absent de son duché, cinq longues années, et  c’est  donc  Ermengarde qui gère les affaires du pays. Le souci du gouvernement n’empêche pas la Duchesse de veiller à l’éducation de ses fils, Conan et Geoffroy, qu’elle confie au savant maître Guillaume qui instruisit leur père.

L’historien Guy-Alexis Lobineau, écrira :

« Nous ne formerons que des jugements favorables des talents que le Duc Alain Fergent avait reconnus dans Ermengarde à qui il confia pendant cette longue absence de la Croisade, la conduite de ses Etats, aussi bien que l’éducation de ses enfants. En effet, la Bretagne fut en paix pendant l’absence d’Alain Fergent et la Duchesse occupée du Gouvernement n’en donna pas moins d’attention à inspirer à ses enfants la même foi dont elle était animée ».

UNE  FEMME  EN  AVANCE  SUR  SON  TEMPS

En juin 1101, Alain Fergent est de retour au pays, il ramène d’insignes reliques dont une parcelle de la Vraie Croix, elles seront portées en grande solennité à l’église du Sauveur, à  Lohéac. Le Duc retrouve son Duché admirablement en ordre, et ne peux que louer l’administration de son épouse. Ermengarde est une femme en avance sur son temps. Durant l’absence de son mari, elle entreprend  de profondes  réformes sociales. Parmi elles, nous citerons : la liberté des villageois de se marier librement, d’acheter et de revendre des terres, la suppression des « corvées » qui ne sont plus que quelques journées de travail (rappelons que depuis l’an 950, Alain Barbe-Torte avait aboli le servage, alors que dans le Royaume de France il sévira jusqu’au XIIIe siècle), la faculté de faire appel à l’arbitrage du Duc contre leur seigneur en cas d’abus d’autorité. Un service militaire sur le lieu  même où ils habitent fait obligation aux villageois de se mettre au service de leur seigneur s’il est attaqué ; la suppression du « droit de bris » qui dépouillait les naufragés en faveur du seigneur du littoral sur lequel  ils avaient échoués, suppression encore de la coutume de s’approprier les biens, les terres des roturiers morts sans enfants. C’est donc  tout ce train de lois sociales, dont le pivot est la charité jointe à la justice qui va faire des Bretons un peuple heureux et prospère. Ce constat est tellement évident, que le Père abbé Geoffroy  du monastère de la Trinité de Vendôme écrit à la Duchesse :

« Madame, ce que j’ai entendu dire de vous, Princesse de race royale, ne m’est point désagréable. J’apprends que dans le gouvernement  temporel  vous suivez exactement les lois de justice. Vous faites fleurir la paix dans vos Etats. Vous faites du bien à tous, vous nourrissez les pauvres, vous étanchez la soif de ceux qui sont tourmentés, vous donnez des habits à ceux qui sont nus, vous essuyez les larmes de tous les affligés qui ont recours à vous, et l’on ne voit personne  sortir mécontent de votre présence ».

 

FLEUR  DE  BEAUTE  PLEINE  DE  SAVOIR

« Fleur de beauté pleine de savoir », c’est ainsi que ses contemporains l’appellerons, tant Ermengarde est lettrée. Elle se rend au Mont Saint-Michel, dont la bibliothèque est d’une richesse inouïe et est tenue par Robert de Thorigny, où elle peut admirer le travail des Bénédictins miniaturistes et lettristes. Ces grandes qualités et vertus attirent également l’attention du plus puissant esprit de son époque, Bernard de Clervaux, le futur Saint Bernard, promoteur d’un christianisme viril, arbitre d’une Europe qui se disait vraiment chrétienne, car il était impensable qu’il en fût autrement. Une édifiante et rayonnante correspondance naît entre l’illustre moine bénédictin et la Duchesse de Bretagne :

 «Votre joie fait ma joie, et votre allégresse communicative tient mon esprit en sécurité. Sainte allégresse née en vous de l’Esprit Saint ».

 On dira encore d’elle :

« Cette Dame était de même humeur que son Epoux, le Duc Alain Fergent de Bretagne, adonnée à la piété, justice et exercice de vertus. C’était la vraie Mère de son peuple, le refuge des affligés, le modèle et exemple de toute vertu »

En 1112, lors d’un voyage à Redon, Alain Fergent tombe gravement malade. On le porte au monastère. Désireux de finir sa vie dans la prière, le duc abdique en faveur de son fils aîné Conan. Alain Fergent retrouve la santé et Ermengarde, en accord avec lui, décide de se retirer au monastère de Fontevrault comme simple religieuse. En ce lieu de prières et de paix, elle n’oublie en rien de guider par ses sages conseils son fils Conan. Ermengarde apprend la mort de son fils Geoffroy tombé en Syrie alors qu’il défendait dans la grande plaine de Ninive les chrétiens encerclés par les forces musulmanes. Peu après, c’est la mort de son époux qui vient la frapper. Ermengarde quitte son couvent pour mener les funérailles solennelles d’Alain Fergent, qui est inhumé dans le chœur de l’abbaye de Saint-Sauveur de Redon, fondée par saint Konwoion, le moine conseiller de Nominoé. Conan demande à sa mère de ne point retourner à Fontevrault, il a besoin d’elle, ses conseils sont trop précieux.

 

FONDATRICE   D’ABBAYES   PRESTIGIEUSES

Le célèbre moine encourage Ermengarde à fonder dans son duché  de nombreuses abbayes, citons entres autres : Notre Dame de Bégard, Notre Dame du Relecq en Plounéour-Ménez, Notre Dame de Buzai près de Nantes, Notre Dame de Langonnet, Notre Dame de Bon-Repos, Notre Dame de Vieuxville en Epiniac, Notre Dame de Lanvaux en Grand-Champ, Notre Dame de  Botgwenn (Boquen). Toutes ces abbayes seront profanées et détruites à la Révolution française. Si aujourd’hui, certaines sont partiellement restaurées, c’est uniquement dans un souci de préservation du patrimoine religieux breton, ce qui est une excellente chose, mais la finalité est profane, seul le festif touristique anime ces lieux.

L’abbaye de Boquen restaurée par Dom Alexis Presse est une exception, de même l’abbaye de Landévennec, mais dans cas, il n’y a pas eu de restauration des ruines, mais construction d’une nouvelle abbaye. Les ruines de l’antique abbaye jouxtent les bâtiments conventuels modernes. C’est le grand problème de la politique  de préservation du patrimoine architectural en France, on préfère conserver les ruines, entreprendre quelques restaurations, les Bâtiments de France ont la hantise d’être accusés de faire du Viollet-le-Duc, donc du pastiche de l’ancien.

Ermengarde est aussi en relation avec le moine breton, Robert d’Arbrissel (1047-1117), grand prédicateur, et fondateur de l’abbaye de Font-Evraud (Fontevrault). Elle est aussi en correspondance avec le célèbre et controversé Abélard de Saint Gildas de Rhuys. En 1129, elle reçoit le voile des mains de Bernard de Clairvault, et fait le voyage en Palestine où son frère Foulques d’Anjou est roi de Jérusalem depuis la mort de Baudouin. Son âme ardemment religieuse est heureuse de contempler les lieux saints que son mari a contribué à délivrer du joug de l’islam. En signe d’action de grâce, elle entreprend de bâtir une église au puits de Jacob où Jésus parla à la Samaritaine. Hélas, un raid ennemi détruit le sanctuaire qui allait vers son achèvement, Ermengarde qui doit retourner en Bretagne est contrainte d’abandonner ce projet. De retour dans son Duché, elle apprend que le Prieur du Mont Saint Michel, Bernard du Bec a bâti sur l’îlot voisin de Tombelaine un prieuré et une chapelle dédiés à Notre Dame la Gisante dont le fanal éclaire chaque nuit les marins. Ermengarde dépose sur l’autel de granit breton un cœur de rubis et ses plus beaux diamants. En 1793, le Mont est profané et transformé en prison, le sanctuaire de Tombelaine est pillé, les trésors déposés par Ermengarde emportés par la soldatesque révolutionnaire, le Prieuré  de Tombelaine est démoli. De nos jours, il ne reste plus que quelques murets…

Le 1er juin 1147, Ermengarde rend son âme à Dieu, son corps est déposé au côté de celui de son époux, dans l’abbaye Saint Sauveur de Redon. D’après l’historien Albert Le Grand, elle est déclarée Bienheureuse, en faisant ainsi une sainte … non reconnue par l’Eglise, contrairement à une autre Duchesse bretonne, Françoise d’Amboise (1427-1485), béatifiée par le Pape Pie IX, le 11 juillet 1863.

 

CE  VISAGE  ROYAL  QU’ON  VANTE  AVEC  TRANSPORT

Ermengarde, avait pesée de toute son autorité pour, en 1096, faire nommer évêque de Rennes, le célèbre Marbode, d’origine angevine comme elle. Il avait la charge de Maître Ecole, c’est-à-dire celle de chef suprême des Etudes, qui rivalisait avec les Universités de Paris, Chartres et Rennes. Marbode fut un des grands esprits renommés de son temps, et reconnu comme un évêque, orateur, poète, sans doute le plus grand du XIe siècle. Impressionné par la haute personnalité d’Ermengarde, il écrivit une épître qui est un  portrait de la duchesse bretonne, véritable élégie louant ses vertus, mais lui rappelant avec lyrisme, tendresse et tristesse,  qu’en ce monde « tout est éphémère » :

« Fille de Foulque, honneur du pays d’Armorique –             Belle, candide, illustre, ingénue et pudique – Si vous n’aviez pas pris le fardeau de l’hymen – Si des fils n’étaient pas sorti de votre sein – J’aurais cru voir en vous la déesse de Cynthe. Mais rien ne remplaçant la virginité sainte – Princesse par l’hymen, princesse par le sang – Je puis à tout le moins vous mettre au premier rang des déesses qu’on vit unir leur destinées aux dieux, et contracter d’Immortels hyménées.

Parlant d’elles et peignant leur beauté – Je tracerais de vous un portrait non flatté. Mais toutes ces splendeurs dont la femme est si fière, passerons comme l’ombre et deviendrons poussière – Ou si votre destin doit prolonger son cours, si vous devez compter sur d’innombrables jours – Subissant des horreurs presqu’à la mort pareilles –Vous-même serez mise au nombre des vieilles.

Ce visage royal  qu’on vante avec transport – Qu’on vante avec raison, la vieillesse ou la mort – Le flétriront ; ces yeux au regard vif et tendre – Et ces longs cheveux blonds se réduiront en cendres. On dit que votre esprit éloquent et subtil – Ne connaît point d’égal. Et qu’en restera-t-il ? Ce qui peut en rester de mieux : la renommée : c’est-à-dire du son, du vent, de la fumée.

La mite sait ronger les tissus de drap d’or – Et le voleur ravir diamants et trésors – Le sage prise peu ces choses périssables _ Vos rideaux empourprés font-ils plus délectables – Des nuits que vient troubler la crainte du trépas ? – Le vers prennent leur part de vos riches repas. Valets, femmes, châteaux, donjons et forteresses, a la mort, il faudra de toutes ces richesses – Se séparer, Comtesse, au-delà du tombeau – Que vaudront votre titre et le royal bandeau – Et le manteau ducal fourré de blanches hermines – Et vos gardes d’honneur, gens de si bonne mine ?

Faut-il énumérer tous les trésors divers – Qu’accumulent pour vous et la terre et les mers ? A tous ces biens, Madame, il manque la durée – Mais votre âme dévote à Jésus consacrée – Des pauvres vous faisant le pain, le vêtement – Voilà, pour l’œil de Dieu, votre bel ornement – Voilà votre trésor, voilà votre richesse – Que ne détruiront point la mort, ni la vieillesse »

Dans notre précédent article sur Lady Mond, nous avions fait le rapprochement entre cette grande Dame du XXe siècle et Ermengarde, soulignant combien il y avait entre elles des points communs : la foi, la charité, le goût de la beauté des choses, un esprit avide de connaissances. Toutes deux surent mettre leur réussite, leur fortune au service des plus humbles, toutes deux eurent le souci de leur peuple. Toute  deux surent, car leur foi guidée par de grands esprits le leur rappelait, que toute chose passe comme le chante si intensément notre beau cantique des trépassés Tremen ‘ra pep tra :

«Selaou, va breur ker – Buan ‘red an amzer – Tremen ‘ra pep tra – Nerz, madou, yec’hed, yaouankiz ha gened – Tremen ‘ra pep tra »

« Ecoute, mon cher frère – Le temps court vite- Toute chose passe –Force biens, santé, jeunesse et beauté ».

C’est bien ce que chante, et lui rappelle dans son poème  l’évêque Marbod.

 

SOURCES & ILLUSTRATIONS :

Histoire de Bretagne de Arthur Le Moyne de La borderie

Histoire de Bretagne de Dom Lobineau

Histoire de Bretagne de Pitre-Chevalier

Vie des Saints d’Albert Le Grand

Breiz Vision d’Histoire de Herry Caouissin, édition Melezour Breizh (1969)

Ermengarde, l’autre duchesse de Bretagne, de Philippe Carrer. Edition Coop-Breizh (2003)

Ermengarde, fleur de beauté et pleine de savoir, histoire en BD de Jann Poher, alias Janig Corlay, illustré par A.Gaudelette, journal l’Appel d’Ololê N° 5 (1970)

L’Histoire de ma Bretagne, illustré par Le Rallic, édition culturelle de l’Urz Goanag Breiz – Ololê (1943)

  • Lady Mond, une Grande Dame Bretonne, par Yvon Abgrall (wwww. argedour.bzh)

À propos du rédacteur Yvon Abgrall

Publiant régulièrement des articles dans la presse bretonne, il propose pour Ar Gedour des articles documentés sur le thème "Feiz & Breizh" (foi et Bretagne), d'un intérêt culturel mais aussi ancrés dans les préoccupations actuelles.

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Un commentaire

  1. Petite contribution à la connaissance de cette femme extraordinaire, je viens d’acheter un voilier modeste mais original et l’ai nommé “ERMENGARDE” je compte sur la curiosité des gens pour leur fournir toutes les explications nécessaires j’ai le livre de PH.CCarrer. Mes précédents bateaux se nommaient : “Perceval” et “Nominoë”
    Bravo pour votre travail, cordialement

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