[GUENIN] La chapelle du Koh Coët est à vendre

Amzer-lenn / Temps de lecture : 5 min

C’est Ouest-France qui en parle aujourd’hui : après la chapelle de St Julien et Saint Cornély dont nous nous étions fait l’écho en 2018, la chapelle du Koh Koed en Guénin est à vendre sous cette description :

DESCRIPTIF DÉTAILLÉ : Un bâtiment construit en pierres et couvert en ardoises, mitoyen d’un côté, (anciennement à usage de chapelle), comprenant : une grande pièce au rez-de-chaussée.

Pour 63600€, vous pouvez donc acquérir via Le Bon Coin ou directement via le notaire cet ancien lieu de culte pour en faire une habitation, un restaurant, ou bien d’autres destinations qui auraient certainement fait bondir ceux qui ont mis de l’argent pour bâtir et entretenir cet ex-voto.

Car cet édifice dédié à saint Cado n’est plus utilisé que pour de l’entrepôt. La chapelle plus connue sous le nom de chapelle du Koh Coët a en effet été désacralisée dans les années 2010 par l’évêque de Vannes, ce qui permet de la vendre, détaille au quotidien le Père Le Guével, recteur de l’ensemble paroissial de Baud, qui inclut Guénin. Nous pouvons cependant nous interroger sur la présence encore effective de l’autel et de la statuaire.

A ce jour, il semble impossible de sauver toutes les chapelles, d’autant plus que l’intérêt des Bretons pour leur patrimoine religieux semble s’amenuiser. Patrimoine touristique, il peut encore intéresser. Le religieux est laissé de côté, comme s’il n’avait plus d’importance, excepté une fois dans l’année pour le pardon. Voilà pour nos chapelles… et dans un futur proche, l’avenir de certaines églises.

La chapelle, bénie le 30 octobre 1960 par Mgr Bellec, alors évêque de Vannes, ne présente pas d’intérêt architectural majeur même si elle a un certain charme. Le clocher devrait être démonté pour être placé sur un édifice religieux. Il provenait d’un édifice situé non loin de Koh Coët, le village de Tellené. C’est le remembrement qui a eu raison de la chapelle ancienne (datant de 1834) durant l’hiver 1959, le pignon ayant donc été réutilisé pour édifier la chapelle de Koh Coët.

L’édifice a été utilisé comme lieu de culte pendant de nombreuses années pour le quartier de Koh Coët et de nombreux hameaux alentours, de Guénin, mais aussi de Remungol, de Plumelin, de La Chapelle-Neuve. « Cette chapelle faisait partie d’un ensemble constitué d’une maison des religieuses et d’une école privée, explique au journaliste le Père Le Guével. L’école s’est arrêtée, les religieuses sont parties. »

Plus de projet pour cette chapelle ou ailleurs implique de facto des choix immobiliers. Actuellement, en attendant qu’elle soit vendue, la chapelle est utilisée comme entrepôt pour la GDSA 56 (Groupement de défense sanitaire apicole du Morbihan). Une analogie qui vaut ce qui vaut, mais comment ne pas faire le parallèle entre les abeilles en voie de disparition et la disparition inéluctable des chapelles de quartier, victimes du varroa destructor qu’est la sécularisation actuelle, puisant ses sources dans le poison laïciste français.

D’ailleurs, un calvaire se trouve aussi sur ce terrain, avec une date mentionnée sur son socle : 1895 (ou 1845 ?). Le père Jean-Yves Le Guével précise à Ouest-France que « le calvaire, installé sur le même site que la chapelle, devra être déplacé sur un terrain non privé, pour être inclus dans le patrimoine religieux de la commune ». Il ne fait aucun doute que des fondamentalistes laïcards trouveront alors à redire.

Nous pleurons à chaque fois qu’une chapelle ou qu’une église disparaît. Pour beaucoup ce ne sont que des bâtiments. Or c’est bien plus que cela. Ici, une vente. Dans une paroisse finistérienne, c’est une chapelle appartenant à une congrégation qui sera rasée, sauf si un projet est proposé. Soyons cependant lucides : nous ne pouvons malheureusement sauver toutes les chapelles qui menacent ruine. Il existe encore des comités de chapelle actifs, et heureusement. Sans eux, les choses seraient autrement. Mais si, partout où se trouvent de tels édifices et où les comités de chapelle sont en déclin ou inexistants, les cathos locaux sont incapables de se prendre en main pour maintenir une réelle vie spirituelle et culturelle autour de ces chapelles, si les Bretons se fichent de l’avenir d’un patrimoine légué par leurs aïeux, qu’importent les associations qui tenteront de sauvegarder ces édifices puisque ces derniers ne seront plus dans les faits que les parthénon chrétiens d’un âge qui semble révolu. Les pardons deviendront alors comme des fêtes de vieux métiers, reconstitutions historiques d’un temps qui fut.

Alors nous pouvons toujours pleurer la vente d’une chapelle. Mais à chaque breton, à chaque chrétien de ne pas se contenter d’un tel état de fait et de réagir à temps, dans les terres où il vit. Il existe des associations qui travaillent sans relâche à essayer de faire vivre les chapelles : Breiz Santel, les chapelles chantantes, l’Oeuvre de St Joseph, les priants des campagnes, etc. Puissent ces associations travailler ensemble pour une dynamique de résurrection. Puissent les lecteurs d’Ar Gedour les soutenir sur le terrain.

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*Varroa destructor est une espèce d’acariens parasites de l’abeille adulte ainsi que des larves et des nymphes. Il est originaire de l’Asie du Sud-Est, où il vit aux dépens de l’abeille asiatique Apis cerana qui résiste à ses attaques, contrairement à l’abeille domestique européenne Apis mellifera. Ce parasite provoque des pertes économiques importantes en apiculture et il est une des causes de la diminution du nombre d’abeilles. Ayant colonisé quasiment toutes les zones où Apis mellifera est présente, la varroose est désormais un problème d’ordre mondial.

À propos du rédacteur Tudwal Ar Gov

Bretonnant convaincu, Tudwal Ar Gov propose régulièrement des billets culturels (et pas seulement !), certes courts mais sans langue de buis.

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14 Commentaires

  1. Dominique de Lafforest

    bien vu ! l’abandon des chapelles est un des signes de l’apostasie qui s’est installée dans les esprits dans le demi siècle passé. écoutons ou ré- ecoutons la question posée aux Français au Bourget par le Pape “venu de l’Est”.

  2. La paroisse de Bégard (10 relais, 8 communes) compte 13 chapelles. Toutes sont en très bon état sauf une qui nécessite de gros travaux pour lesquels des bénévoles réunis en association se démènent. Les chapelles ont été restaurées au fil des années, par les communes parfois et le plus souvent par des comités de quartier. Les équipes semblent s’essouffler et elles vieillissent. Les motivations des membres évoluent aussi au rythme de la société. A l’époque des créations des associations, l’objectif religieux était le moteur des projets. Aujourd’hui de plus en plus de membres mettent surtout en avant l’aspect culturel, historique et nostalgique… La démarche religieuse semble céder inexorablement du terrain devant la démarche muséale. Pour beaucoup de ces chapelles l’avenir me paraît en demi teinte.
    Les pardons sont encore célébrés chaque année. Les chrétiens se faisant rares comme les beaux jours pendant les mois noirs, pendant combien de temps encore pourra-t-on maintenir partout les célébrations religieuses annuelles ?
    Une seule chapelle est à peu près assurer de tirer son épingle du jeu. Il s’agit de la chapelle Saint Hervé du Menez Bre en Pédernec. Elle est ouverte régulièrement de mars à octobre et bon an, mal an, les chrétiens s’y rassemblent 2 ou 3 fois pour la messe ou des vêpres…

  3. Petra vez graet gant ar maer Guenen ?

    • La nouveauté dont parle cet article avec justesse est celle de l’abandon progressif de ces lieux qui faisaient autrefois la gloire de nos ancêtres. Nous sommes peut-être en train de franchir un nouveau cap dans cette situation d’apostasie qui pourrit tout, et qui touche maintenant toute la société occidentale.

      Apostasie de fin des temps qui détruira tout si Dieu n’intervient pas très rapidement. Il faut être clair sur les termes : les sociétés qui se renient à se point n’ont aucun avenir. Le passé et l’avenir les condamnent irrémédiablement à disparaître. La disparition progressive de nos lieux de culte n’est que la conséquence de notre mort spirituelle et civilisationnelle.

      Cette crise de la foi est absolument terrifiante, et à moins d’un miracle il faut s’attendre à des malheurs pires encore que tout ce que nous avons vécu jusqu’à aujourd’hui. Entre châtiment d’aveuglement et fuite en avant dans la décadence totale, rien ne semble plus pouvoir réveiller nos contemporains ! Aussi que Dieu nous vienne en aide avant qu’il ne soit trop tard !

  4. L’avenir est plus compromis encore quand, arrivant fin juin, les pardons ne sont toujours pas autorisés dans certaines paroisses, telle que saint Tugdual Douarnenez… certaines personnes veulent elles la fin des pardons sous prétexte de coronavirus ?

    • Certaines personnes veulent la fin de tout ce qui nous civilise, inutile de le nier. Sous leurs coups, tout ce qui rappelle la France ou la Bretagne de toujours devra disparaître ne vous en déplaise. Et nous allons bientôt toucher le fond, c’est maintenant une évidence.
      C’est aussi un scandale absolu : La désacralisation de nombreux lieux de culte et leur reconversion forcée en autre chose, devrait en faire réagir plus d’un.

      Mais non, car le suicide cérébral suit de peu la perte de la foi, et quand on pert la foi on pert aussi le bon sens qui caractérise toute philosophie pérenne. Quand au coronavirus, il est le prétexte idéal pour faire avancer la révolution sans parler du cortège de folle-dingueries qui la caractérise tant.

  5. J’aimerais que l’évêque de Quimper et Leon s’exprime sur ar gedour à ce sujet….. beaucoup l’attende….

  6. la logique des “ralliements” progressifs et successifs des hommes d’Eglise à l’institution politique république, d’essence satanique, depuis le Concordat napoléonien, arrive en application à son apogée : apostasie générale et mort conséquente du culte et des lieux de culte catholiques.
    Pourquoi pleurer les effets dont on a chéri la cause, “le Ralliement”, depuis si longtemps ?
    le Bon Dieu permet simplement que nous supportions les conséquences d’une relation contre-nature des hommes d’Eglise avec la république et sa fondatrice revendication de l’Homme Autonome. (l’Homme devenu sa propre fin, sans DIEU ni créateur).
    Quand Nos Seigneurs les Evêques nous guideront enfin dans la défiance de la république, pour commencer, puis le refus de la souveraineté du peuple et du suffrage universel, toute cette diabolique relation putative ne sera plus qu’une mauvaise passe seulement datée dans l’histoire du salut.

    • Certes oui bien sur, mais en attendant que de dégâts, que de malheurs, et surtout que d’âmes perdues pour le Bon Dieu. La chrétienté, c’est quand même le meilleur moyen que le Ciel et l’Église aient trouvé pour nous offrir un maximum de chances d’assurer notre salut.
      Et c’est bien ce que nous devons rechercher avant tout.
      Pour le reste, le spectacle affligeant d’un tel naufrage m’ hérisse le poil sur tout le corps, et je tremble à l’idée des conséquences à venir suite à de pareils sacrilèges ! si l’enfer se déchaîne à ce point, et que les multitudes succombent tout autour de nous sous l’action de pareilles puissances d’égarement et de mensonge, que restera t-il bientôt du monde que nous avions connu ?

      • L’article est très bien documenté mais incomplet, et ne dit pas tout !

        Ne pensez vous pas qu’il serait intéressant de connaître les noms et le pédigrée des responsables de ce scandale ?! Concrètement, c’est qui qui a mis la chapelle en vente ?

        • Ouais… bof…
          Si les locaux eux-mêmes ne contribuent pas à faire vivre ce lieu, alors ils ne faut pas s’étonner d’une mise en vente. Dans ce patelin ou ailleurs. Les responsables de ce scandale, ce sont avant tout les laïcs qui mettent désormais leurs dieux ailleurs. On peut jeter des cailloux aux évêques et aux curés, mais en fin de compte, même avec la meilleure volonté du monde, si l’habitant du coin s’en tape, à quoi bon garder de tels bâtiments ?

          Ceci est un avant-goût de ce qu’attendent nos églises, elles aussi de moins en moins fréquentées.

          • Bof… ouais… pourtant ne vous en déplaise, à Guénin comme ailleurs, la pratique religieuse n’est pas sinistrée au point qu’on ne puisse même plus faire dire une messe le jour du pardon, ne racontez pas n’importe quoi ! Tout cela est faux. Il ne s’y trouve pas non plus 50 chapelles à desservir.
            Sinon ça se saurait.
            Preuve du contraire de ce que vous affirmez sans savoir, le secteur possède une autre superbe chapelle dotée celle-là d’un très beau pardon traditionnel célébré tous les ans comme il se doit, et qui attire beaucoup de monde. Les bénévoles y sont très motivés et font un excellent travail. Bravo à eux.

            Quand à la chapelle de Koh Coet, une messe annuelle y est tout à fait envisageable. C’était encore le cas il y a peu ! Mais peut-être pourriez-vous nous expliquer ce qui s’est passé là-bas puisque vous êtes si malin !

            Deuxièmement avant de jeter la pierre aux autochtones, il serait peut-être plus intéressant de nous dire si ces derniers ont été consultés ou non sur le devenir de leur chapelle ! Réponse à la devinette : Évidemment non. De toute façon, la question n’est même pas de cette ordre-là.

            La solution du problème serait plutôt la suivante : que les propriétaires actuels fassent don de la chapelle à la commune de Guénin. Du coup les ”locaux” comme vous dîtes se sentiront peut-être un peu plus concernés ! Prière de ne pas les prendre trop vite pour des imbéciles. Merci.

        • Qu’attendez vous pour l’acheter et l’entretenir de vos propre deniers ?
          C’est facile de critiquer le clergé ou l’association propriétaire, mais plus difficile d’entretenir une chapelle privée, qui servirait une fois l’an. L’Eglise vit des dons des fidèles, de moins en moins nombreux, et ne peut pas se permettre d’entretenir des bâtiments qui ne servent plus. Quant à en faire don à la commune, je ne suis pas sûr que nos municipalités, qui ont déjà des difficultés à boucler leur budget, veuillent s’encombrer d’un tel bâtiment, le risque par ailleurs serait que la commune transforme la chapelle en salle polyvalente ou en bâtiment technique, le résultat serait donc le même que la vente.
          On peut déplorer cette vente, mais il faut quand même un minimum de réalisme.

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