Nous évoquons régulièrement l’idée qu’une réorganisation des paroisses suivant les principes des Plou et des trèves pourrait palier à la question des paroisses mourantes et au fait qu’il y ait de moins en moins de prêtres pour des territoires de plus en plus grands. Cette question organisationnelle ne peut évidemment se départir de la question missionnaire permettant peu à peu d’être propice à un éveil de vocations, notamment sacerdotales. Nous avions publié en octobre 2014 le texte d’une conférence d’Yves de Boisanger intitulée « disparition des paroisses et renaissance des plou« . Nous vous proposons aujourd’hui de découvrir un peu plus ce que sont les trèves ou paroisses tréviales, texte issu de ce site.
Ce mot commun à toutes les contrées celtiques où il représente une division territoriale de base n’a pas au moins au départ une connotation ecclésiastique. Au pays de Galles, le mot « tref, tre » est assez fréquent en toponymie. En pays Cornique, le mot « trev, tre » est très fréquent en toponymie également. En Bretagne, on retrouve ce mot en moyen breton (1100-1650) tout d’abord avec le mot Treff, puis en breton Trev, le v se prononçant o en fin de mot, qui a pu donner en français Trève et paroisse-trèviale, et non Trêve qui a un autre sens, mais que l’on retrouve parfois sous la plume de certains auteurs. On trouve le mot vieux-breton treb dans les actes du Cartulaire de Redon et le mottref dans les actes du Cartulaire de Landévennec. On trouve encore en 1478 le « treff de Couhannec en la parouesse de Cavan » et « le treff de Treffgoustat, paroisse de Pléstin » en 1502.
La trève ecclésiastique est administrée par un curé (vicaire), en breton kure, dépendant du recteur, en breton Person, de la paroisse-mère. A noter que ce curé avait la charge de l’état civil dans la trève, car c’est lui qui remplissait les registres paroissiaux,; la trève était d’ailleurs une paroisse dite aussi : succursale ou fillette de l’église mère ou matrice, dont elle constituait l’annexe spirituelle.
Devant l’évolution démographique des paroisses, et surtout lorsque la surface de celles-ci était importante, les fidèles ne pouvaient sans difficultés se rendre à l’église surtout pour les baptêmes, car il était d’usage de baptiser l’enfant nouveau-né sitôt sa naissance. Ainsi dans la paroisse de Lanloup en 1467, le premier acte de baptême retrouvé, les parents de la baptisée sont de la paroisse de Plouha. Ce cas est loin d’être isolé. Pour la période 1467-1743, sur cinquante et un actes de baptêmes insérés dans le registre, on remarque que seize enfants sont originaires de Plouha, onze de Plouézec et un de Pléhédel.
Pour créer une trève, il fallait en référer à l’évêque et c’est en général le seigneur du lieu, qui faisait cette démarche. Par décret épiscopal du 6 avril 1630, la chapelle de Sainct-Julien , dépendant de la seigneurie de la Coste, fut érigée en trève et église succursale de la paroisse de Plaintel. La même année des fonds baptismaux y furent établis et la paroisse de Saint-Julien de la Coste commença d’exister. Dès 1695 le curé s’intitule recteur dans les registres paroissiaux, ce qui marquait son indépendance à l’égard du recteur de Plaintel. Cela fut confirmé par deux décrets épiscopaux érigeant la trève de Saint-Julien en paroisse indépendante les 7 juillet 1699 et 30 octobre 1732. Les seigneurs de la Coste ont donc été les fondateurs de la paroisse de Saint-Julien, tels qu’il est inscrit dans les décrets épiscopaux et qu’ils l’ont dotée. Propriétaires de la chapelle de Saint-Julien, ils y ont fait faire les travaux pour la transformer en église. Le principal artisan de cette transformation fut Jean-François du Gouray, marquis de la Coste, né vers 1620, lieutenant du Roi en Basse-Bretagne. Les seigneurs de la Coste furent « présentateur du recteur » de Saint-Julien jusqu’en 1790.
Ce que l’on vient de voir s’applique à peu de choses près à toutes les trèves, ainsi l’Hermitage-Lorge, qui existait en temps que chapelle en 1506, fut érigée en paroisse trèviale dépendant d’Allineuc par décret épiscopal du 27 février 1627.
Pour étayer notre idée d’évolution démographique tendant à la création des trèves, nous avons trouvé dans le mémoire de Jean-Louis Le Floc’h, déjà cité, les chiffres de population des trèves de la partie haute de l’évêché de Cornouaille. Il ressort de cette étude que seules deux trèves ont à peu près 200 habitants, mais que 10 trèves ont entre 800 et 900 habitants, que huit ont entre 1000 et 1200 habitants et trois entre 2000 et 2400 habitants. Ceci nous prouve qu’avant 1790 les trèves de cette région étaient peuplées et auraient pu aisément être érigées en paroisses indépendantes.
Dans le Nord FINISTERE
nous avons les paroisses de TREFLEZ, TREFLAOUENAN, TREOMPAN, TREFLEVENEZ, TREOUERGAT, TREBABU,
TREGARANTEC,..