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Homélie 4è dimanche de Carême : « Laissons Jésus nous ouvrir les yeux »

Amzer-lenn / Temps de lecture : 5 min

Voici une homélie pour ce 4ème dimanche de Carême (dimanche de Laetare), dont vous pouvez trouver les textes via ce lien.

Bez laouen, Jeruzalem ha c’hwi holl a gar Jeruzalem, en em unanit : bezit el levenez, c’hwi holl a zo bet en dristidigezh ; ra vo leun ho kalon a eürusted hag a frealzidigezh

Ce n’est pas tous les jours facile de croire. Vous en conviendrez. Ce serait tellement plus simple si Jésus nous faisait un signe évident  du style d’une bonne apparition, façon Mont Thabor ou en envoyant un SMS  « Oui je suis là » signé Jésus. Ou alors une guérison miraculeuse. Là ce serait une vraie preuve, une preuve solide, irréfutable…

Tous, nous demandons des signes ;  un jour ou l’autre nous avons été tentés d’en demander. Seigneur c’est promis si tu m’accordes ceci ou cela j’irai à la messe tous les jours ou presque, et je donnerai leur part aux pauvres.

C’est pour cela que le comportement des pharisiens dans l’Evangile  que nous propose ce Dimanche nous parait scandaleux : comment peuvent-ils à ce point  ne pas admettre le miracle qui s’est accompli d’une manière aussi éclatante et visible ? L’aveugle guéri a beau décrire le plus précisément possible l’événement qui lui a rendu la vie, rien n’y fait.

Comme l’aveugle est rejeté, Jésus sera rejeté par son peuple, jeté dehors par les pharisiens. C’est ce que dit Jésus lui-même dans le texte que nous avons entendu  : « C’est pour un discernement que je suis venu dans  ce monde pour que ceux qui ne voient pas voient et que ceux qui voient deviennent aveugles ».

Cela peut nous amener à réfléchir sur le rôle des miracles. On ne peut pas douter de leur réalité  dans l’Evangile  comme dans la vie de l’Eglise aujourd’hui tant elle est scrupuleuse avant de dire que la situation d’un malade guéri à Lourdes par exemple ne recèle aucune explication scientifique acceptable.

Mais notre foi doit-elle se fonder sur les miracles ?

Vous savez que pour que quelqu’un soit béatifié il faut qu’il ait fait un miracle après sa mort et non pas de son vivant. D’un côté ces phénomènes nous amènent à croire  mais d’un autre côté Jésus veut que nous allions vers lui librement par choix. Dieu est un bon pédagogue, qui sait donner à chacun d’entre nous les signes qui conviennent : il nous donne assez de lumière pour croire et il laisse suffisamment d’obscurité  pour que nous choisissions de ne pas croire. Finalement c’est nous qui sommes en cause…

J’ai un ami qui est iconographe. Il peint donc des icônes de saints et des scènes d’Evangile. Quand il prépare une icône il commence par les couleurs sombres. Il fait remonter l’image du néant, du tohu bohu. Et la couvre progressivement de lumière jusqu’à ce que le sujet soit parfaitement clair. En le voyant travailler je suis comme l’aveugle, je ne vois rien et quand je vois que c’est achevé je suis admiratif. Mais au fond qu’est-ce que je vois ? Une image ? Non…  ce que je vois, c’est une histoire de foi. C’est comme l’aveugle qui ouvre les yeux   et dit « JE CROIS SEIGNEUR » en se prosternant devant lui.

Les pharisiens, eux, voient Jésus. Ils voient tout ce qu’il fait ! mais ils voudraient un signe ! Or Jésus leur en fait des tonnes de signes. Ils ne veulent pas les voir. Ce n’est pas une question d’œil, c’est une question de cœur  comme devant une icône.

Le regard de notre cœur c’est lui qui nous permet de reconnaître Dieu à travers les signes qu’il nous fait.

Eh oui  ! parce que Dieu continue à nous faire des signes tous les jours et nous ne les voyons pas, absorbés que nous sommes à lire notre journal, à surfer sur internet, ou regarder une émission à la télévision ou un débat politique en cette période électorale se débattant au milieu d’affaires…

Dieu nous fait des signes ; chaque matin  le soleil se lève et nous ne nous émerveillons pas, chaque jour nous nous levons et nous ne rendons pas grâce, nous ne voyons pas une main tendue,  un regard ou un sourire échangés, un pardon demandé et accepté.

Si nous ne voyons pas c’est peut-être parce que  notre regard ne sait plus capturer la lumière.

Il faut donc que nous allions à la piscine de Siloë. Peut-être le carême est-il ce temps où nous pouvons retirer ce qui nous empêche de voir ce que Dieu fait dans nos vies. Allons donc à la piscine de Siloë.

Ne cherchez plus… Elle existe cette piscine . On y rentre à genou et on en sort debout. Elle existe :  Jésus savait bien qu’il ne serait pas toujours là pour guérir les aveugles alors il nous a laissé cette piscine : d’abord celle du baptême puis celle du sacrement de réconciliation. On y arrive aveuglé par notre péché, et on ressort libéré de tout, léger et clairvoyant.

Comme le dit St Paul, nous sommes  des fils de la lumière, nous sommes faits pour cette lumière, ne la refusons pas. Laissons Jésus nous ouvrir les yeux !

À propos du rédacteur Père Jean-Paul Cado

Originaire de Kernascléden, il a été ordonné prêtre en 1976. Il servira successivement les paroisses du Faouët, de Guémené, Quéven, Gourin, Grand-Champ, Guer et Pontivy dont il était archiprêtre. Retiré à Kernascléden, il sera au service du doyenné du Faouët puis de Guéméné/ Scorff, avant d'être nommé recteur de Kernascléden en septembre 2017. Attaché à la culture bretonne et à l'expression de la foi en langue bretonne, il met à la disposition des lecteurs d'Ar Gedour certaines de ses homélies.

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