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HOMELIE DU DIMANCHE : Notre Père…

Amzer-lenn / Temps de lecture : 4 min

Les lectures de ce dimanche nous invitent à nous questionner sur le sens profond  de la miséricorde et de son expression la plus profonde dans le pardon. Pourquoi et comment pouvons-nous pardonner ?  Abraham supplie Dieu de pardonner à Sodome à cause des justes qui y vivent. En effet, cela serait contraire à la Sagesse de Dieu de condamner en même temps le juste et le pêcheur. Qui y-t-il de plus horrible que la condamnation injuste et encore plus si cela vient de Dieu ! Abraham obtient le pardon de Dieu et sauve Lot et sa famille mais les villes de Sodome et Gomorrhe sont détruites.

Avec le Christ la logique, peut-on dire, s’inverse. Si dans la genèse Dieu n’avait pas confondu le juste et le pêcheur, avec le Nouveau testament et la Bonne Nouvelle en Jésus, Dieu traite le pêcheur comme s’il était un juste. A la Croix, le seul à se présenter justement comme l’unique responsable, comme l’unique à porter la faute du péché c’est le juste par excellence, Jésus, le Fils bien aimé. La miséricorde ne consiste pas à ignorer le péché, de fait le mal de l’humanité, Jésus le porte et en meurt, par amour pour chacun d’entre nous. La miséricorde est autre :  Jésus, le juste, se présente comme l’unique responsable an face de Dieu. La justice est donc bien respectée le Fils a porté le mal. Mais la miséricorde est accomplie, Dieu n’a pas fait porter la faute à l’humanité. Le juste se présente comme pêcheur pour donner accès à tous les pêcheurs à la grâce du pardon.

Ici, se situe le scandale de la croix et la miséricorde infinie de Jésus qui se traduit dans la prière du Notre Père dans l’Evangile de ce jour. Qu’est-ce que la Croix a laissé en ceux qui l’ont vue, en ceux qui l’ont touchée ? Que laisse-t-elle en chacun de nous ? Le pape François à Rio affirme : « Elle laisse le bien que personne ne peut nous donner : la certitude de l’amour inébranlable de Dieu pour nous. Un amour tellement grand qu’il entre dans notre péché et le pardonne, qu’il entre dans notre souffrance et nous donne la force de la porter ; qu’il entre même dans la mort pour la vaincre et nous sauver. La Croix du Christ renferme tout l’amour de Dieu, son immense miséricorde. Et c’est un amour auquel nous pouvons nous fier, auquel nous pouvons croire (…) Seul dans le Christ mort et ressuscité nous trouvons le salut et la rédemption. Avec lui, le mal, la souffrance et la mort n’ont pas le dernier mot, parce que lui nous donne espérance et vie : il a transformé la Croix, d’instrument de haine, de défaite, de mort en signe d’amour, de victoire et de vie ». »

La prière du Notre Père nous éduque à vivre de ce fruit de miséricorde. Elle nous fait découvrir nos besoins de nourriture pour vivre, certes, mais aussi de miséricorde pour jouir de cette même vie. Elle nous rappelle notre fragilité, la possibilité de succomber à devenir sans cœur, à maltraiter les nôtres ! Mais elle le fait en nous rappelant, dans le même souffle, que nous sommes aussi capables de louer Dieu et de pardonner. Il n’y a donc plus d’un côté les justes et de l’autre des pécheurs. Il n’y a pas mélangés les uns aux autres des justes et des pécheurs. Il y a des hommes et des femmes qui sont capable du meilleur et du pire ! Il y a des hommes et des femmes tendus entre divers désirs qui révèlent et cachent, à la fois, ce qui les habite, ce qui les travaille, ce qui leur manque et ce à quoi ils aspirent en tant qu’enfants de Dieu, créés à son image. C’est du cœur de ces hommes et de ces femmes que monte la prière que Jésus enseigne. Cette prière nait dans son cœur très spécialement à la Croix. C’est sur les lèvres des hommes et des femmes qu’elle prendra forme et circule, eucharistie après eucharistie, dans nos assemblées.

Puissions-nous apprendre du Notre Père qu’il n’y a pas les justes et les pêcheurs, car même Jésus s’est offert au Père en niant cette distinction, mais une seule humanité capable d’être mauvaise et de pardonner, de nourrir et d’affamer. Mais Jésus va plus loin. Dans la prière, il n’y aurait, au fond, qu’une demande : donne-nous l’Esprit Saint. Autrement dit, Jésus nous prie de prier Dieu de se donner lui-même et de recevoir le reste – nourriture, pardon et force dans la tentation – grâce à cet Esprit. Demandons l’Esprit en abondance tout le reste suivra.

À propos du rédacteur Père Philippe

Le Père Philippe est un prêtre breton qui a été missionnaire pendant de nombreuses années en Amérique du Sud. Il rédige régulièrement des homélies du dimanche, ou des articles posant question au lecteur sur des sujets religieux.

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