[Inguiniel] Ferveur et tradition renouvelée au pardon de saint Alban

Amzer-lenn / Temps de lecture : 6 min

Le dimanche 23 juin était célébrée la fête annuelle du pardon de saint Alban en l’église paroissiale d’Inguiniel. Les fidèles présents ont assisté à une magnifique célébration, chantée en français, latin et breton.

La ferveur était au rendez-vous, et malgré la gène occasionnée par les intempéries du matin, la satisfaction des participants semblait générale. La cérémonie religieuse a été présidée par Mgr Laurent Le Boulch, évêque de Coutances et d’Avranches, spécialement invité pour l’occasion. Lequel aura impressionné l’assemblée par sa prestance et la qualité de sa prédication. Les chants remarquablement interprétés par les membres du choeur d’hommes pontivien (Kaloneù Derù Bro Pondi), étaient magnifiquement accompagnés à l’orgue (Jorj Belz) et à la bombarde (André Le Meut).

Comme le veut l’usage ancien, la statue de saint Alban fut cette fois encore sortie de l’église, et portée jusqu’à la fontaine par huit inguiniélois afin de perpétuer la tradition. Autrefois, c’était un honneur réservé aux jeunes conscrits. Ils s’en chargeaient avec fierté, tandis que les jeunes filles, vêtues de blanc pour l’occasion, se disputaient l’honneur de porter la bannière de la Sainte Vierge.

La pluie s’étant invitée dans la soirée, les organisateurs ont du improviser et faire au mieux pour que cette procession puisse quand même avoir lieu sous sa forme traditionnelle. C’est donc plus de 200 fidèles qui se seront rendus à la fontaine, toujours en bravant la pluie, tandis que les personnes les plus âgées demeuraient dans l’église. Autre fait important : un groupe de pèlerins plus nombreux que d’habitude avait également choisi de revêtir les costumes anciens, ce qui donna plus d’élégance et de solennité encore, à cette célébration. Il faut avouer que les costumes traditionnels conviennent parfaitement à ce genre de manifestation. Ils renforcent en ajoutant quelque chose de plus à la beauté liturgique déjà manifestée au cours de la célébration.

Après la vénération des reliques dans l’église, les membres du comité organisateur offraient l’apéritif en extérieur, ce qui permit à tous de prolonger encore un peu une journée déjà bien commencée.

Certains pèlerins auront pu également apercevoir pour la première fois depuis longtemps, la châsse-reliquaire de saint Alban, installée pour l’occasion sur deux tréteaux dans un des bas-côté de l’église d’Inguiniel. Cette châsse-reliquaire est un élément important du patrimoine local, et les spécialistes la datent généralement de la seconde moitié du XIXème siècle. Il s’agit également d’une pièce unique qui mériterait d’être classée afin d’être mieux protégée. Réalisée en bois, il s’agit aussi d’un magnifique travail d’ébénisterie. Elle est désormais presque entièrement restaurée, en même temps qu’elle a été remise en couleur pour la circonstance. De généreuses personnes résidant sur Inguiniel ont offert les sommes nécessaires pour une remise en état global, et la réalisation d’un brancard processionnel adapté. Selon les témoignages des plus anciens, cette châsse-reliquaire fut portée régulièrement en procession à l’occasion du pardon, jusque dans les années Trente. De toute façon, sa restauration se poursuivra dans l’année, et si les conditions le permettent peut-être pourra-t-on espérer la voir portée à nouveau un jour de pardon.

Le concert de l’après-midi attira également beaucoup de monde. La prestation fut de qualité et le public ravis ; il faut dire que ce concert réunissait quelques noms bien connus dans le milieu de la culture bretonne : Anne Auffret (chant et harpe), Laurent Bigot et André Le Meut (bombarde et orgue), Jañ-Lug ar Moal (chant). Un mélange des genres très complémentaire qui ne pouvait que ravir les amoureux de musique bretonne.

Le comité saint Alban et les bénévoles de la paroisse d’Inguiniel remercient encore ceux et celles qui ont par leur investissement ou leur encouragement contribué au succès de cette journée.

Un peu d’histoire locale

saint alban inguinielLe pardon de saint Alban autrefois : jadis, le pardon débutait le 26 juin au soir. Les pèlerins allaient en groupe ou individuellement de la fontaine à l’église, où ils s’arrêtaient pour prier saint Alban et revenaient toujours en silence à la fontaine, afin d’obtenir des grâces de guérison (Saint Alban est invoqué contre les maux de tête). Le 27 juin avait lieu la fête proprement dite de saint Alban, avec procession de l’église à la fontaine et retour à l’église. La statue était alors portée par les conscrits de l’année, et il en fallait huit. Tous les jeunes de vingt ans se faisaient un honneur de se remplacer pour porter leur saint patron. Il y avait foule ce jour-là et personne ne travaillait à Inguiniel. Le dimanche suivant, se déroulait le grand pardon, avec plus de solennité, mais toujours avec une procession et la participation d’autres jeunes. La bannière de la Vierge était portée par des jeunes filles. Depuis quelques années, on ne célèbre plus que le seul pardon, le dimanche le plus proche de la date de saint Alban dans le calendrier qui est officiellement le 22 juin.

Signalons au passage que la sainte patronne du quartier du bourg d’Inguiniel est Sainte Catherine d’Alexandrie, dont le pardon se célébrait autrefois le troisième dimanche du mois d’octobre.

Histoire de la vie de saint Alban : Pour comprendre la vie de saint Alban, il nous faut remonter au siècle de l’empereur romain DIOCLETIEN. Un empereur de sinistre mémoire, car il avait promulgué vers l’an 300, des décrets contre les chrétiens dans tout l’empire. Alban naquit à Verulanium, ville britto-romaine de la région de Londres, d’une famille de notables païens. Après ses études, il servit dans l’armée romaine, puis revint dans son pays natal. C’était un homme droit, intègre, attentif aux nécessiteux, et il accueillait chez lui les plus pauvres… mais il ne connaissait pas le Christ. Au contact d’un saint prêtre – Amphibale – à qui il donnait l’hospitalité, il se laissa toucher par l’évangile que celui-ci annonçait, et il se convertit rapidement au Christ. Et pour protéger ce dernier de la recherche des Romains, il troqua ses vêtements pour ceux du prêtre, pour lui permettre de s’échapper. Et c’est ainsi qu’il fut arrêté à la place d’Amphibale et conduit au gouverneur, devant lequel il refusa d’offrir de l’encens aux idoles, se laissant condamner à mort plutôt que de renoncer au Christ, convertissant même, par sa foi, l’un de ses bourreaux qui sera lui aussi exécuté. Saint Alban fut donc le 1er martyr de Bretagne et son culte s’est transmis à Inguiniel, et à Elven (Morbihan) et dans le diocèse de Saint Brieuc ; il est aussi honoré en Angleterre et au Danemark.

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Un commentaire

  1. Ya, un devezh brav oa !
    oferenn LBG (latin, bzg …GALLEG)).

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