Hier nous vous évoquions la figure de l’abbé Perrot et son patriotisme. Voici la quatrième partie de cette chronique proposée à l’occasion du 70ème anniversaire de sa mort, texte réalisé à partir de documents originaux et parfois inédits. Nous rappelons à nos lecteurs que toute utilisation autre qu’une citation partielle correspondant à un paragraphe (et mentionnant toutefois la source AR GEDOUR) nécessite une autorisation écrite de l’auteur et d’AR GEDOUR.
LE RESTAURATEUR , LE BATISSEUR
Dès le début de son apostolat, l’abbé Perrot se penche sur « la grande misère des chapelles bretonnes ». Il les aime ces chapelles qui dédiées à tant de saints et de saintes, à Marie, au Christ, racontaient toute l’histoire chrétienne de la Bretagne.
Nommé recteur de Scrignac en 1930, sa première action est de racheter de ses propres deniers les ruines de la petite chapelle de saint Corentin de Toul ar Groaz ; un an plus tard il y célébre la messe. En 1935, il entreprend la reconstruction de la chapelle Notre-Dame de Koat-Kéo ruinée par la Révolution qui deviendra « sa chapelle », un « petit bijou marial au cœur des Monts d’Arrée ».
Toujours en 1935, à l’occasion du millénaire de la résurrection de l’abbaye de Landévénnec ruinée par les invasions vikings, et plus tard par la Révolution, il lance l’idée « folle » de faire renaître de ses cendres l’antique abbaye : « Il y a mille ans, les murs de cette abbaye qui conserve encore les traces des tombeaux du roi Grallon et de saint Gwenolé, étaient dans un état encore plus lamentable qu’aujourd’hui. Ils ont été relevés.. Pourquoi, nous Bretons, ne ferions-nous pas, au XX ème siècle ce qu’ont fait nos ancêtres au Xème siècle ? ».
L’abbé Perrot n’aura pas eu la joie de voir se réaliser son rêve. En 1955, Landévénnec surgit de ses ruines, l’abbaye de saint Gwénolé est devenue une réalité. A la même époque (1935), le moine Dom Alexis Presse, son ami, restaure l’abbaye de Boquen dans les Côtes d’Armor. Tous deux veulent en restaurant ces lieux emblématiques du monachisme breton, en faire des « cœurs de la Bretagne chrétienne et bretonne », des « Kalon-Breiz » diront-ils, des « Hauts Lieux d’une chrétienté celtique et bretonne » et non des « abbayes françaises »(sic). Est-il besoin de le préciser : dans la fidélité à l’Eglise Catholique romaine. Hélas, que ce soit Landévénnec ou Boquen, ces deux abbayes sont tout…sauf bretonnes, trahissant ainsi les vœux de ces deux grands bâtisseurs et de ceux qui avec eux ont été les pionniers de ces résurrections.
Il fonde en 1942 « l’Association pour la sauvegarde et la restauration des chapelles bretonnes » La guerre laissera le projet en sommeil. En 1952, Gérard Verdeau le reprend et fonde l’association « Breiz Santel ».qui fera école. Là encore, l’abbé Perrot fût un pionnier dont tous les « Comités de chapelles » lui sont redevables. Que penserait l’abbé Perrot devant la destruction programmée de certaines de nos églises désertées, qu’on a volontairement laissées se dégrader, et dont les clochers sont autant de doigts accusateurs d’une société qui a rejeté Dieu et se donne de nouvelles idoles étrangères à sa foi, reliant ainsi le vandalisme révolutionnaire de 1793 à celui de la « laïcité à la française » d’aujourd’hui ?
La « Vallée des Saints » à Carnoët, sans le savoir, reprend sous une autre forme un projet de l’abbé Perrot : Il souhaite faire ériger au sommet du Menez-Hom (pointe du Finistère) une immense statue de sainte Anne (environ 5 à 6 mètres de haut). avec à ses pieds Marie et une ribambelle d’enfants en costumes bretons des différents « pays ».La particularité de cette statue est d’être à « double faces », un côté Armor (tourné vers la mer), un côté Argoat (tourné vers la terre). Sa fonction : être un repère (phare) pour les marins, être un phare spirituel pour tous les Bretons. Sur son socle, gravé dans le granite, une prière en breton : « Sainte Anne, aïeule de notre Sauveur Jésus-Christ, Mère de Notre-Dame et Mère de notre Patrie, bénissez vos Bretons et faites que la Bretagne vive à jamais ». Cette prière est en fait la reprise de la fin de son Testament rédigé au front en 1918. La statue de sainte Anne avec la vierge Marie auraient été sur cette « montagne » bretonne, à la pointe de l’Europe, comme une figure de proue du continent.. Un projet qui aujourd’hui ferait hurler les gardiens vigilants de la laïcité et les « écologistes », alors qu’on n’hésite pas à couvrir nos collines de gigantesques éoliennes, d’antennes relais et de pylônes en tous genre. La laïcité dusse-t-elle en souffrir : un si beau projet mérite d’être repris…
Demain, découvrez la suite : LE RASSEMBLEUR
DECOUVREZ LES ARTICLES DEJA PARUS
Chapitre 1 : L’abbé Perrot contre toutes les idéologies
& Feiz ha Breiz, les deux identités de la Bretagne
Chapitre 2 : L’abbé Perrot et la langue bretonne
Chapitre 3 : Le patriotisme de l’abbé Perrot
SOURCES ET NOTES :
A nos lecteurs qui souhaiteraient des précisions sur les sources des citations ou exemples : elles n’ont volontairement pas été référencées sur ce blog pour ne pas indisposer certains descendants des destinataires de certaines correspondances. Elles sont, sauf indication contraire, issues des archives de l’abbé Perrot et ont pour but d’illustrer le propos de cet article.
Il est évident que cet hommage à l’abbé Perrot n’a aucunement la prétention de retracer toute sa vie, toute son œuvre, ni de relater toutes ses pensées. Il se veut- être seulement un « survol » d’une vie extrêmement riche au service de la Foi et de la Bretagne, en espérant que cette évocation suscite un intérêt qui ne serait que justice.
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