Dans la longue liste des belles traditions de Noël en Bretagne, celle des petits chanteurs de Noël est l’une des plus jolies. En Haute Cornouaille par exemple, à partir de la nuit de Noël jusqu’au jour de l’an, des groupes de chanteurs traversaient les rues et allaient de villages en villages, s’arrêtant près des maisons pour demander l’autorisation aux habitants de chanter :
« Mar d’oc’h kontant ni a gano, ha mar n’oc’h ket, ni a davo ! » (Si vous êtes contents nous chanterons, et si vous ne l’êtes pas, nous nous tairons).
Les habitants répondaient alors et, après l’accord de leurs hôtes, les chanteurs reprenaient :
« Ni zo daou baourkez kaner, deuet be noez da bourmen, vit enori ‘r Mabig Jezuz, hervez al lezenn ansien ! » (Nous sommes deux pauvres chanteurs venus cette nuit nous promener, pour honorer l’Enfant-Jésus, selon la loi ancienne…).
Et leur gwerz se poursuivait ainsi, rayonnant de la joie de Noël dans les villages et les maisonnées. Invités ensuite à venir se réchauffer près du feu, les chanteurs continuaient en présentant leurs vœux à toute la maisonnée :
«Eur bloavez mat a hetomp d’eoc’h, eur bloavez mat digant Doue, ar Baradoz fin ho puhez, mar deo-se bolontez Doue ! » (Une bonne année nous vous souhaitons, une bonne année de la part de Dieu, le Paradis à la fin de votre vie, si ainsi c’est la volonté de Dieu).
Il y aurait tant à dire sur cette belle tradition, sur la joie simple qui s’en dégage, sur le rayonnement de notre Foi bretonne qui réchauffait les cœurs et les âmes, sur les liens qui unissaient nos villages et nos communes il n’y a pas si longtemps. A l’heure où le consumérisme frénétique envahit notre quotidien, faisant de Noël la célébration du mercantilisme à la place de la Naissance du Sauveur, cette belle tradition de Noël résonne magnifiquement avec les mots de Saint Paul VI : « La société technique a pu multiplier les occasions de plaisirs, mais elle a bien du mal à sécréter la joie. Car la joie vient d’ailleurs. Elle est spirituelle. […]» [1]
En ce temps de l’Avent, il peut être bon de se rappeler ces leçons de notre histoire catholique bretonne, de ces petits chanteurs qui avaient déjà compris il y a des dizaines d’années « qu’il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir »[2], que de simples attentions aux plus pauvres et démunis, de simples moments partagés en famille, entre amis ou entre voisins, sont peut être les plus cadeaux de Noël que le Seigneur nous appelle à recevoir.
Augustin Debacker, rédacteur en chef de Kroaz ar Vretoned
[1] Gaudete in Domino, 1975
[2] Actes 20, 35
Illustration de René Le Honzec, publiée dans l’ouvrage KANTIKOU NEDELEG, recueil de chants de Noëls bretons édité par Ar Gedour en 2020.
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