L’Institut Culturel de Bretagne innove (ou presque) : comme en 2010, cette année, le Collier de l’Hermine sera remis lors du Festival Interceltique de Lorient et non durant le dernier trimestre. La cérémonie aura lieu au stade du Moustoir (Club K) le 11 août à 15 heures et honorera quatre personnes qui se sont données pour la Bretagne. Yann Talbot fait partie de ces quatre herminés.
Créé en 1381, l’ordre de l’Hermine est un des plus anciens parmi les ordres militaires et honorifiques en Europe. En 1344, Edouard III d’Angleterre fonde l’ordre des «Chevaliers de saint George», puis en 1348, celui de la Jarretière. Jean II, en France, crée en 1351 l’Ordre de l’Etoile. En 1430, c’est La Toison d’Or du duc de Bourgogne suivi du Croissant fondé par René d’Anjou en 1448. La fondation de l’Ordre de l’Hermine par Jean IV, duc de Bretagne affirme la prééminence ducale sur l’ensemble de la noblesse et une volonté d’unité autour du souverain. L’ordre présente la particularité d’être ouvert aux femmes et aux roturiers. La première femme chevalier est Jeanne de Navarre, suivie de Jeanne d’Albret, comtesse de Richemont, et en 1447, Isabeau d’Ecosse, duchesse de Bretagne.
Comme tous les ordres de chevalerie, l’ordre de l’Hermine fut aboli à la Révolution française et le dernier collier qui ornait la tombe de Jean IV dans la cathédrale de Nantes, détruit. Le CELIB, puis par la suite l’Institut Culturel de Bretagne, ont repris le flambeau pour continuer à décorer ceux qui se donnent pour la Bretagne.
Cette année, l’Institut Culturel de Bretagne / Skol-Uhel ar Vro aura l’honneur de remettre le collier de l’Hermine à :
- Yann Talbot (décédé en mai dernier)
- Hervé Ar Beg,
- Jorj Cadoudal (le sonneur, pas le chef chouan)
- Gwyn Griffyths (décédé lui aussi récemment)
Si toutes ces personnes méritent évidemment cette distinction – et nous l’avons vu dans les articles que nous avons consacré à Yann Talbot – il n’en demeure pas moins qu’il est regrettable dans bien des cas d’attendre le crépuscule d’une vie, voire au-delà, pour que le travail et l’engagement au service de la Bretagne soit reconnu. Et encore… tant de personnes travaillent dans l’ombre, parfois jusqu’à leur dernier souffle, sans que l’on s’en aperçoive.
Même si la moyenne d’âge des distingués s’est rajeunie au fil du temps, faut-il que le poids des âges soit le baromètre d’un engagement pour la Bretagne qu’une distinction récompenserait ?
Heureusement Yann Talbot n’a pas attendu cet “honneur” pour être honoré et félicité par tous ceux qui l’ont connu et respecté. C’était notre prêtre à Tregastell; il habitait Brelevenez, tout près de l’église. Nous prions pour lui. Doue d’e bardono.
Claude Guillemain-Charlez