LES PETITS ANGES DE LA TERRE

Amzer-lenn / Temps de lecture : 7 min

Noël ! Ce nom merveilleux, synonyme de joies, de bonheurs, d’espérance, de promesses de printemps de la vie et de Lumière Divine, d’innocence et du sourire de l’enfance, est aujourd’hui devenu un gros mot, un mot qui indispose d’une manière paranoïaque les fanatiques d’une conception étriquée de « laïcité », valeur suprême d’une société consumériste, égoïste, au bord de l’apostasie par rejet de Dieu dans la société. Noël ! Oui ! Mais s’il-vous-plait, avec discrétion et rasement des murs. Chaque année, revient donc cette affligeante, mais mortifère guerre des Crèches, car cette belle tradition chrétienne est une provocation insoutenable pour ceux qu’indispose la célébration du Divin berceau.  Noël ! Oui, mais comme valeur marchande.

Guerre aux Crèches, guerre au « Divin berceau », mais aussi donc, guerre à tous les berceaux transformés en petits cercueils pour cause d’interdiction de naître, valeur suprême inscrite désormais dans la Constitution républicaine par nos nouveaux Hérode, tristes sires dignes du Hérode de jadis. Faut-il donc que les éphémères puissants d’aujourd’hui, comme Hérode aient à ce point peur de cet enfant au berceau, fruit béni des entrailles de la Vierge Marie, peur de tous les petits enfants, fruits bénis des entrailles de leurs mères, pour inscrire dans la Loi leurs éliminations. Saint Jean-Paul II et Mère Thérésa avertissaient « Quand un peuple tue ses propres enfants, il n’a pas d’avenir ». C’est d’une évidence, mathématique, mais un jour viendra où le Ciel présentera sa facture .

  Mais, n’en déplaise aux fans d’une laïcité dévergondée et apeurée, Noël, jadis cri de joie, est et restera la fête, l’anniversaire de l’Enfant-Dieu, de l’Enfant Jésus si cher à Sainte Thérèse, du Divin Rédempteur qui ce jour-là s’est fait homme (Et Homo factus est), le Verbe qui s’est fait chair (Verbum caro factum est) et qui est venu habiter parmi nous comme le chantent nos Angélus qui annoncent l’heureux Avènement. Dans de précédents articles, nous avons été puiser dans la richesse poétique des « Brindilles champêtres » de l’abbé Joseph Le Cornet (1), en ce temps de Noël, l’abbé poète nous propose un très beau texte (1950), très d’actualité, avec ce que nous venons d’écrire : l’innocence et le sourire des « Petits anges de la terre », nos petits enfants, trop souvent transformés en martyrs. A les évoquer, nous ne pouvons que penser aux millions de « Petits Anges » qui auront été interdits de naître, remake moderne des Saints Innocents, une « activité qui n’est pas sous tension », pour reprendre la nouvelle formule très tendance pour cacher bien des faillites de faillis politiques et de leurs idéologies mortifères …

INCIPE, PARCE PUER, RISU COGNOSCERE MATREM

(Petit ange, ris à ta maman, afin qu’elle te sourît)

L’abbé Le Cornet sait, avec des mots simples, parfaitement exprimer la beauté innocente du nouveau-né :

 « Parlons donc quelque peu des tous petits enfants, ce vrai trésor de la famille et dont l’absence est pour ainsi dire une faillite. La maison sans enfants est comme une ruche sans abeilles – Gai comme le matin et comme l’innocence – Rose comme l’espoir et tout ce qui commence – L’enfant, c’est le soleil dans la maison. Il est bon aussi de nous rappeler que : Les enfants sont nos anges gardiens – Ils ont avec Jésus d’aimables entretiens – Par eux, nous obtenons un bonheur éphémère – Car nul n’a jamais pu repousser leurs prières.  

  Les poètes les ont chantés et les plus grands artistes ont voulu fixer leurs traits :

Chers petits anges, aux mignonnes petites mains (Chers petits anges aux doux petits petons – Combien vous êtes attrayants dans vos berceaux, couchés comme des princes ! – Ils chantent en riant des musiques étranges – Ignorants de la vie, ils gardent dans les yeux le souvenir candide et sublime des cieux – Et ce sont les enfants qui nous font croire aux anges – Les enfants sont les roses du jardin de la vie.

  Le matin de la vie est comme le matin des jours pleins de pureté, d’images et d’harmonie. Mais rien de tout cela ne remplace l’aimable simplicité de la maman qui, à toute heure inclinée sur son enfant se fait petite avec lui, pour l’amour de lui parler, ou le défendre. Et quel tableau charmant et des plus poétique que les mamans chantant auprès de leurs petits anges, tant elles les aiment et tant elles aiment la vie que Dieu veut. Quoi encore de plus grand, que la maman initiant son petit enfant à aimer l’Enfant Jésus, la Sainte Vierge Marie, Saint Joseph, les saints ?»

Bossuet a dit : « Le plus grand changement que Dieu fasse dans les humains, c’est quand il leur donne des enfants ». C’est donc une grande chose qu’un enfant qui vient dans le monde, c’est toute une suite d’hommes qui se retrouvent et qui se continuent dans ce petit être qui vient d’eux-mêmes. Avec l’enfant, on rit, on oublie, on est heureux, c’est aussi une rose qu’on ne se lasse pas de regarder. Mais c’est aussi une fleur très délicate, objet de beaucoup de soucis et parfois de larmes.

Un ange au radieux visage – Penché sur le bord du berceau – Semblait contempler son image – Comme dans l’onde d’un ruisseau – Charmant enfant qui me ressemble, disait-il !

Le sourire des enfants est frais comme l’aurore, charmants comme les gazouillis d’oiseaux. En secouant leur tête blonde, ils font pleuvoir du soleil. Dans l’enfance, comme dans la fleur s’est réfugiée l’innocence de notre monde déchu. »

  Oui, répétons-le, faut-il donc que nos politiciens, nos législateurs, nos idéologues aient, comme jadis Hérode, peur d’un berceau où dort un innocent enfant ! Mais cet enfant, n’est-il pas le Roi des rois, celui sans qui ils ne seraient rien ?  Noël, la crèche, ah oui ! mais sans la Sainte famille et sans le berceau divin ; les bergers avec leurs moutons, pourquoi pas ! Les Rois mages, si vous voulez, mais surtout que l’on ne sache pas pour qui sont leurs présents ! Le bœuf, l’âne, s’ils se contente de mâchonner leur foin, aucun problème, mais qu’ils se gardent bien de faire dans une sainteté qui rendrait hommage à leur supposé créateur.

Si donc la crèche, la Sainte famille, le nouveau-né, l’innocence et la pureté de l’enfance sont tant haïes, redoutées, n’est-ce pas aussi parce que cela incarne toute la beauté du monde, le sacré le plus pur, que notre monde, lui-même désincarné ne peut plus comprendre le grand Mystère de l’Incarnation ? Tous les magnifiques cantiques célébrant le Divin Enfant, la maternité de Marie, la mère de toutes les mères chantent cette joie de Noël, et chaque peuple, dans sa langue lui a donné ce qu’il avait de plus beau dans les mots de sa langue, de sa musique. Il nous est impossible dans citer, tant ils sont nombreux ces doux cantiques, sans lesquels il n’y aurait plus Noël. Pourtant, eux aussi sont rejetés, non seulement dans le sacro-saint espace républicain et laïque, mais trop souvent aussi de nos églises, car jugés vieux jeu, d’un autre temps, expression folklorique d’un temps passé. Nos cantiques bretons si beaux, ne sont-ils pas encore les plus sacrifiés dans les célébrations de Noël, privant les Bretons de leur riche patrimoine religieux ? (2).

 

1)      Consulter nos divers articles tirés de « Brindilles champêtres » de l’abbé Joseph Le Cornet.

2)      Pour les cantiques bretons, consulter le site « Kan Iliz », et aussi l’excellent recueil de cantiques bretons « Kantikou Nedeleg », éditions Ar Gedour.

À propos du rédacteur Youenn Caouissin

Auteur de nombreux articles dans la presse bretonne, il dresse pour Ar Gedour les portraits de hauts personnages de l'histoire religieuse bretonne, ou encore des articles sur l'aspect culturel et spirituel breton.

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