Les petits fanions du Tro-Breiz

Amzer-lenn / Temps de lecture : 14 min

Le Tro Breiz – étape 2020 – aurait dû débuter ce lundi 28 juillet. Covid19 oblige, pas de pèlerinage d’été. Les marcheurs attendront 2021 à moins que dans un élan de fraternité, certains se retrouvent entre temps. Pour ponctuer chaque jour de cette semaine, nous allons cependant parler du Tro Breiz, de ce qui fait sa spécificité, de petits détails qui font de cette circumambulation un parcours original dans les pas de nos saints fondateurs.

Bonjour Yves ! Te voilà qui t’intéresses aux fanions, c’est une excellente chose !

Juste un petit historique sur ces “petites bannières” : je suis arrivée au Tro Breiz en 1998, ces fanions existaient, mais sous une autre forme ; tout le monde râlait parce que ils n’étaient pas pratiques : ils étaient accrochés au bout d’un long bambou et souvent pris dans les branches des chemins. Le Père Dominique de Lafforest, qui est à l’origine de ces fanions, proposait qu’ils soient pliants ; mais comment faire ?

J’ai tout de suite eu une idée en regardant les tringles de ma tente et j’ai surtout trouvé le chirurgien “adéquat” en la personne d’un cousin qui acceptait de faire 42 hampes, et, en plus, une couturière qui a taillé et cousu les fanions ainsi que toutes les lettres que je découpais au fur et à mesure ; ce fut un travail d’équipe ! Malheureusement, le cousin est décédé et la couturière n’y voit plus…

Comme le Père Dominique nous a fait rajouter des noms, il y a trois ou quatre fanions qui n’ont pas de hampes et qui restent à la maison ! Le jour de l’AG. de l’association Chemin du Tro-breiz, en 2003, j’étais toute fière d’apporter mon sac de fanions au Père Dominique !…

Cela fait 16 ans que, tous les ans, je les gère, les entretiens, les lave, les repasse, si besoin et je n’ai jamais rien demandé au tro breiz, donc je m’en garde “la propriété” si on peux dire ! En 16 ans, seuls deux fanions ont été portés disparus : c’est le miracle du Tro Breiz !

Dès 2004, avec l’aide de Véronique de Saint Pierre, j’ai rédigé la notice de ces saints, et comme tu es au tro breiz depuis un certain temps, tu as du avoir les petits carnets de chants, orange au début, puis crème et, si tu les as bien lus, tu as du trouver ces textes ; je te les mets en pièce jointe, à jour depuis 2018, sauf pour Conwoion dont le fanion a été perdu en 2019 et qui n’a pas été rédigé.

Ainsi tu sauras tout sur l’histoire des fanions qui a paru aussi dans la revue du tro breiz en 2004.

Tu peux modifier ces textes, les affiner, …..

 Marie Alix

 

Voici le message que m’a adressé, avec ses vœux de bonne année 2020, Marie-Alix de Penguily qui, succédant au fondateur Philippe Abjean, a eu en mains les rênes de l’association les Chemins du Tro-Breiz à partir de 2009 pour les lui restituer en 2017, en réponse à mon message où je lui faisais part de mon projet d’écrire « un petit texte informatif sur chacun des saints et saintes dont le nom figure sur les petites bannières qui nous accompagnent : elles sont une des caractéristiques fondamentales de notre Tro-breiz sans lesquelles nous ne serions qu’un vague club de randonneurs du dimanche ! … »

Voici donc le résultat, réparti en 6 catégories de couleurs, dont 2 sous catégories :

1°) fanions violets (nos sept saints fondateurs)

         1bis) violet à bord mauve (Saint Divi)

                   N’existe plus actuellement : le fanion de saint Samson ayant été égaré, celui de Divi                     a été utilisé pour le remplacer      

2°) fanions bruns (les ermites)

         2bis) brun à bord mauve (Saint Bily)

3°) fanions rouges, liseré et lettres noires (les prêtres martyrs de la Révolution)

4°) fanions noirs (prêtres)     

6°) fanions bleus (vierges)

 

 1°) fanions violets (nos sept saints fondateurs)

         Saint CorentinSant Kaourintin – (375- 460) : Saint Corentin, premier évêque de Quimper et l’un des sept saints fondateurs de la Bretagne, naquit en 375 en Armorique, d’un père chrétien venu de l’île de Bretagne.

Très tôt, il se retira dans la solitude pour se consacrer à la recherche de Dieu. Il choisit pour cela une clairière de la forêt de Nevet qui s’étendait à cette époque, jusqu’aux flancs du Menez Hom. C’est à proximité de cette montagne, en la paroisse de Plomodiern, qu’il bâtit son ermitage tout près d’une fontaine que l’on montre encore aujourd’hui. Corentin est souvent représenté avec un poisson. A chaque fois que ce dernier en coupait un morceau pour son repas, le poisson se reconstituait en entier. La ville de Quimper, fondée peu avant Saint Corentin par les émigrants bretons non loin de l’antique Aquilonia, l’actuel quartier de Locmaria, s’était appelée jusqu’alors Kemper Odet, c’est à dire le Confluent de l’Odet.

Elle devint, dès la mort de son premier évêque, Kemper Kaourintin ou sa forme francisée, Quimper Corentin.

Saint Corentin est vénéré à Poullaouen  (Finistère) et à Baud (Morbihan) ; il est aussi le patron des églises paroissiales du Vieux-Bourg et de Saint-Connan dans les Côtes d’Armor.

L’église de Plonevez-Porzou possède une relique authentique de Saint Corentin dans un reliquaire de cuivre doré.

Fête le 12 décembre

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         Saint Pol-AurélienSant Paol(480-594) : Pol Aurélien est né vers 480 dans le sud de l’actuel Pays de Galles. Son père, Perphitius, de noble lignée, le conduisit très jeune au monastère de Saint Iltud, le vertueux et savant abbé qui avait fait de son établissement une véritable pépinière de saints. Sa réputation de sainteté ayant attiré sur lui les regards d’un des rois du Pays de Galles, Pol Aurélien décide de fuir les honneurs en allant en Armorique.

En 512, accompagné de douze prêtres, de douze laïcs ainsi que de parents, il prend pied à Ouessant dans une baie dite Portus Boum, le port aux bœufs, aujourd’hui Port Pol. Il établit son monastère sur ce qui est à l’heure actuelle, le Lam Paul  d’Ouessant, puis vint à Lampaul-Ploudalmézeau, avant de gagner le castrum gallo-romain, l’actuel Saint-Pol-de-Léon, à l’invitation de Chilibert, qui le fait évêque. Pol partage ensuite sa vie entre Caste Léon et l’Ile de Batz, qu’il évangélise. Il est toujours représenté en évêque maîtrisant le dragon (symbole du paganisme) de l’île de Batz disparu dans le Toul ar sarpant (le trou du serpent) ; pour cette raison, il est dit : « sauroctone » (tueur de lézard).

Saint Pol mourra vers l’âge de cent ans dans un monastère de l’île de Batz.

Il est invoqué lors des calamités publiques. Patron de Saint-Pol-de-Léon (Nord Finistère) et d’une chapelle à Plouezec (Cotes d’Armor).

Fête le 12 mars

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         Saint Tugdual Sant Tudwal  (fin du V° siècle – milieu du VI° siècle) :  Fils du roi de Domnonée Hoël et de sainte Pompée, Koupaïa, en breton, frère de  Saint Lunaire et de Sainte Sève, Tugdual, encore appelé Pabu, ancien titre de supérieur monastique. Le mot Pabu est le génitif de papa ; d’où vient la confusion avec le mot Pape que la légende attribua faussement à Saint Tugdual.

Fondateur de l’ancien évêché de Tréguier, Saint Tugdual est né à la fin du Ve siècle dans l’actuel Devonshire. Il se consacra très jeune à Dieu et sera élevé dans la plus pure des traditions monastiques. Après plusieurs visions qui le somment de se rendre en petite Bretagne, il traverse la Manche avec sa mère et les membres de sa famille et débarque, face au Conquet, à la pointe de Kermorvan pour y fonder un premier monastère. En Bretagne, Tugdual accomplit des miracles auprès des sourds, des aveugles, et des paralytiques, il éteint des incendies, ressuscite des noyés.

Le successeur de son père à la tête de la Domnonée, Deroch, lui offre un domaine situé à l’embouchure du Guindy et du Jaudy.

Ce lieu deviendra Tréguier dont Tugdual sera évêque en 532.

Le patron des tisserands et des filatiers meurt le 30 novembre de l’an 553.

Sa statue orne de nombreux édifices religieux. Une verrière reproduit Saint Tugdual foulant le dragon à Saint-Guen (Cotes d’Armor). Un vitrail moderne le représente dans l’église de Quemper-Guezennec.

Fête le 30 novembre

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         Saint Brieuc Sant Brieg –  (vers 409 – vers  502) : Brigomalos, “prince honoré”, est né non loin d’Aberystwyth, au pays de Galles, au début du Vè siècle. Formé par saint Germain (549), il retourne dans son pays pour accomplir son sacerdoce. Une nuit de Pentecôte, il embarque 160 disciples et débarque sur l’Aber-Vrach. Après un second voyage au Pays de Galles, il finit par débarquer au Léguer en un lieu nommé Biduce où se trouve aujourd’hui la ville qui porte son nom et dont il fut le premier évêque.

Il a donné son nom à Saint-Brieuc des Ifs en Ille et Vilaine, à Saint-Brieuc de Mauron dans le Morbihan et à un village de Plessé en Loire Atlantique.

Attaqué par des loups, Saint-Brieuc fit se prosterner devant lui les bêtes aux yeux brillants et aux gueules menaçantes. La tradition rapporte que Saint Brieuc était l’ancien patron des faiseurs de bourses ; il est invoqué lors des calamités publiques.

il mourut dans sa quatre-vingt-dixième année, en l’an 614.

Fête le 1er mai.

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         Saint MaloSant Maclow – (VI°/1° moitié du VII° siècle) :  Né dans le comté de Clamorgan, en Galles du sud à une date qui n’est pas connue, Malo est éduqué à l’école monastique de Llancahvan fondée par Saint-Cado. Il est mis au nombre des marins qui embarquèrent avec Brendan. Traversant la mer bretonne, il accoste en face d’Aleth (Saint-Malo). Il est accueilli par l’ermite Aaron, qui lui conseille d’évangéliser au plus vite la population de la cité. Toute sa vie fut employée à sauver des vies ou à guérir des corps par ses miracles et ses prédications. Chassé par la ville – il prêchait contre le désordre et les mariages consanguins – on le supplie de revenir car la peste et la famine – signes explicitement rattachés à son éviction par les habitants – font des ravages dans la cité. Dès son retour, les deux fléaux cessent.

Patron éponyme de la ville de Saint-Malo, des paroisses Saint-Malo-de-Phily (Ille et Vilaine) Saint Malo sur Mer, Saint-Malo-de-Beignon (Morbihan) Locmalo, Saint Malo des Trois Fontaines, Saint-Maleu (chapelle disparue) et le petit Saint-Malo près de Plurien dans les Côtes d’Armor ainsi que du village Saint-Malo-de-Guersac dans la Grande Brière (Loire Atlantique).

Plusieurs chapelles, de nos jours détruites, étaient placées sous son invocation à Broons, Ereac, Henansal, Lannion et Pleguien (Cotes d’Armor)

On l’invoque dans les calamités publiques.

Malo serait mort un 15 novembre 620, 640 ou 649. Il est généralement représenté en moine dans une barque.

Fête le 15 novembre

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         Saint SamsonSant Samzon – (vers 495 / vers 565) :  Samson est également né dans le Glamorgan en Galles du Sud. Fils d’Ammon et d’Anna il est inspiré par la chose religieuse et sera éduqué par Saint-Ildut. Il débarque avec quelques compagnons au sud-est de Cancale, à l’embouchure du Guyoult vers 548.

Samson délivre de la lèpre et du démon l’épouse et la fille de Privatus qui lui lègue en reconnaissance le terrain où se trouve aujourd’hui la cathédrale de Dol. C’est ainsi que Saint-Samson fonde l’évêché de Dol.

Patron et éponyme d’un village près de Dinan, Saint Samson sur Rance (Côtes d’Armor) et d’une commune du Morbihan, il est aussi patron des églises de Kerity, Illifaut, Lanvollon, Trevou-Treguignec (Côtes d’Armor).

De nombreux lieux-dits ont gardé son nom ainsi qu’une plage en Plougasnou, sur l’estuaire de la rivière de Morlaix.

A Landunvez, le peuple vient consulter Saint Samson à sa fontaine de dévotion pour les petits enfants qui tardent à marcher et ceux dont la croissance donne des soucis et pour obtenir la guérison des rhumatismes et des maux d’yeux.

« En raison de la puissance extraordinaire d’exorcisme du thaumaturge » on l’invoque aussi pour guérir la folie.

Il meurt le 28 juillet 565 à Dol, épuisé de fatigue après une vie passée à prêcher à travers toute la Domnonée, la Neustrie, les îles de la Manche et les monts d’Arrée.

Il est vénéré dans toute la Bretagne.

Près de Trégastel se trouve une roche creuse appelée « lit de Saint-Samson » tandis qu’au Mont-Dol un menhir est dit « mitre de Saint Samson » ; non loin, se trouve la fontaine qu’il fit jaillir lui-même de son bâton

Du IX° au XII° siècle Dol avait rang d’archevêché exerçant, au détriment de Tours son autorité sur les autres diocèses bretons, et son titulaire portait le palium et arborait en guise de crosse la férule sous forme de croix à double traverse. Saint Samson est souvent représenté avec ces deux attributs.

Fête le  28 juillet

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         Saint PaternSant Patern – (milieu du V° siècle / début du VI°) :  D’origine galloise, Patern serait né en Armorique. Il se rendit en Irlande. Son père s’y établit et se fit ermite, mais Patern revint en Bretagne. Vers 463, il assiste au concile de Vannes, réuni pour la création de l’évêché. Une tradition le dit d’ailleurs premier évêque de Vannes. Le gouvernement de ce jeune diocèse connaissant des difficultés, Patern est contraint d’abandonner son diocèse. Il se retira chez les Francs à l’intérieur de la Gaule où il mourut oublié un 15 avril de l’an 510. Une sécheresse de trois années consécutives provoque une terrible famine en Bretagne. Le fléau est perçu comme une punition par les Vannetais qui avait chassé leur saint évêque. Des fidèles ramènent alors son corps en terre morbihannaise et bâtissent sur son tombeau l’église – hors les murs, toutefois – de Saint-Patern.

On l’invoque lors des calamités naturelles et pour obtenir le temps favorable aux cultures principalement pendant les périodes de sécheresse.

il a donné son nom à un village de la paroisse de Meslan (Morbihan) et des hameaux près de Guingamp (Côtes d’Armor), de Soudan (Loire Atlantique).

La statue de Saint Patern figure dans la chapelle Notre Dame de Guermané en Perret  et dans l’église paroissiale de Mur de Bretagne, deux paroisses des Côtes d’Armor.

Au début du X° siècle, fuyant les invasions normandes, les reliques de Gildas et de Paterne trouvèrent refuge en Berry, à Châteauroux-Déols et Issoudun-Notre Dame

Fête le 16 avril

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1bis) violet à bord mauve (Saint Divi)

         Saint DavySant Diwi  – (512-589) :  D’origine galloise, Diwi est né en Cornouaille armoricaine du viol de sa mère, Sainte Nonn, par Ceredig. Moine puis évêque, il devint archevêque de Luynyw (Ménévie), aujourd’hui Saint David’s au pays de Galles, sur la côte du Pembrokeshire du Nord. Sa vie, écrite six siècles après sa mort, dans le but d’exalter les droits du siège épiscopal de Saint David contre la primatie de Cantorbery, est à l’origine de la popularité de ce saint.

Lorsque les enfants sont malades, les mères invoquent Saint Divi ; près de Keraznou en Brennilis subsiste une fontaine du Saint où l’on plonge les enfants malades ou à défaut, leur linge. A Landebia et à Tregon (Côtes d’Armor) on le prie pour faire marcher les petits enfants. De nombreuses paroisses sont placées sous son invocation.

Une chapelle lui est dédiée à Plouhinec, elle date du XIIème siècle. Il est le patron primitif de Saint-Dewi à Treguier, en Plounevez-Porzay (mentionné Sanctus Davigadius en 1518), et de Ploudavid (Finistère).

De nombreuses statues du Saint sont vénérées dans toute la Basse-Bretagne.

Fête le 1er mars

A suivre… 

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À propos du rédacteur Yves Daniel

Avocat honoraire, il propose des billets allant du culturel au théologique. Le style envolé et sincère d'Yves Daniel donne une dynamique à ses écrits, de Saint Yves au Tro Breiz, en passant par des chroniques ponctuelles.

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