Les sept saints fondateurs de la Bretagne

Amzer-lenn / Temps de lecture : 4 min
À l’occasion de la fête de tous les saints (gouel an Hollsent), voici un article déjà paru sur le site web du diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier.  D’où viennent nos saints bretons ? Qui étaient les sept saints fondateurs de évêchés bretons ? Que peuvent-ils signifier de nos jours ?
Sept saints fondateurs (Cathédrale St-Pol de Léon)

Contexte : de l’Armorique à la Bretagne

L’actuelle Bretagne s’insérait autrefois dans un vaste ensemble appelé Armorique (en gros : « devant la mer », secteur maritime) comprenant aussi la Basse-Normandie, une partie des Pays de Loire. En 57 avant J.C., l’armée romaine envahit ce territoire. Peu à peu, les peuples de l’Armorique deviennent des « gallo-romains », des Gaulois marqués par la langue et la culture romaines. Leur religion, polythéiste, mêle dans un même panthéon les dieux gaulois et ceux des Romains. Les Romains tenteront d’éradiquer la religion des druides, soupçonnés d’entretenir un esprit de révolte contre l’occupant. La religion chrétienne est encore peu implantée en Armorique mais elle suit d’une certaine manière l’occupation romaine, du moins dans les villes. On sait qu’il y eut un concile à Angers en 453, un autre à Vannes un peu plus tard. On connaît des noms d’évêques armoricains. En fait, le christianisme a commencé à s’implanter par l’est (Nantes, Rennes), certains soldats romains étant chrétiens.

L’immigration bretonne (venant de Bretagne insulaire donc) va accélérer cette implantation, car les Bretons étaient déjà christianisés. En Bretagne, en effet, sous la pression de divers envahisseurs, une partie de la population du sud-ouest de l’île (Devon, Cornouailles, Pays de Galles) va immigrer en Armorique : les relations maritimes existaient de longue date et la langue n’était pas un obstacle.

La trace la plus tangible de leur arrivée réside sans doute dans les toponymes (noms de lieux) qu’ils nous ont laissés. On y trouve, pour faire bref, des noms en Plou (du latin plebs = peuple, et par extension paroisse), associés à des noms de saints (ex. Ploubezre, la paroisse de Pierre) ; des noms en « Lan » (monastère, lieu consacré) : ex. Lanvellec, la paroisse (née du monastère) de Mélec ; des noms en « Tre » (lieu d’habitation) : ex. Trédaniel, le lieu se rapportant à Daniel. Cette immigration bretonne a concerné une majeure partie de la péninsule armoricaine, sa partie Ouest.

 

De (grande) Bretagne ou d’Irlande, les saints bretons

Ceux que nous appelons « saints bretons » sont des moines, qui ont accompagné et dirigé des émigrants bretons venant en Armorique. Beaucoup ont été en relation avec l’abbaye de Llaniltud (près de Cardiff, fondée par saint Iltud). Quelques-uns, tels Colomba et Brendan, sont d’origine irlandaise, mais la plupart de ces saints venaient de (Grande) Bretagne. Les évêques de petite Bretagne sont en fait des abbés, chefs de monastères.
Leur historicité est attestée par les lieux qui portent leurs noms. Cependant, leurs biographies comblent les nombreuses lacunes par des faits légendaires. Nous ne savons presque rien de Briac, Cado, Miliau, Fragan… car leurs vies ont été rédigées comme des légendes pieuses plusieurs siècles après leur présence en ce monde. De plus, leur sainteté n’est pas « officielle », la canonisation n’étant apparue que dans le second millénaire. _ Néanmoins, il existait une manière d’officialiser leur sainteté : plusieurs étaient inscrits au calendrier liturgique, dans les litanies des saints au Moyen-âge. Tous n’ont pas bénéficié de cette mise en valeur, mais l’Église de leur temps les a reconnus, et donc leur existence n’est pas légendaire.


Alors, que pouvons-nous en retenir ? Au moins ceci : que nos saints furent des évangélisateurs, des missionnaires, des fondateurs. Ils nous ont apporté le Christ ! Ils ont organisé le pays. Ils ont marqué les esprits au point que l’on a donné leurs noms à une quantité de cités. Retenons tout spécialement Gildas le Sage, Gweltaz en breton, fondateur de l’abbaye de Rhuys, l’un des plus populaires dans notre région. Et aussi saint Guénolé (sant Gwennole), fondateur de l’abbaye de Landévennec, toujours bien vivante grâce à Dieu.

 

Lisez la suite sur le site de la Paroisse Notre-Dame de Bon Secours de Guingamp

À propos du rédacteur Eflamm Caouissin

Marié et père de 5 enfants, Eflamm Caouissin est impliqué dans la vie du diocèse de Vannes au niveau de la Pastorale du breton. Tout en approfondissant son bagage théologique par plusieurs années d’études, il s’est mis au service de l’Eglise en devenant aumônier. Il est le fondateur du site et de l'association Ar Gedour et assure la fonction bénévole de directeur de publication. Il anime aussi le site Kan Iliz (promotion du cantique breton). Après avoir co-écrit dans le roman Havana Café, il a publié en 2022 son premier roman "CANNTAIREACHD". En 2024, il a également publié avec René Le Honzec la BD "L'histoire du Pèlerinage Militaire International".

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