Nous avons déjà publié plusieurs articles sur saint Patrick, sa vie ou encore sa Lorrica (cf lien suivant). Nous vous proposons de vous pencher sur l’Hymne de Saint Fiacc pour les Laudes de Saint Patrick, traduite ici pour Ar Gedour par Stéphane Torquéau. Cette composition est une hymne chrétienne irlandaise en vieux gaélique, et qui appartient à la liturgie de l’Église celtique primitive. Elle date très certainement du VIe ou VIIe siècle.
Cette prière se trouve dans le Liber Hymnorum. C’est un manuscrit en vélin du XIe siècle, conservé à la bibliothèque du Trinity College de Dublin, sous la référence IE TCD MS 1441. Il contient un certain nombre d’hymnes et de prières, en latin et en vieux gaélique, qui étaient utilisés dans le culte de l’Église celtique primitive.
PREFACE A L’HYMNE DE S. FIACC.
‘Patrick est né.’ Fiac de Sletty a composé cet hymne sur Patrick. Or, ce Fiacc était fils de Mac Erca, fils de Brrgan, fils de Dairr Barrach, – dont est issu le Hy-Barrchi, – fils de Cathair Mór. Fiacc était en outre élève de Dubthach mac Ui Lugair, qui était le grand poète de l’Irlande. Il fut composé à l’époque de Loegaire mac Néill. C’est ce Dubthach qui se leva devant Patrick à Tara, après que Loegaire eut décrété que personne ne devait se lever devant lui dans la maison. Il devint dès lors un ami de Patrick, et fut ensuite baptisé par Patrick. Il se rendit un jour à la maison de Dubthach, (en Leinster,) et Dubthach fit un excellent accueil à Patrick.
Patrick dit à Dubthach : « Cherche pour moi un homme de rang, de bonne famille et de bonnes mœurs, qui ait tantum une femme et un fils. »
– « Pourquoi cherches-tu cela, c’est-à-dire un homme de cette trempe ? » dit Dubthach.
– « Pour qu’il entre dans les ordres. »
– « Fiacc est l’homme, » dit Dubthach, « mais il est parti en déplacement dans le Connacht. »
Alors qu’ils discutaient de cela, Fiacc vint, au même moment, lui rendre visite.
– « Voici la personne, » dit Dubthach, « dont nous avons parlé. »
– « Bien, qu’il en soit ainsi, » dit Patrick, « il est possible que quod diximus cela ne lui soit pas agréable. »
– « Qu’on essaie de me faire une tonsure, » dit Dubthach, « afin que Fiacc le voie. »
Quand Fiacc le vit, il demanda :
– « Pourquoi tente-t-on de tonsurer Dubthach ? » dit-il. « C’est du gaspillage, » dit-il, « car il n’y a pas en Irlande un poète comme lui. »
– « Tu voudrais prendre sa place, » dit Patrick.
– « Ma perte en Irlande est moindre que (serait la perte de) Dubthach, » dit Fiacc.
Alors Patrick coupa la barbe de Fiacc, et une grande grâce lui vint ensuite, de sorte qu’il lut tout l’ordre ecclésiastique en une nuit, uel .15. diebus ut alii ferunt, et on lui conféra le grade d’évêque, de sorte que c’est lui qui est désormais l’archevêque du Leinster, et son successeur après lui. Le lieu est Duma Gobla, au nord-ouest de Sletty ; tempus, de Lugaid mac Loegaire, car il était roi d’Irlande tunc, mais la causa était de louer Patrick, et elle a été composée après sa mort, ut ferunt quidam.
Hymne de S. Fiacc
Patrick est né à Nemthur, c’est ce que racontent les récits. Un jeune de seize ans, lorsqu’il fut amené à subir des larmes.
Sucat son nom (cela) a été dit ; ce que son père était, vaut la peine d’être connu : fils de Capurn, fils d’Otide, petit-fils du diacre Odisse.
Il fut six ans en esclavage ; il ne mangea pas la nourriture des hommes. Nombreux étaient ceux qu’il servait, Cothraige (serviteur) d’une maison quadruple.
Victor dit à l’homme de confiance de Mil qu’il doit passer par-dessus les vagues ; Il a frappé son pied sur la pierre, sa trace reste, elle ne s’efface pas.
(L’ange) l’envoya à travers toute la Bretagne, grand Dieu, c’était une merveille de parcours ! De sorte qu’il le laissa avec Germanus dans le sud, dans la partie sud de Letha.
Dans les îles de la mer Tyrrhène, il a jeûné, estime-t-on ; il lisait le Canon avec Germanus, c’est ce que racontent les écrits.
Vers l’Irlande, les anges de Dieu le ramenaient ; il a souvent été vu dans des visions qu’il reviendrait !
La venue de Patrick, attendue, a été une aide pour l’Irlande ; Au loin, on entendait le son de l’appel des enfants du Bois de Fochlad.
Ils ont prié pour que le saint vienne, qu’il se promène parmi eux, pour qu’il convertisse les tribus d’Irlande de l’iniquité à la vie.
Les tribus d’Irlande ont prophétisé « qu’un nouveau Prince de la paix viendrait à eux ; sa succession restera jusqu’au jour du Jugement dernier, vide sera la terre de Tara, silencieuse ! »
Les druides de Loegaire n’ont pas caché la venue de Patrick ; La prophétie s’est accomplie sur le royaume dont ils parlaient.
Patrick fut illustre jusqu’à sa mort, puissante fut son expulsion de l’idolâtrie ; C’est ce qui éleva sa bonté au-delà des demeures de l’humanité.
Hymnes et Apocalypse, trois (fois) cinquante, il les chantait ; Il prêchait, baptisait, priait ; il ne cessait de louer Dieu.
Le froid ne l’a pas empêché de dormir la nuit dans des étangs ; Au ciel, il a conquis son Royaume, et le jour, il prêchait sur les collines.
Dans Slán[1], au nord de Benn-Boirche,-ni la sécheresse ni l’inondation ne l’ont emporté ; Il chante chaque nuit cent psaumes à un roi des anges qu’il a servi.
Il dort sur une simple pierre par la suite, avec un manteau humide autour de lui ; Son oreiller était un pilier de pierre ; il ne laissait pas son corps au chaud.
Il a prêché l’Évangile à tous, il a accompli partout de puissants miracles ; Il guérit les boiteux et les lépreux ; les morts, il les ressuscite.
Patrick a prêché aux Écossais, il a beaucoup souffert. Pour qu’autour de lui, ils puissent parvenir au jugement, tous ceux qu’il a ramenés à la vie.
Fils d’Emer, fils d’Erimon, tous allèrent avec le diable ; Le Transgresseur les jeta dans la vaste fosse profonde.
Avant que l’Apôtre ne vienne à eux, il envoya … d’un vent violent ; Il a prêché trois fois vingt ans la croix du Christ aux païens de Fenians.
Sur la terre d’Irlande s’étendaient les ténèbres, ses tribus adoraient les fées ; Elles ne croyaient pas à la vraie divinité de la vraie Trinité.
A Ard Macha (Armagh) il y a une royauté : elle a depuis longtemps abandonné Emian ; Dun Lethglasse est une grande église : Tara même si les rebuts ne me sont pas chers !
Alors que Patrick était malade, il désirait se rendre à (Ard) Macha ; Un ange est allé à sa rencontre sur la route, à la mi-journée.
Il l’a envoyé au sud, vers Victor : c’est lui (Victor) qui l’a arrêté ; Le buisson dans lequel il se trouvait s’est enflammé ; c’est du feu qu’il est sorti.
Il dit : « (Laisse ta) dignité à (Ard) Macha, au Christ rends grâce ; Tu iras bientôt au ciel, tes prières ont été exaucées.
L’hymne que tu as choisi dans ton existence sera un Lorica de protection pour tous ; Autour de toi, au jour du Jugement, les hommes d’Irlande iront à leur Destin. »
Tassach est resté après lui, quand il lui a donné la communion ; Il a dit que Patrick allait bientôt partir ; la parole de Tassach n’était pas fausse.
(Patrick) a mis une limite à la nuit pour qu’aucune bougie ne soit gaspillée avec lui ; Jusqu’à la fin d’une année, il y eut de la lumière, ce fut un long jour de paix !
Dans une bataille livrée à Beth-horon contre le peuple de Canaan par le fils de Nun, Le soleil s’est arrêté vers Gibeon, c’est ce que nous disent les lettres.
Parce que le soleil s’est arrêté avec Josué, à la mort des méchants, La lumière, même si elle était trois fois plus brillante, serait appropriée à la mort des saints.
Les clercs d’Irlande allèrent surveiller Patrick sur toutes les routes ; Le son du chant les prosternait, chacun d’eux s’endormait sur la route.
L’âme de Patrick a été séparée de son corps après des labeurs ; les anges de Dieu, la première nuit (après sa mort), ont veillé sur lui sans cesse.
Lorsque Patrick est parti, il a rendu visite à l’autre Patrick : ensemble, ils sont montés vers Jésus, fils de Marie.
Patrick, sans signe d’orgueil, trouvait très bon d’être au service du fils de Marie, c’était un signe de dévouement pour lequel il était né.
Patrick est né.
[1] « la fontaine »