Nous vous avons déjà évoqué sur Ar Gedour cette chapelle du XVIème siècle dédiée à saint Christophe et qui est, avec le tout proche château de Tréfaven le plus vieil édifice de Lorient, ville “nouvelle” qui ne fut fondée qu’en 1699 pour servir de siège à la Compagnie des Indes. De plus, Lorient a été ravagée par les bombardement alliés lors de la Seconde Guerre mondiale et il ne reste que peu de choses de l’ancienne ville. Bretagne en 3D et Ar Gedour vous proposent de découvrir une vue de l’intérieur de ce bel édifice, en guise de teaser d’un projet plus développé que vous pourrez découvrir via ces deux sites.
La chapelle saint Christophe est donc bien antérieure à la fondation de la ville et est un des derniers monuments anciens qui y subsistent, elle a aussi souffert pendant la guerre, a été entièrement brûlée, et il ne restait alors que les murs. Elle a été amoureusement reconstruite après la guerre, et même si son décor est un peu dépouillé et minéral, les vitraux et les volumes apportent une incomparable note de chaleur et de couleur au lever du soleil. Elle est bâtie sur un éperon rocheux qui surplombe la rivière du Scorff, au lieu-dit de Kerentrec’h : la ville du passage -en trec’h en breton vannetais – car bien avant la construction du pont saint Christophe, c’était le lieu le plus commode pour passer le Scorff entre Caudan et Ploemeur. Les communes de Lanester et de Lorient sont en effet des démembrements des anciennes immenses paroisses de Caudan et Ploemeur.
Depuis des siècles, des passeurs faisaient la navette sur leurs canots entre les deux rives du Scorff, le pont le plus proche étant à Pont-Scorff. Ce passage, s’il était facilité par la faible distance à cet endroit entre les deux rives, restait néanmoins un lieu dangereux en raison des traîtres courants et des marées.
C’est pourquoi depuis des temps immémoriaux, Kêr-en-trec’h a été voué à saint Christophe, le passeur par excellence, qui porta l’Enfant-Jésus sur ses solides épaules en traversant une rivière. Il manqua alors de s’enfoncer dans l’onde, car l’enfant qu’il portait avait lui-même sur les épaules le fardeau de tous les péchés du monde… C’est pourquoi lors du pardon de saint Christophe à Lorient – tous les premiers dimanches de mai-il y a traditionnellement une bénédiction des enfants. Par extension, saint Christophe est aussi le saint patron des automobilistes et des voyageurs car il aidait ces derniers à accomplir leur périple en les portant sur ses solides épaules.
La chapelle saint Christophe de Kerentrec’h est donc un lieu chargé de symbolique et de mémoire depuis des siècles. Chaque mois, une messe selon la forme extraordinaire du rit romain y est célébrée, faisant résonner grégorien et cantiques bretons au sein de ces murs plusieurs fois centenaires.
Le cantique que vous pouvez entendre ci-dessus est un cantique breton à St Christophe, spécifique à cette chapelle. Il existait un cantique en français, composé (selon les indications des feuillets de pardons antérieurs) par l’abbé le Dorz ou composé par un autre prêtre en 1933 (selon un paroissien de Kerentrec’h). Ce cantique est chanté sur un air datant probablement du XIXème siècle.
2018 a vu naître une libre adaptation en breton du texte d’origine, écrite par Uisant ar Rouz et visée par le Père Ivan Brient, vicaire général du Diocèse de Vannes, cantique que vous retrouvez en exclusivité sur Kan Iliz.
Texte de Uisant Ar Rouz