Éclairage de Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes, sur Noël, paru dans Eglise en Ille-et-Vilaine n°248, de décembre 2013.
Noël est proche. Les lumières s’allument ici et là dans les rues, dans les communes et dans les magasins. Puissent-elles aussi s’allumer dans les cœurs !
Oui, Noël est proche mais pour les cœurs. Car Noël ne peut être une fête artificielle. Cette fête va en effet à la rencontre de quelque chose de très profond en chacun de nous. chaque cœur humain l’attend ! S’il ne le sait pas, c’est qu’il ne perçoit pas la signification de Noël, ou qu’il ne s’est jamais laissé éclairer par sa lumière.
De quelle lumière s’agit-il ?
Celle de la joie, de la vraie joie. Noël est une fête chrétienne. impossible d’en comprendre le sens sans revenir à sa signification chrétienne. Les premiers chrétiens n’ont pas seulement vu une naissance hors de la ville – Bethléem – ; ils n’ont pas simplement reconnu que le nouveau-né était le roi des Juifs, plus puissant dans sa faiblesse que les rois – César ou Hérode – de la Terre ; ils ne sont pas restés à contempler la douceur de la visite des bergers – les petits – ni la majesté de l’humble adoration des mages – les grands – ; ils n’ont pas fait que vénérer le « Juste » qui a pour nom « Joseph » et son épouse appelée « Marie » en reconnaissant que ce qui était conçu en elle venait de l’Esprit Saint.
Les premiers chrétiens sont allés à l’essentiel : la lumière de Noël est une lumière de joie, car Noël est le dévoilement de l’amour tout particulier qui vient de Dieu. Pour eux et pour nous, les Apôtres, illuminés par la foi, ont eu le regard perçant. Ils ont vu cet amour en acte : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique », lisons-nous dans l’Evangile de saint Jean. Ce même évangile chante la « joie parfaite » du disciple qui découvre cet amour.
Telle est la lumière de Noël : la joie véritable qui naît de la découverte de l’amour infini, débordant de dieu pour l’homme, pour chaque homme. Non pas un vague amour éthéré pour l’homme abstrait nommé en général, mais un amour réel, personnel et passionné pour l’homme concret avec son cœur et sa conscience, son corps et son âme, son histoire et sa vie personnelles.
Oui, chaque personne est rejointe par le mystère de l’incarnation, car dieu s’est fait chair « à cause de son trop grand amour », reconnaît Saint Paul qui, lui aussi, nous invite à être « toujours joyeux ».
Et cet amour va vers le plus pauvre. L’enfant naît en effet à Bethléem où il n’y a pas de place pour l’accueillir. Dieu va naître là où se trouvent les personnes non accueillies, celles pour qui il n’y a pas de place, parce qu’un regard réprobateur les a rejetées, isolées, méconnues, calomniées.
Telle est la folie de l’amour qui est en Dieu : Noël en est la manifestation éclatante. Dieu a tant aimé le monde avec ses plus pauvres, qu’il se penche vers eux et vient naître au milieu d’eux pour les rejoindre, les chercher, les prendre avec lui, et leur donner sa joie.
Car Dieu est joyeux ! en rencontrant son amour, la joie véritable – celle que nul ne peut ravir – naît dans le cœur.
En ce mois de décembre, préparons-nous à accueillir cet amour pour que la joie naisse dans nos cœurs, nos familles, nos voisins. Cette joie est gratuite. elle est le cadeau de Dieu. Pour le recevoir, ouvrons nos cœurs par l’amour vécu dans le don fidèle de soi, dans l’accueil de l’autre si différent de moi. Si Dieu m’a tant aimé, c’est que je suis un trésor pour lui ! À ton tour d’aimer ! Alors la joie coulera dans ton cœur comme une eau pure, paisible et nouvelle.