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Noël : une histoire de familles (par Nicholas Lorriman)

Amzer-lenn / Temps de lecture : 4 min

Durant tout le mois de décembre, Ar Gedour publie chroniques et contes de Noël, avec la complicité des collaborateurs habituels d’Ar Gedour mais aussi d’auteurs connus ou moins connus, contributeurs d’un jour pour plonger dans l’univers de Noël. Nous sommes heureux de vous partager leurs contributions.

A travers le monde entier, et pas uniquement pour les chrétiens, Noël reste une grande fête de la famille. L’image de la crèche, de la Sainte Famille au moment de la naissance du Christ, apaise les cœurs. Au centre du tableau repose le nouveau-né, dégageant un sentiment de fraîcheur et surtout de paix, paix dans nos coeurs, paix dans nos familles.

Le chrétien particulièrement peut aussi être amené à penser à une autre famille fondatrice pour l’histoire humaine, la première famille, celle composée d’ Adam, d’ Eve et de leurs deux fils. On observe que le dualisme qui caractérise la structure de la famille, père et mère, parents et enfants, se manifeste en radical contraste pour nos deux familles : celle qui initie la race et celle qui la renouvelle. L’enfant de Marie et de Joseph, enfant unique, mais simultanément homme et Dieu, est signe de réconciliation, pour une suite de dualismes, père/mère, parents/enfants,et surtout, homme/Dieu. Les enfants de nos premiers parents, Caïn et Abel, sont signe de division et de conflit fratricide. Mais Caïn et Abel sont conçus dans une chair corrompue par le péché, le Christ est conçu dans la chair sans tache de Marie, l’Immaculée.

Fiorito è cristo nella carne pura,
Or si rallegri l’umana natura.
(Jacopone da Todi. Franciscain. 1230 – 1306)

Mais c’est surtout un dualisme paternel, qui s’opère en sens inverse dans les deux familles. Dans les deux cas, deux pères sont en présence. Pour Caïn et Abel, comme pour chacun d’entre nous, il y a leur père procréatif, Adam, et leur père céleste, le créateur. pour Jésus, il y a le Saint Esprit, qui a couvert Marie de son ombre, et son père adoptif, St Joseph. Adam, par sa désobéissance, avait brisé le lien avec son père céleste, et communique cette rupture à ses enfants. Par contre, l’Esprit Saint et le Père subsistent dans l’union Trinitaire, et peuvent, sous leur inspiration, laisser toute la place à St Joseph pour assumer le rôle du père terrestre de Jésus, ‘le nourricier du Fils de Dieu’.

La Sainte Famille est toujours présentée comme exemplaire. L’exemplarité de Joseph est particulièrement parlante et réconfortante pour nous autres, pères de famille. Sa Paternité est à 100% déléguée. Il la reçoit à 100% comme don de Dieu. A la différence de St Joseph, nous avons le privilège d’être procréateurs, mais nos enfants sont d’abord fils et filles de Dieu. Si, à l’image de St Joseph, nous vivons notre paternité d’abord comme don de Dieu, le Père Céleste nous guidera et comblera nos insuffisances.

L’exemplarité de Marie est encore plus radicale. Dans son fiat, elle a parfaitement accepté sa maternité procréative, comme don de Dieu. En acceptant ce don, elle est devenue la mère de son créateur.

‘Tu quae genuisti, Natura mirante, tuum sanctum Genitorem…’
Antiphona Beatae Mariae Virginis. A Dominica l Adventus usque ad Purificationem.

Mère du créateur, sa maternité s’étend à toute la création, notamment à la race humaine. Nous sommes tous ses fils et ses filles. Bien sûr les mères de famille ont un lien privilégié avec Marie. Et il est difficile pour une mère de famille de faire face aux difficultés de son état et de s’épanouir, sans être en communion avec la maternité de Marie.

Pour les enfants, souvent frustrés, parfois meurtris, par les manquements de leurs parents, c’est en effet une formidable sortie de secours et vraie libération de pouvoir se dire, « maintenant je me tourne vers mes sources originelles, mon Père aux cieux et ma Mère céleste, Mère de mon Sauveur et Reine des cieux. ‘Si mon père et ma mère m’abandonnent, Yahvé m’accueillera. » (Psaume 27, verset 10. Bible de Jerusalem).

La scène la plus populaire dans la vie du Christ est donc une scène de famille. Scène de famille classique d’ailleurs : un nouveau-né entouré de ses parents et d’amis admiratifs. Une des grandes joies de Noël pour un chrétien est la réalisation que cette famille est devenue sa famille. Et par son incorporation au Christ dans le baptême, les parents du Christ deviennent les siens. En effet, le chrétien n’est plus un fils d’Adam que génétiquement, spirituellement il plonge ses racines dans les trois coeurs de la Sainte Famille, dans le coeur de Jésus, dans le cœur de Marie, et dans le cœur de Joseph, père adoptif du Sauveur, et père adoptif pour nous tous.

À propos du rédacteur Nicholas Lorriman

Rejoignant l'équipe de rédacteurs d'Ar Gedour, Nicholas Lorriman a été Président de la Fisher Society, association des étudiants catholiques de l'Université de Cambridge, ainsi que Maître de conférence "Langue et littérature anglaise" à Paris IV Sorbonne. Il est aussi membre de l'Ordre Souverain de Malte. Il est père de 10 enfants.

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