[PARDONS DE BRETAGNE] Le pardon du Sacré-Coeur en Berné

Amzer-lenn / Temps de lecture : 4 min

Nous avons sur Ar Gedour une rubrique mettant en avant différents pardons bretons, mais aussi pour permettre aux organisateurs d’avancer sur certains sujets. Ces articles ne seront donc pas uniquement là pour relater l’actualité des pardons mais aussi pour parler de la liturgie, proposer des points à améliorer, donner des idées de dynamisation, etc… Les comités de chapelles et animateurs se donnent souvent sans compter, mais malgré la bonne volonté, ils peuvent être démunis notamment sur l’aspect religieux. Il ne s’agit donc pas de faire ici des articles « critiques » mais constructifs, à l’adresse des comités concernés mais aussi des autres car ce qui est valable pour l’un peut aussi l’être pour un autre.. Ar Gedour est bien évidemment prêt à aider sur demande, comme c’est déjà parfois le cas.

Ce 19 juin 2016 avait lieu le pardon du Sacré Coeur en Berné (Diocèse de Vannes). Le pardon a lieu dans une chapelle qui est une sorte de miniature du Sacré-Coeur de Montmartre qui lui vaut d’ailleurs le surnom de « Montmartre breton », érigée sur une chapelle du sacré-coeur - berné - crédit photo otprm (36)hauteur boisée. La chapelle domine un paysage composé de forêts et de vallons.

Commencée en 1903, elle fut restaurée à de nombreuses reprises, principalement à la fin de la deuxième guerre mondiale. L’édifice évoque la dévotion au Cœur de Jésus devenu symbole de la révolte des chouans à l’époque révolutionnaire. Sa forme en croix grecque partage la chapelle en quatre parties égales. Au centre, quatre piliers soutiennent quatre arcs de cercle sur lesquels repose une coupole octogonale percée de seize ouvertures. Une seconde coupole repose sur la première. Au sommet, se dresse une statue du Sacré-Cœur de 2,60 mètres. L’intérieur abrite des fresques. Les dix scènes représentées retracent l’historique de la chapelle et expliquent l’objet et les pratiques de la dévotion au Sacré-Cœur.

La chapelle a été choisie comme chapelle jubilaire en cette année de Jubilé de la Miséricorde. De nombreux événements ont donc lieu au fil des mois dans ce lieu très propice au recueillement.

Ce petit pardon mérite d’être connu. La journée avait débuté par la bénédiction d’une nouvelle statue du Sacré Coeur, posée à l’entrée de la chapelle. La messe, en français, breton et latin, était suivie d’une procession durant laquelle était porté le Saint Sacrement. Un baptême avait aussi lieu durant l’office.

POINTS FORTS : 

  • un très beau cadre, une très jolie chapelle et un pardon bien enraciné, qui perdure, et dans lequel nous avons pu observer la présence de Procession Sacré Coeur Bernéjeunes et de familles. Les générations ont l’air de se connaître et travaillent ensemble.
  • un baptême avait lieu durant la messe. Nous sommes convaincus que les pardons sont un lieu d’évangélisation et que les baptêmes qui y ont lieu peuvent participer à cela.
  • une messe avec cantiques en français, en latin et en breton : Kalon Sakret Jezuz, O kalon sakret et Jezuz zo dichennet  ont été chantés, ainsi que le Tantum ergo.
  • La traduction des cantiques bretons était sur les feuilles, permettant même à ceux qui ne connaissent pas le breton de comprendre et d’apprendre.
  • un bar et un repas, ainsi qu’un tournoi de pétanque, qui attirent beaucoup de monde (plus encore qu’à la messe). Ce moment convivial est essentiel pour la vie communautaire.

POINTS A AMELIORER

  • Le Jezuz zo dichennet  n’est pas une anamnèse. Plusieurs paroisses le proposent comme tel, mais il serait souhaitable de le placer ailleurs, comme par exemple à la communion.
  • Dans un si petit édifice, il serait souhaitable de mettre en valeur et d’utiliser le maître-autel plutôt que d’ajouter une table d’appoint un peu trop basse faisant office d’autel. La liturgie de la parole peut-être faite à partir d’un bel ambon, la suite étant célébrée au maître-autel, convenablement préparé. Outre que cela prendrait tout son sens (cf propos du Cardinal Sarah sur le sujet), cela donnerait plus de place pour les célébrants et les servants d’autel (qui paraissaient être à l’étroit dans le choeur), mais permettrait aussi de mettre plus en valeur l’ensemble de l’édifice.
  • L’utilisation d’un dais pour le Saint Sacrement durant la procession pourrait être étudiée. Cela mettrait encore plus l’accent sur ce moment. De plus, il y a un balcon au-dessus de l’entrée, qui permettrait d’y monter le Saint Sacrement et que la bénédiction ait lieu d’en haut, donnant une certaine solennité à l’instant.
  • Au dire de certains « pardonneurs », la sonorisation de la procession était limitée. Les derniers n’entendaient pas ce que chantaient les premiers (élément que l’on retrouve dans bien des pardons à travers la Bretagne). Il faudrait donc augmenter la puissance de la sonorisation sur le parcours, ou prévoir un ampli nomade.

Photo A : TPRM – Photo B : G.D

À propos du rédacteur Tudwal Ar Gov

Bretonnant convaincu, Tudwal Ar Gov propose régulièrement des billets culturels (et pas seulement !), certes courts mais sans langue de buis.

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Un commentaire

  1. Entièrement d’accord sur la question du maître-autel. La possibilité de célébrer tourné vers l’assemblée ne justifie pas de célébrer sur une quelconque table, et de délaisser l’autel consacré. Sans compter le ridicule, dans les petites églises, d’avoir deux autels l’un devant l’autre.
    Comme il est difficile d’appliquer du jour au lendemain les conseils du cardinal Sarah sur la célébration ad orientem, on pourrait (ré)habituer progressivement les fidèles à cette orientation en le faisant lors des messes occasionnelles dans les chapelles qui n’ont d’autel digne de ce nom autre que l’ancien maître-autel, au lieu d’utiliser des tréteaux et du contre-plaqué ou une table de salon de jardin en plastique.
    Ce serait l’occasion pour le prêtre de rappeler l’importance de l’autel, et d’expliquer l’intérêt de célébrer ad orientem, après avoir rappelé que ce n’est ni interdit, ni anti-conciliaire, comme d’aucuns ont l’air de le croire.

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