Saints bretons à découvrir

Pensées sur les dernières heures du Christ.

Amzer-lenn / Temps de lecture : 3 min

Le voyant souffrir sous le poids de la croix et à cause des tortures de toute une nuit, elle s’est enhardie, une étoffe à la main, pour l’appliquer sur son visage ensanglanté.

Ce geste de bonté « en faveur de l’un de ces petits » (Mc 9,41 ; 25,40) auxquels Jésus était maintenant pleinement identifié, laissa sur son cœur de femme plus que sur la surface du linge un signe indélébile qui la rendit plus semblable à l’auteur de toute bonté. C’est pour cette raison que l’Église latine aimait interpréter son prénom (qui en fait révèle l’origine gréco-égyptienne de cette bienfaitrice ; « Véronique », c’est « Bérénice »!), en voulant y reconnaître deux mots très évocateurs dans ce contexte: « Vraie icône », autrement dit « Véritable image ».

Ainsi comprenons-nous mieux l’Incarnation qui, par l’intercession du Saint-Esprit et le « oui » entièrement libre de Marie, fit en sorte que le Verbe, la deuxième personne de la Trinité, prit chair de notre chair, afin de nous montrer « de l’intérieur » le chemin de l’Amour actuel et éternel : « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie » (Jn14,6).

La vie sur cette terre est en quelque sorte une transition, un désert, où comme le peuple hébreu, nous « pèlerinons » assoiffés de la source d’eau vive, affamés du pain véritable. Est-ce étonnant alors que les derniers mots de Jésus en son Incarnation – (« en tout pareil aux hommes ») – furent : « J’ai soif ! », dans son identification complète à tout homme broyé.

Parole ordinaire, banale, qui contient toutes les souffrances, les siennes comme celles de l’humanité entière… Cri de l’Amour parfait, celui de Dieu et celui des hommes rachetés…

Pour délivrer l’humanité captive de la mort, le Verbe, en ayant assumé la nature humaine, était dans la nécessité de faire l’expérience réelle de la mort, à laquelle nul vivant ne peut échapper ; celui qui s’est présenté à la Samaritaine, cette autre Véronique, comme l’eau vive intarissable, définitivement désaltérante, était obligé de traverser nos déserts, nos faims, nos doutes, les brûlures des serpents en chemin, pour les transformer en « prairies d’herbe fraîche » où paissent les brebis, en « Pain vivant descendu du ciel » (Ps77,24-Jn6), en promesses de « lait et de miel » (Ex3,8-Lv20,24-Nb13,27-Dt8,8-Sir46,10-Jr11,5-Ez20,15), en guérisons de l’âme et du corps, en certitude de joie !

Une vie « aveugle de Dieu » est comme un lieu séparé de Lui. Comme le Saint des Saints du Temple de Jérusalem rendu hermétique, inaccessible au peuple par un immense et lourd rideau, celui-là même qui a été fendu en deux au moment où Jésus a rendu son âme sur la Croix. Une vie sans Dieu est un lieu où Dieu n’est ni vu, ni approché, ni communiqué. Une barrière, une frontière, un enfermement doit y être pulvérisé, comme ces tombeaux des Justes, ces croyants d’avant le Christ, que la mort de celui-ci a rendue à la vie et à la société des hommes.

Quand nous consentons à cet air nouveau que Jésus vient refaire circuler par la brèche qu’il a ouverte en nous, ce souffle libre de l’Esprit, « qui va où il veut » (Jn3,8), celui qu’aucune barrière ne peut arrêter, s’accomplit le projet de Dieu pour toute l’humanité : dans sa réalité corporelle et spirituelle, la créature est justifiée, adoptée, épousée, dans une union divine, qui ne relève pas de l’ordre « naturel », mais de l’ordre « sur-naturel », et, qui inaccessible aux « yeux de chair », ne peut être vue que par le regard de la foi : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! » (Jn20,29).

À propos du rédacteur Tad Kristof

Tad Kristof a été ordonné prêtre en juin 2000. Il a exercé notamment en Afrique où il a créé "Tud a Vreizh" à Libreville. Passionné par la Bretagne, il contribuera à la dimension spirituelle d'Ar Gedour en répondant aux questions qui lui seront posées.

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Un commentaire

  1. Merci pour cette méditation.

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