Saints bretons à découvrir

Plouhinec-sur-Mer, ou comment faire du passé table Raz…

Amzer-lenn / Temps de lecture : 4 min

Blason_plouhinec.svgFrance Bleu Breizh Izel informe que Plouhinec (29780) dans le sud-Finistère va « modifier » son nom. C’est lors de ses voeux que l’annonce a été faite. Et le maire Bruno Le Port tient bien à préciser que « ce n’est pas un changement » mais une « modification« . Effectivement, tout le monde sait que modifier quelque chose n’a rien à voir avec le changement. Quand on prend les gens pour des…

« Nous avions de plus en plus, avec les nouvelles technologies, de confusion avec le Plouhinec dans le Morbihan. Des gens qui voulaient se rendre dans la pointe du Raz se retrouvaient en baie de Gâvres ou alors vous réserviez un gîte dans le Morbihan et vous arriviez dans le Finistère sans rien... »

Les mairies ont d’ailleurs la même adresse : « place du général De Gaulle« . Bruno Le Port, qui est d’origine morbihannaise, reçoit donc régulièrement du courrier adressé à son alter-ego morbihannais. Et « même du courrier officiel de l’administration » s’étonne l’élu finistérien. « Les plouhinecois s’appelleront toujours les plouhinecois, ils ne changeront pas leur carte d’identité ni leur carte grise et le code postal restera le même » précise-t-il.  Les anciennes générations n’y avaient pas pensé, mais voici le mi-mi, le ra-ra, voici le miracle ! Eurêka ! On modifie le nom de la commune et les touristes (qu’on prend donc pour des benêts) pourront arriver à bon port !

Une consultation via le magazine de la commune a eu lieu et 500 habitants (d’après France Bleu Breizh Izel) ont voté pour ce nouveau nom de Plouhinec-sur-mer (comme si l’autre Plouhinec n’était pas « sur mer »!). Le Télégramme précise que 38,79 % de ceux qui se sont exprimés ont voté pour « Plouhinec-sur-Mer ». 23,27 % pour « Plouhinec-Cap-Sizun » et 27,94 % pour diverses propositions. On ne saura pas lesquelles (on se demande d’ailleurs où sont passés les 10% restants : coquille, propositions non prises en compte ?).

Combien d’habitants se sont exprimés ? On ne sait pas mais  en suivant les informations ci-dessus et avec une petite règle de 3, sauf erreur de notre part, ce sont donc 1289 Plouhinecois qui ont donné leur avis. Sur les 4000 habitants, ça ne pèse pas lourd, d’autant que plusieurs habitants nous ont confié ne pas avoir été sollicité pour cette votation. C’est dire si la pub a été efficace. Il se peut d’ailleurs que la majorité des habitants soient aussi intéressés par la question que de l’an 40. La majorité de la population n’a donc pas voté pour ce changement de nom, mais apparemment, on s’en contrefiche dans les hautes sphères de Plouhinec-sur-Mer.

Par contre, une chose est sûre : si, au lieu de continuer à se vautrer dans la francisation de nos noms de villes et de contribuer au déracinement comme le font les mariages forcés de nos communes au détriment de leur identité, le maire avait opté pour une « modification » invitant à n’utiliser désormais que le nom de la ville en breton, la question de l’homonymie aurait été vite réglée, puisque le Plouhinec du Morbihan s’écrit Pleheneg, alors que le Plouhinec du Finistère s’écrit Ploeneg. Plus de confusion possible en utilisant cette solution d’un nom désormais uniquement en breton. Mais comme trop souvent, les solutions évidentes sont loin d’être celles de certains édiles. Est-il utile de rappeler que le maire avait dit lorsqu’il s’était opposé à l’installation d’une école Diwan à Plouhinec-sur-Mer, que la langue bretonne était « notre passé.. » (sic), propos sur lequel il était revenu en disant qu’on l’avait mal compris et que pour lui les langues étaient importantes (cf ABP). Mais, on le voit aujourd’hui, le breton est tellement notre passé qu’il vaut mieux en faire table rase ou du moins, semble-t-il, à contribuer à sa transformation « à la française ».

De là à changer la devise de la ville « war zouar ha war vor » (sur terre et sur mer) en « war vor » tout court.

Ce qu’en dit Wikipédia

Plouhinec Finistère : selon une hypothèse, le nom de Plouhinec serait issu de l’ancien breton. Il s’agirait de la concaténation de ploe (« paroisse » en breton) et ethin « ajonc », avec le suffixe -ec. Ithinuc ou Ecthinoc signifie « endroit couvert d’ajoncs ». En breton, la commune se nomme Ploeneg. Selon une autre hypothèse, le nom proviendrait de ploe et de saint Winoc, patron de l’église paroissiale qui lui est consacrée.

Plouhinec Morbihan : Le nom de la commune est Pleheneg en breton. le nom de la commune est formé sur le breton Plou (paroisse ou peuple) et Ithinouc (Pleheneg) ou Ethinoc (déformation du nom du saint breton Guéthénoc), ou ezinec, lieu à ajoncs en moyen breton. Attestée sous sa forme latine Plebs Ithinuc au vie siècle, Ploihinoc en 1073, Ploezne en 1427, Ploeznec en 1464, Plouhinec en 1477, Pluhinec en 1536.

À propos du rédacteur Tudwal Ar Gov

Bretonnant convaincu, Tudwal Ar Gov propose régulièrement des billets culturels (et pas seulement !), certes courts mais sans langue de buis.

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17 Commentaires

  1. Mais il faut penser aux touristes! Ils ne savent pas, les pauvres…..Je propose de renommer Paris: « Paris on land ». Ben oui, dès fois qu’ils se perdent en « Hauts de France »…..

  2. Tout ça me donne un Haut le Cœur!

  3. Ah! J’oubliais: il faut aussi rebaptiser la ville de Lorient. Pour ne pas confondre avec l’Orient….Renommons Lorient Atlantique (pas Bretagne, c’est trop ringard….).
    Et puis Lorient agglomération peut-être confondu avec une agglomération des pays d’Orient. Alors, Lorient Agglomération Atlantique, c’est pas mal, quoique trop long. J’ai mieux: L2A, c’est bien……

    On continue?…….

  4. Lille, ou l’île….l’ile de quoi? Lille de quoi? Le Français, c’est dur pour les touristes. Au secours, Najat: simplifions tout ça. Donc si on va à Lille, on va à Lille sur terre? Ben oui, car sur mer, ça ne le fait pas! toutes les iles sont en mer…. Ou alors Lille sur Terre? Pas sur Mars?….
    J’en perd mon Latin: zut! langue morte!

  5. OUi! et puis pour ne pas s’y perdre, il faudrait réortographier certains noms: Pont Avène au lieu de Pont Aven parce que l’on peut confondre avec Pont à Vin, voire avec pots de vins. Quoique, même pas possible: Avène est une marque déposée. Pont à veine, alors? Le paradis des flébologues….

  6. Et Rosporden deviendrais Roseporcdaim?

  7. Notez cependant que Bruno le Port est un bon maire, en ce sens qu’il se souci réellement de la commune de Plouhinec et de ses habitants, et ce de manière tout à fait désintéressée. Cependant, il manque à toute cette équipe municipale une réelle culture Bretonne, de réelle connaissances sur la Bretagne, et la langue Bretonne, qu’ils considèrent comme du passé au lieu d’en faire l’avenir…

  8. Merci braz pour vos commentaires 🙂 Jean rit encore. C’est par où Pain-Villiers ? heu pardon ?!! Montrez voir, ha yes !! Penvillers, au fond à gauche (histoire vécue). Autre histoire vécue. Je recherche Quand-lé. ?????? ah yes !! Camlez, au fond à droite !!! J’imagine le voyageur entrant sur son machin fone le fameux Quand-lé, il atterrira en Chine dès fois. Bloavez mad 2017 !!!

  9. Juste une anecdote sur ces confusions, en rappelant au passage l’excellent livre d’ Erwann Vallererie »L’art et la manière de prononcer ces sacrés noms de lieu de Bretagne ; Douarnenez, le Chasse-Marée / ArMen, 1996, (ISBN 2903708630) »et son tout aussi incontournable ouvrage de théorie bretonne « Nous barbares locaux (reprise de Théorie de la Nation (1971) avec trois autres essais : «Place de la langue dans le combat de libération nationale», «L’Europe contre la Bretagne» et «Nous barbares locaux», rédigés entre 1971 et 1976) ; éd. An Here, 1997. », épatant de profondeur intellectuelle bretonne.
    Bref, l’anecdote: participant aux Journées de la BD d Rouans (Loire -Atlantique) dans les années 90, j’ai eu le plaisir de discuter avec un auteur belge d’ascendance polonaise qui avait accepté l’invitation en confondant avec… Rouen!
    Comme quoi, il est important de distinguer nos ennemis séculaires de Basse-Bretagne de nos authentiques paroissiens de Plouhinec!

  10. Nos élus locaux ne connaissent pas la culture bretonne mais ne connaissent même pas le français : les communautés de communes s’appellent souvent maintenant « Machin communauté » (Pontivy communauté, Josselin communauté, Brocéliande à Oust communauté, etc) sur le modèle anglo-saxon. A quand Morbihan-département, Bretagne-région ou Lorient-arrondissement ?

    • @Mikaël: pour Lorient, c’est déjà le cas: on dit: Lorient agglomération. Pour Brest, c’est Brest métropole Océane.

      • Dans le genre des nouveaux noms à la noix inventés par des cabinets de com’ aussi pseudo- branchés qu’ illettrés et pas gratuits, il y a quelques années, la ville de Vannes avait sorti un nouveau logo avec pour légende : « Morbihan capitale » ce qui fait plus tendance que de dire tout simplement : « capitale du Morbihan » ce qui au passage respecte la grammaire. Toujours à Vannes, ils ne se sont même pas embarrassés de dire agglomération, il s’agit de « Vannes agglo » (pourquoi pas parpaing tant qu’à faire ?)
        Pour Lorient, ils estimaient que « Communauté d’agglomération du pays de Lorient » faisait un peu trop réel et trop correct grammaticalement…
        Dans le cas de Plouhinec, ce qu’il y a de spécialement ubuesque, c’est que les deux communes de Plouhinec sont au bord de la mer, pourquoi le Plouhinec du Morbihan ne deviendrait pas aussi sur mer, après tout ?
        Jusqu’ici, on disait tout simplement Plouhinec Morbihan ou Plouhinec
        Finistère.
        L’eglise elle-même n’est pas en reste de cette démagogie ringarde de la table rase en créant de « nouvelles paroisses », ce qui revient à en supprimer au passage des anciennes. Les paroisses elles-même deviennent des « ensembles paroissiaux », Les doyennés des « zones » ou des « secteurs »
        Radio sainte Anne devient RCF sud Bretagne, ils n’ont pas pensé qu’une partie du Finistère est aussi en Bretagne sud. je ne parle pas de l’invasion des sigles sybillins (GAP, P.J, MCR, CMR, ACE…)

        • Vous avez raison, l’Eglise n’est pas en reste dans l’invention de noms propres et de tout un jargon technocratique. La circonscription Sud-Bretagne, pardon, le diocèse de Vannes ! , échappe pour l’instant à la création de pseudo nouvelles paroisses, mais là où cela a eu lieu les paroisses portent des noms tout aussi artificiels et stupides que les « communes nouvelles ». On emploi aussi toutes sortes de circonlocutions du style « prêtre au service de la paroisse de X », « prêtre coopérateur » au lieu de dire simplement vicaire. Ar gedour a raison d’appeler l’abbé Brient « recteur » de Pontivy plutôt que « curé ». Assez bizarrement depuis le XIX on appelle « curé » les recteurs des grosses paroisses, et on continue d’appeler « recteur » les autres. Mais comme les recteurs des petites paroisses ont disparu, le terme recteur risque de disparaître aussi, c’est encore une particularité bretonne qui disparaît.

  11. Je m’éloigne un peu pour signaler une bonne nouvelle : la précédente municipalité de Ploërmel avait voulu faire moderne en échangeant les vénérables armoiries (un léopard sur semis d’hermines) par un « logo » formé d’un P sur fond rouge (il a sûrement fallu payer une fortune un cabinet de com’ pour créer ce qu’un gamin de CE2 aurait pu faire) . La nouvelle municipalité est revenu sur cette décision et a remis à l’honneur les anciennes armoiries.

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