Règles liturgiques pour Noël

Amzer-lenn / Temps de lecture : 8 min

Nous vous proposons quelques extraits de la Présentation Générale du Missel Romain (PGMR), du Missel Romain, du Cérémonial des évêques et du Directoire sur la piété populaire et la liturgie, de manière à ce que la liturgie de Noël soit au mieux respectée. La Constitution sur la Sainte Liturgie “Sacrosanctum Concilium” issue du Concile Vatican II dit que “dans la liturgie terrestre, nous participons par un avant-goût à cette liturgie céleste qui se célèbre dans la sainte cité de Jérusalem à laquelle nous tendons comme des voyageurs, où le Christ siège à la droite de Dieu, comme ministre du sanctuaire et du vrai tabernacle”. Ces informations sont souvent ignorées ou méconnues des animateurs liturgiques. C’est pourquoi nous les mettons en avant, en invitant à tendre vers cet avant-goût de la liturgie céleste. 

 

CRECHE

– La fonction principale de la crèche, comme de toute image pieuse, est de servir de support à la piété et de la faciliter, surtout celle des enfants et de ceux qui sont prêts à devenir comme eux. Ainsi, ce n’est généralement pas une idée judicieuse d’installer la crèche sous l’autel principal. L’endroit idéal serait sûrement une chapelle latérale, propice à la prière privée et aux messes peu fréquentées, mais pleinement visible depuis la majeure partie de la nef.

VEILLEE

– la veillée qui précède la messe de la nuit s’assimile à une Célébration de la Parole de Dieu, selon l’appellation du Cæremoniale episcoporum, qui prescrit [13] une salutation d’ouverture, une oraison, des lectures, des chants, une homélie et du silence — ce qui laisse une grande place aux coutumes locales [14]. Presque partout, on intègre à cette célébration un chant ou récit basé sur le martyrologe de la veille de Noël.

13- CE 221-226.

14- Le prêtre peut porter l’étole et la chape [par extrapolation de CE 225], mais il semble peu convenable qu’il revête la chasuble pour présider une veillée.

 

MESSES DE LA NUIT DE NOEL ET DU JOUR DE NOEL

Le missel note, avant la messe de la nuit, que tout prêtre peut célébrer, ou concélébrer, trois messes en ce jour, sous condition de célébrer ou concélébrer chacune à l’heure appropriée. À titre exceptionnel, il peut conserver l’offrande correspondant à chacune d’entre elles (canon 951 §1).

Les chants grégoriens de ces trois messes (et de celle de la veille au soir) sont totalement inchangés par rapport aux livres antérieurs. Il n’existe pas de règle concernant l’ordinaire de ces messes : de facto c’est très souvent la messe VIII, mais, en quelques églises courageuses, on chante la messe IX à minuit. Les textes des messes et des offices ne varient pas selon l’année ; ils se trouvent à leur place dans le missel, le lectionnaire et le bréviaire, et ne présentent aucune particularité sinon la Communicantes dans le canon romain et la génuflexion par tous à Et incarnatus est au Credo.

Le cérémoniaire aura fait ce qu’il faut pour qu’il y ait des servants en nombre convenable à la messe de la nuit, mais aussi à celle du jour, qui doit être la plus solennelle. L’absence prévisible de certains servants s’accompagne d’un afflux inhabituel de fidèles à la messe de la nuit. Il est indispensable que tout soit prêt pour cette messe avant le début des matines (ou de la veillée), et que les servants qui arriveront au dernier moment sachent d’avance ce qui leur sera demandé. Il n’est pas moins nécessaire de s’assurer que prêtres et diacres savent où et comment ils distribueront la Sainte Communion [15], que les placeurs et quêteurs savent ce qu’on attend d’eux, que la crèche est réellement prête à recevoir l’Enfant (et que l’on n’a pas égaré celui-ci depuis l’année précédente).

À la Messe de la nuit, on sonne les cloches de l’église pendant toute la durée du chant du Gloria [16]. (NOTE D’AR GEDOUR : pour rappel, le texte du Gloria ne doit pas être modifié, comme il est rappelé ici ; il sera donc déconseillé de prendre un “Gloire à Dieu Seigneur des univers” ou “les anges dans nos campagnes” en lieu et place du Gloria. De même on entend beaucoup “la paix elle aura ton visage” au moment de l’Agnus, particulièrement en cette période de Noël ; nous rappelons que le Pape François a publié en juin 2014 un document précisant qu‘il fallait proscrire «un chant pour la paix» à ce moment et que cela n’est pas prévu dans le Missel Romain).

Dans les églises urbaines très fréquentées en cette nuit, il faut préparer sur la crédence tout ce qui sera requis pour exécuter rapidement la décision imprévisible à l’avance sur le nombre d’hosties et de ciboires à apporter à l’autel. Il pourrait être utile de préparer les recharges d’encens et charbon, les torchères ou flambeaux de la consécration, et toutes les autres choses qu’on a l’habitude d’aller chercher à la sacristie pendant la messe, dans un lieu plus facilement accessible en présence d’une grande foule [17]. En plusieurs églises, une image de l’Enfant-Dieu est dressée sur l’autel pendant toute la durée de la messe, cette image est encensée de trois coups doubles comme le crucifix – en principe, aussitôt après le crucifix -, à l’introït et à l’offertoire.

En de nombreuses églises, l’Enfant est apporté processionnellement à la crèche par le célébrant [18] avec le clergé et une partie de l’assistance, surtout les enfants. Selon la coutume des lieux, cette procession se fait, soit à minuit avant de commencer la messe, soit après l’homélie ou après le Credo, ou encore à la fin de la messe : en ce cas le célébrant apporte l’image qui a été sur l’autel. Si le célébrant ne peut pas dignement atteindre la mangeoire pour installer l’Enfant, l’honneur d’y grimper [19] revient au plus jeune des enfants de choeur. La crèche est encensée par le célébrant debout, ensuite tous prient [20] devant la crèche en silence ou pendant un chant – le cérémoniaire aura préparé des prie-Dieu à l’usage des ministres sacrés.

En quelques églises où il n’y a pas un grand afflux de fidèles à la Messe de l’aurore, celle-ci est célébrée dans une certaine intimité à l’autel de la crèche.

En revanche, la Messe du jour étant la célébration principale et publique de l’Incarnation de Notre-Seigneur, il convient d’y mettre toute la splendeur possible. En de nombreuses églises, la schola chante Et incarnatus est en polyphonie (tous étant à genoux) ; en certains lieux, Adeste fideles est chanté par toute l’assemblée après la consécration. À la fin de la messe, on peut se rendre processionnellement à la crèche, qui est encensée par le prêtre debout avant le chant de l’Angelus.
 

Notes

15

Il convient de veiller avec soin à ce que les fidèles qui désirent communier à la messe de la nuit puissent le faire dans des conditions décentes, en dépit de la présence d’une foule qui fréquente rarement l’église.

16

On peut aussi sonner la clochette, ou les clochettes, pour la plus grande joie des enfants de choeur. Jadis on limitait la sonnerie des clochettes au temps de la récitation du Gloria par le prêtre et ses ministres, faisant durer la sonnerie des cloches de l’église jusqu’à la fin du chant par le choeur et les fidèles. Il peut être prudent d’envoyer les enfants agiter leurs sonnettes à une certaine distance et du choeur et du prêtre.

17

Enfin, en certains lieux, il faut prévoir les cas où parfois une infime proportion de l’assistance communie, laissant plusieurs Saints Ciboires à la fin : le cérémoniaire aura prévu les couvercles, pavillons, clés, cierges, voiles et servants nécessaires, ainsi que les prêtres ou diacres pour reporter décemment ces Ciboires au tabernacle s’il n’est pas à proximité (ou à plusieurs tabernacles, s’il le fallait).

18

En réalité, l’image apportée par le célébrant en procession est souvent plus grande que celle qui est ensuite posée dans la crèche.

19

Il peut être utile de répéter la manoeuvre privatim.

20

Il ne faut pas oublier que le but de cette procession à la crèche est la piété, tant du clergé que de l’assistance, et que le meilleur service que le clergé puisse rendre aux jeunes enfants est de les laisser aux bons soins de leurs parents et catéchistes et de leur montrer l’exemple des ministres de l’autel qui prient.

 

Nous vous invitons aussi à relire notre billet reprenant des extraits du Directoire sur la piété populaire et la liturgie pour Noël.  

Pour en savoir plus, rendez-vous aussi sur www.ceremoniaire.net

À propos du rédacteur Eflamm Caouissin

Marié et père de 5 enfants, Eflamm Caouissin est impliqué dans la vie du diocèse de Vannes au niveau de la Pastorale du breton. Tout en approfondissant son bagage théologique par plusieurs années d’études, il s’est mis au service de l’Eglise en devenant aumônier. Il est le fondateur du site et de l'association Ar Gedour et assure la fonction bénévole de directeur de publication. Il anime aussi le site Kan Iliz (promotion du cantique breton). Après avoir co-écrit dans le roman Havana Café, il a publié en 2022 son premier roman "CANNTAIREACHD".

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