Saints bretons à découvrir

Saint Lohemel de Redon, avocat bénédictin

Amzer-lenn / Temps de lecture : 4 min

Nous sommes le 2 janvier : voici la vie du saint fêté ce jour, selon le calendrier de Garaby. Le calendrier usuel donne Koupaia

saint breton,lohemelSant Lohemel (breton), Louhemel (manuscrit), Léomel

Etymologie: Celtique Lou=Lumière – mel=prince

Prénoms actuels: Lohemel – Fêté le 2 janvier

Biographie:

Lohemel naquit au début du IXe siècle vraisemblablement dans une famille aisée puisqu’il fit de brillantes études, théologie et droit canon. Il entra très jeune dans le clergé épiscopal de Vannes où il se lia avec 5 autres clercs de la cathédrale, Guincalum, Condeloc, Conhoiarn, Riowen, Wentenwion. Tous refusaient les honneurs de la vie pour se réfugier dans l’humilité et la prière. Leurs vertus attirèrent l’attention du roi breton Nominoë, vassal de Louis le Pieux, successeur de Charlemagne. Lohemel et ses compagnons, à la recherche de la solitude pour mieux servir Dieu, supplièrent Convoyon (Conwoion), prêtre à la cathédrale, de les guider dans leur recherche. Le saint accepta étant luimême en quête de piété. Les sept religieux quittèrent la ville épiscopale. Après des errances méditatives, ils s’arrêtèrent au Confluent de l’Oust et de la Vilaine, dans un lieu-dit Roton (un gué en breton), devenu Redon. Ils se rendirent chez le seigneur des lieux, un certain Ratwili qui accepta de leur donner la terre de Redon, devant son fils Catworet et cinq autres témoins. Cependant des gens du cru cherchèrent à faire déguerpir les moines par tous les moyens. En 831, saint Convoyon envoya Lohermel à Vannes, demander la protection royale.

L’avocat plaida étonnamment la cause de ses frères qui s’étaient installés dans une zone désertique, pour procurer au saint Sauveur un oratoire, loin des rumeurs mondaines. Illoc s’y opposa réclamant la terre de Redon au nom de ses droits héréditaires. Pour consolider l’accord royal, Lohemel et son abbé durent se rendre en Limousin près de l’empereur Louis le Pieux. Là les attendait Ragenaire, évêque de Vannes qui n’avait pas pardonné à Convoyon de lui avoir enlevé les 6 meilleurs clercs de son chapitre, ainsi que le comte de Nantes, Richouin, intéressé par le terrain nouvellement défriché. Prêtant l’oreille aux opposants, le monarque chassa les deux moines. A Tours, quelques mois plus tard, même demande, même rejet…

En 833, dans une guerre de succession, les trois fils déposent leur père, Louis le Pieux (le débonnaire). Profitant de la confusion, le bon roi Nominoë entérina l’acte de donation. Installés, Gerfroi leur apporta la règle de saint Benoît.

La « Gesta Sanctorum Rotoneusium » nous fait connaître une autre aventure des saints Convoyon et Lohemel accompagnés du Frère Heldemar. A la recherche de reliques pour leur abbaye, les trois bénédictins se rendirent à Angers chez un expatrié breton, Heldewald, qui leur indiqua la présence de deux tombeaux d’évêques d’Anjou, ceux des Saints Hypothème et Apothème, chacun dans leur église. Mais, précisa-t-il, Hypothème avait déjà refusé de suivre d’autres moines qui avait essayé de l’enlever.

Trois nuits plus tard, avec l’aide de Dieu et de quelques outils de levage, les bénédictins s’attaquèrent à la dalle qui, comme pour les autres, refusa de tourner. En chantant des psaumes, ils renouvelèrent leur effort, alors la dalle céda, saint Hypothème consentait à les suivre. Alors tous les trois (tous les quatre) s’enfuirent. Qui aurait pensé d’intercepter ces trois honnêtes moines? Au jugement dernier, Lohemel plaidera-t-il la relaxe pour ses compagnons et lui-même? Saint Lohemel mourut en grande opinion de sainteté après les épreuves de longues années de souffrance. Nous étions le 2 janvier 847.

Sur la sainteté de Lohemel:

Trop de fois cité dans des manuscrits de sources différentes pour que l’on puisse réfuter son existence. D’après ses hagiographes, sa sainteté serait mentionnée dans le Cartulaire de Redon. Personnellement je n’ai rien retrouvé, mais qui m’en voudra de ne pas avoir vu cette preuve dans 390 actes écrits en latin ?

Ces textes en font un dignitaire qu’on peut assimiler à un prieur. Il a accompli des miracles, dont celui de rendre la santé à un ouvrier écrasé sous une charrette de pierres sur le chantier de l’abbaye. De Garaby en fait un bienheureux, et un prêtre. Albert le Grand le cite. Rien chez les orthodoxes. Rappelons que la sainteté ‘à la romaine’ ne date que de 1180. Avant cette date, l’Evêque ou la vox populi décidait de la canonisation. Son temps fut une période troublée par les invasions vikings, mais aussi françaises, et impropre aux enregistrements scripturaux…

Quoiqu’il en soit saint Lohemel reste un saint bien breton et un prénom usité en Armorique.

Sources:

– Cartulaire de l’Abbaye de Redon présenté par Aurélien de Courson – Paris – 1863

– Vies des bienheureux par Malo de Garaby – St Brieuc – 1839 – Vies des saints de Bretagne – Lobineau – Rennes 1725

1ère diffusion de cet article le 15/01/2014

À propos du rédacteur GF Hacherez

Hagiographe reconnu, il met à la disposition d'Ar Gedour ses nombreux travaux sur les vies de saints, méconnues du grand public

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Un commentaire

  1. Vous citez 3 ouvrages : cartulaire de Redon de 1863, Vies de Malo de Garaby de 1839 et Vies des saints de Dom Lobineau de 1725. Savez-vous si l’un ou tous ces ouvrages ont été réédités depuis et comment se les procurer.
    Merci encore pour vos rubriques qui sont bonnes pour l’esprit.
    Jean-Yves MORVAN

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