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Samedi Saint : le confinement, le grand silence et le suaire (3D)

Amzer-lenn / Temps de lecture : 4 min

Doue hollc’halloudek ha peurbadel, hoc’h Unvab zo diskennet betek donderioù an douar hag adsavet alese er c’hlod ; roit eta, ni ho ped, d’ho feizidi, bet sebeliet gantañ er vadeziant, ar c’hras da dizhout ar vuhez peurbadus. Eñ a vev…

Jour pesant que ce samedi où la veille celui que nous pensions être le sauveur du peuple a été cloué sur le bois d’infamie. Dans notre détresse qui nous fait dire : « Seigneur ne nous abandonne pas » subsiste une fugace lueur d’espérance. N’est-ce pas la réponse à l’interrogation de Jésus : « quand le Fils de l’Homme reviendra, trouvera-t-il la foi ? » questionne Tad Kristof.

Au début de ce confinement, nous évoquions le vide de nos églises, et cette sensation d’un grand Samedi Saint qui dure sans qu’on ne sache quand il finira. Le désarroi, la peur du lendemain, l’inconnu. Le dépouillement de nos églises, les bénitiers vidés, le grand silence… Plus rien… plus rien…

Jusqu’à présent, seul le Saint Sacrement est là, et la petite flamme vacillante auprès du tabernacle montre cette présence réelle malgré l’absence du peuple. Dans les églises qui sont ouvertes, on peut apercevoir un passant ou deux, régulièrement, doucement, à pas feutrés, déposer un cierge aux pieds de la Vierge Marie et se recueillir quelques instants en prenant les précautions nécessaires. Quelques lueurs d’espérance dans ces actes de foi si simples et qui pourtant illuminent autant nos coeurs que nos églises…

Dans d’autres paroisses, même les églises sont fermées. Avec le Covid19, ces églises sont devenues des tombeaux, les caveaux de Dieu, comme disait Nietzsche. Nous l’avons confiné, Dieu. Comme si nous lui avions mis un masque. Et nous ne pouvons même pas aller à ces tombeaux comme les femmes au matin de Pâques.

Plus rien… plus rien…

A part ces questionnements multiples et incessants. Pourquoi… pourquoi…

Et en ce Samedi Saint, même le Saint Sacrement n’est plus là. Allions-nous à l’Eglise lors de nos années non-confinées ? Nous nous apercevions de ce grand vide où même Jésus Eucharistie n’est plus là. Il a été remisé la veille, comme il est de tradition, au tabernacle secret pour mieux revenir lors de la messe de la nuit de Pâques, juste après la Vigile Pascale.

Benoît XVI, à l’occasion de la vénération du Saint-Suaire, à la cathédrale de Turin, en 2010, fait une belle méditation sur ce mystère. Devant le saint Linceul, « icône » parfaite de ce qu’était le corps de Jésus étendu dans le tombeau au cours de cette période, il décrit ce moment de silence. Ce « Dieu est caché », dit-il, « fait partie de la spiritualité de l’homme contemporain, de façon existentielle, presque inconsciente, comme un vide dans le cœur qui s’est élargi toujours plus ». L’obscurité de ce jour interpelle tous les chrétiens qui s’interrogent sur leur vie, et de façon particulière nous interpelle, nous croyants. Nous aussi nous avons affaire avec cette obscurité.

La liturgie du Samedi saint célèbre aussi la descente du Christ aux enfers. Que signifie cette expression ? Elle signifie que Dieu, s’étant fait homme, « Il est arrivé au point d’entrer dans la solitude extrême et absolue de l’homme », nous dit Benoit XVI, mais il est demeuré dans la mort et a franchi la porte de cette ultime solitude « pour nous guider également à la franchir avec Lui ». Voilà le remède pour combattre ce sentiment d’abandon que l’on peut ressentir face à des situations tragiques : se répéter à l’infini « qu’à l’heure de la solitude extrême, nous ne serons jamais seuls ». Le Samedi saint, les cloches des églises se taisent. « Tout est accompli » (Jn 19, 30). Ce repos est salutaire. Dans quelques heures, la résurrection du Seigneur apportera une nouvelle lumière pour renaître à une vie nouvelle. Alors comme dit saint Paul aux Romains, « le Seigneur ressuscité est l’espérance qui ne faiblit jamais, qui ne déçoit pas (cf. Rm 5, 5), il n’y a plus qu’à profiter de ce Samedi saint pour réfléchir à la portée salvifique de ce jour de grand silence et se préparer à accueillir la grande joie de Pâques !

En ce Samedi Saint, nous vous présentons ce Christ en 3D, réalisé selon le Suaire de Turin.

À propos du rédacteur Eflamm Caouissin

Marié et père de 5 enfants, Eflamm Caouissin est impliqué dans la vie du diocèse de Vannes au niveau de la Pastorale du breton. Tout en approfondissant son bagage théologique par plusieurs années d’études, il s’est mis au service de l’Eglise en devenant aumônier. Il est le fondateur du site et de l'association Ar Gedour et assure la fonction bénévole de directeur de publication. Il anime aussi le site Kan Iliz (promotion du cantique breton). Après avoir co-écrit dans le roman Havana Café, il a publié en 2022 son premier roman "CANNTAIREACHD".

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