Saints bretons à découvrir

SANT GWENVAEL

Amzer-lenn / Temps de lecture : 3 min
vallée des saints
Photo Ar Gedour 2017 – DR

Saint Gwenvael est le patron de la paroisse de Loc-Envel, sur la rive sud du Gwig, qui se jette dans le Leguer à proximité du bourg. Au Moyen-Age le nom  de la paroisse,  écrit Loc-Guenmael, indiquait bien le nom du saint patron, alors qu’ aujourd’hui Loc-Envel contient le nom de saint Envael, dont le nom se retrouve  au lieu-dit  Guern Envel.

Le nom de Porz-Gwenvael, sur la côte nord du Léon, pourrait, suivant la coutume des hagiographes, garder la mémoire du lieu où le saint aurait mis le pied  sur la terre  d’ Armorique, événement représenté sur l’ un des vitraux de l’ église de Loc-Envel.

La tradition locale de la paroisse fait de Gwenvael et Envael deux frères, dont les noms signifient respectivement « prince béni » et « grand prince ». Ils avaient leurs ermitages dans les bois sur la rive droite  du Gwig et cultivaient chacun une clairière, aidés l’un par un cheval, l’autre par un âne. Mais des brigands sortis de Coat an Noz « le Bois de la Nuit » volèrent le cheval de Gwenvael, si bien que celui-ci attela un cerf et une biche à son araire. Quant à l’ âne de Envael, il fut dévoré par un loup, et ce fut le loup qui tira l’ araire du saint.

Les deux ermites avaient ausssi une soeur cadette, Iunna, qui avait son ermitage sur la rive gauche de la rivière, à l’ endroit qui porte son nom : Tréunaff, du breton médiéval Tre-Iunaff (vieux-breton *Treb-Iunnam). Les ermitages formaient ainsi un triangle et les cloches des ermites leur servaient de moyen de conversation.

L’ ermitage de Gwenvael est devenu d’ abord église tréviale, puis paroissiale. Celui d’ Envael a donné naissance à la chapelle s. Envel, Chapel ar C’hoad, en Belle-Ile en Terre. Sainte Iunna, appelée Sainte Jeune en français, est devenue  la patronne d’ une « frairie de sainte Iunha », dans la paroisse de Plounévez-Moédec, et sa chapelle est  à  1,5km  au  nord  de  Loc-Envel.

 Le nom de Gwenvael n’ apparait pas dans les généalogies des Bretons du nord, mais celui de Envael y  est bien attesté. Il en ressort que ce personnage était fils de Dyvnwal Hen, « Dumnwal l’ Ancien » et de ce fait petit-fils de l’ empereur Magnus Maximus et sans doute neveu   de saint Tudwal. Sachant que les noms sont en général représentatifs d’ une lignée, si saint Envael n’ est pas celui de la généalogie,  il lui est sans doute apparenté.

Le nom de Iunna est le superlatif de  iun, terme archaïque  fréquent dans les noms composés. Il remonte à un celtique *iounos  « jeune ». La traduction « Sainte Jeune » n’ est donc pas erronée. En Plounérin existe une chapelle  de ce nom, et la patronne y est dénommée en latin Junior. Iunna étant « la plus jeune » et junior signifiant « plus jeune », cela confirme qu’ elle était la cadette d’ une fratrie, et donc sa relation avec ses frères. Il est vraisemblable que leur présence remonte au milieu du 5ème siècle.

 

Envael ; Gwenvael, Iunna –     Hengelteg  :  *, *Windomaglos, *Iounosama

À propos du rédacteur Alan Joseph Raude

Linguiste, historien et hagiographe, il a notamment publié des ouvrages sur l'origine géographique des Bretons armoricains et sur l'histoire linguistique de la Bretagne.

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