Saint Gwenvael est le patron de la paroisse de Loc-Envel, sur la rive sud du Gwig, qui se jette dans le Leguer à proximité du bourg. Au Moyen-Age le nom de la paroisse, écrit Loc-Guenmael, indiquait bien le nom du saint patron, alors qu’ aujourd’hui Loc-Envel contient le nom de saint Envael, dont le nom se retrouve au lieu-dit Guern Envel.
Le nom de Porz-Gwenvael, sur la côte nord du Léon, pourrait, suivant la coutume des hagiographes, garder la mémoire du lieu où le saint aurait mis le pied sur la terre d’ Armorique, événement représenté sur l’ un des vitraux de l’ église de Loc-Envel.
La tradition locale de la paroisse fait de Gwenvael et Envael deux frères, dont les noms signifient respectivement « prince béni » et « grand prince ». Ils avaient leurs ermitages dans les bois sur la rive droite du Gwig et cultivaient chacun une clairière, aidés l’un par un cheval, l’autre par un âne. Mais des brigands sortis de Coat an Noz « le Bois de la Nuit » volèrent le cheval de Gwenvael, si bien que celui-ci attela un cerf et une biche à son araire. Quant à l’ âne de Envael, il fut dévoré par un loup, et ce fut le loup qui tira l’ araire du saint.
Les deux ermites avaient ausssi une soeur cadette, Iunna, qui avait son ermitage sur la rive gauche de la rivière, à l’ endroit qui porte son nom : Tréunaff, du breton médiéval Tre-Iunaff (vieux-breton *Treb-Iunnam). Les ermitages formaient ainsi un triangle et les cloches des ermites leur servaient de moyen de conversation.
L’ ermitage de Gwenvael est devenu d’ abord église tréviale, puis paroissiale. Celui d’ Envael a donné naissance à la chapelle s. Envel, Chapel ar C’hoad, en Belle-Ile en Terre. Sainte Iunna, appelée Sainte Jeune en français, est devenue la patronne d’ une « frairie de sainte Iunha », dans la paroisse de Plounévez-Moédec, et sa chapelle est à 1,5km au nord de Loc-Envel.
Le nom de Gwenvael n’ apparait pas dans les généalogies des Bretons du nord, mais celui de Envael y est bien attesté. Il en ressort que ce personnage était fils de Dyvnwal Hen, « Dumnwal l’ Ancien » et de ce fait petit-fils de l’ empereur Magnus Maximus et sans doute neveu de saint Tudwal. Sachant que les noms sont en général représentatifs d’ une lignée, si saint Envael n’ est pas celui de la généalogie, il lui est sans doute apparenté.
Le nom de Iunna est le superlatif de iun, terme archaïque fréquent dans les noms composés. Il remonte à un celtique *iounos « jeune ». La traduction « Sainte Jeune » n’ est donc pas erronée. En Plounérin existe une chapelle de ce nom, et la patronne y est dénommée en latin Junior. Iunna étant « la plus jeune » et junior signifiant « plus jeune », cela confirme qu’ elle était la cadette d’ une fratrie, et donc sa relation avec ses frères. Il est vraisemblable que leur présence remonte au milieu du 5ème siècle.
Envael ; Gwenvael, Iunna – Hengelteg : *, *Windomaglos, *Iounosama