Après le temps de Carême puis de Pâques, avant le temps de l’Avant puis de Noël, les chrétiens vivent le rythme liturgique dit : Ordinaire. La couleur liturgique est le vert.
Le mot Ordinaire semble fade, il a un relent de banal, de quotidien voir répétitif, fade. Cette perception aura l’avantage de prédisposer à attendre les autres temps avec impatience, mais il me semble que cette conception affadie du rythme liturgique relève d’une paresse, d’une perte de goût du spirituel que nos anciens appelaient : ACEDIE.
Non, la vie de l’Eglise ne peut pas être banale, elle est au contraire : Fantastique, Merveilleuse, Admirable et conduit à l’adoration et l’action de grâce (Eucharisite en grec).
Gardant en mémoire un texte de St Léon le Grand sur la Pentecôte, il me semble pouvoir expliquer mon propos : « Voici en quoi consiste la force des grands esprits, (…) : croire sans hésitation ce que les yeux du corps ne voient pas, fixer son désir là où le regard ne parvient pas. Mais comment une telle piété pourrait-elle naître en nos cœurs, comment pourrait-on être justifié par la foi, si notre salut ne consistait qu’en des réalités offertes à nos yeux ? » autrement dit : « Comment croire sans avoir vu » (Jn20,28b) ? Et bien grâce à l’Esprit-Saint, le Consolateur, l’Esprit de vérité (Jn16,12-14). Il fait voir toute chose nouvelle. Or ce qui est nouveau, c’est que depuis sa montée au Ciel où il est placé auprès du Père, celui qui a fait de nous ses frères, nous introduit par l’intercession du St-Esprit dans la vie divine. Notre incorporation au Christ, depuis le jour de notre baptême, est très physique, ce n’est pas une image, mais une réalité égale à l’incarnation, la venue sur la terre, en notre chair, de Dieu en Jésus. Cette Incorporation du baptisé dans la vie trinitaire de Dieu est notre agrégation dans le Corps de Jésus retourné au Père. Et ce corps c’est l’Eglise ! Il n’est pas question-là de l’organisation ecclésiastique (elle est nécessaire dans notre réalité terrestre) mais de la réalité divine, céleste qui se donne à voir et même toucher. Comme le pain et le vin qui deviennent sa chair, par la foi, le chrétien quand il regarde l’Eglise faire ce que le Christ fait à la manière de Jésus devant ses apôtres alors qu’il partageait notre condition humaine voit Jésus dans sa Gloire en train de sauver le monde.
Et vous parleriez encore d’ordinaire au sens banal ? Non ! La vie chrétienne est MERVEILLEUSE !