Un non-pardon, le non-sens d’un monde en perte de sens

Amzer-lenn / Temps de lecture : 3 min
capture écran Le Télégramme

C’est dans le journal du 12 novembre, et ça fait frétiller dans le landerneau breton : un « non-pardon » breton est organisé pour lutter contre le sexisme est organisé par la Riposte Quimperloise, le dimanche 26 novembre.  Mieux, les manchettes annoncent ainsi que les organisateurs « se réapproprient la culture bretonne pour lutter contre le sexisme ». Le « non-pardon » de la Riposte Quimperloise promet une procession féministe, joyeuse et colorée, lit-on dans les journaux… car « les pardons font partie de notre culture ».

« On avait envie de s’approprier cette culture pour en faire quelque chose de vraiment commun. Par définition, la culture c’est ce qui est commun entre nous. Mais le patriarcat, le sexisme qu’on retrouve partout, dans nos maisons, nos rues, nos métiers et nos institutions, il ne nous convient pas du tout. Pourtant il est culturel, et c’est ça que l’on veut montrer. «  lancent les initiateurs de cette idée aux journalistes du Télégramme.

Ben voyons, comme dirait l’autre !  Les pardons sont tellement ancrés dans les esprits comme des événements simplement culturels que tout analphabète de la question religieuse ne voit pas le problème : quel est déjà le sens du pardon ?

A la base, c’est demander pardon pour des péchés, demander pardon de manière individuelle et communautaire pour mieux revivre ensemble une vie qui va vraiment à la suite du Christ, dans un exemple donné par nos saints locaux, ces saints vénérés dans nos si nombreuses chapelles de Bretagne. Bien loin d’un individualisme de groupe,  c’est à à la base se décentrer de nous-mêmes pour mieux tourner notre regard et notre vie vers le Christ. Lever notre regard vers le ciel plutôt que se regarder le nombril. Tourner notre regard vers l’autre, tout simplement.

Qui plus est, niveau patriarcal, on repassera, quand on voit le nombre de pardons bretons dédiés à des figures féminines, à la Vierge Marie et aux saintes de Bretagne ou d’ailleurs. Rien que sur le Pays de Quimperlé : Notre-Dame de Kerbertrand et Notre-Dame de l’Assomption (Quimperlé), Notre-Dame du Folgoët, chapelle de la Véronique  et Notre-Dame des Neiges ou encore la chapelle de Trébalay dédiée à Ste Tréphine (Bannalec), une chapelle de Doëlan dédiée à Ste Anne ou encore celle du Pouldu dédiée à Notre-Dame de la Paix, celle de Notre-Dame de la Clarté à Guilligomarc’h ou encore la chapelle de la Madeleine à Mellac, la chapelle de Lanriot en Moëlan/Mer dédiée à la Vierge Marie ou bien sainte Thumette et sainte Barbe à Nevez, sans oublier Chapel an teir Vari et la chapelle mise sous le vocable de sainte Marguerite dans la même paroisse. Cette liste n’est pas exhaustive mais face au rouleau compresseur woke, il n’est pas inutile de rappeler que bien des femmes sont vénérées partout en Bretagne, et notamment dans le pays de Matilin an Dall et de Kervarker !

Alors quand on lit qu’un non-pardon sera célébré, comme pour le chapelier fou d’Alice au Pays des Merveilles dans un monde dépourvu de sens chaque jour est célébré comme un  non-anniversaire, on se demande jusqu’où ira l’effacement sociétal.

À propos du rédacteur Tudwal Ar Gov

Bretonnant convaincu, Tudwal Ar Gov propose régulièrement des billets culturels (et pas seulement !), certes courts mais sans langue de buis.

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5 Commentaires

  1. C’est dingue cette volonté de tout singer, jusqu’à nos beaux pardons

  2. L’art de faire du laid et de l’inculture. Si ces personnes étaient vraiment au fait de la véritable société Bretonne et Celtique, avant que celle-ci ne soit colonisée par la France et son esprit séculier, elles sauraient que dans l’histoire de Bretagne et chez les Celtes en général, la femme est l’égale de l’homme, différente et complémentaire (cf la femme Celte de Jean Markhale).
    C’est pourquoi, chez nous, les femmes pouvaient monter sur le trône. La Bretagne, en étant annexée à la France, a vu progressivement le droit des femmes être rogné, avec son summum à la révolution française (et oui….)

    Ces personnes n’ont de breton que le fait d’habiter sur ce secteur géographique, n’en ayant ni la culture, ni la langue. Le fait de faire ce « non pardon » est une forme d’ appropriation culturelle puisqu’il s’agit de la réutilisation par des personnes d’ éléments appartenant à un groupe culturel minoritaire et constituant un usage mésinformé ou fait contre la volonté de cette minorité à savoir les Bretons de confession chrétienne, dans le but d’assoir une domination de leur système de pensée. Ces personnes sont-elle pour l’appropriation culturelle chez d’autres minorités?

    Et bien sûr, on se moque encore une fois de notre religion et de nos traditions, ce que ces mêmes personnes n’oseraient pas faire un seul instant à l’encontre de systèmes de pensées réellement sexistes, qui eux considèrent vraiment la femme comme inférieure à l’homme.

    Et puis, au lieu de développer l’harmonie entre les hommes et les femmes, ces personnes développent une lutte des sexes sur le modèle de la lutte des classes.

    Le véritable féminisme dans son sens noble du terme, devrait être la considération de la femme et de l’homme comme personnes égales, différentes et complémentaires. C’est le bon sens, mais trop de personnes en sont dépourvues

    Vous voulez réellement être féministe? Redevenez la femme Celte que l’on a voulu rayer de l’histoire.

    • Depuis l’annexion de la Bretagne par la France, les esprits ont été progressivement colonisés, les Bretons ayant oublié qui ils étaient. Parce que le véritable esprit celtique a quasiment disparu en Bretagne occupée, on trouve aujourd’hui ce type de manifestations traduisant l’inculture des personnes organisatrices et participantes.

  3. Depuis l’annexion de la Bretagne par la France, les esprits ont été progressivement colonisés, les Bretons ayant oublié qui ils étaient. Parce que le véritable esprit celtique a quasiment disparu en Bretagne occupée, on trouve aujourd’hui ce type de manifestations traduisant l’inculture des personnes organisatrices et participantes.

  4. Si je comprends quelque chose (j’essaie modestement :-)):

    Ce non-pardon, non-breton, inspiré de la non-culture bretonne, est organisé par des non-féministes, non-bretonnes, pour lutter contre le non-sexisme et le non-patriarcat en Bretagne (Oups, pardon en non-Bretagne!)

    C’est çà, j’ai tout bon? Ou y ‘a encore des cases à cocher?

    De quoi en perdre son français!

    Heureusement, il me reste le breton! Eurüzamant e chom din hon brezhoneg karet!

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