Peut-être certains d’entre vous se rappellent-ils de cet article de 2013 intitulé « Les protestants aussi chantent en breton » ?
A l’époque, Ar Gedour n’était encore qu’un petit blog. Mais ce propos avait notamment permis par la suite des contacts avec des protestants des USA pour doubler en breton un film sur Jésus.
Voici ce que disait cet article :
Le saviez-vous ?
Nous trouvons de nombreux recueils de cantiques bretons catholiques. Ce qu’on connaît moins, ce sont les cantiques que les protestants proposaient aussi en breton. Avant tout, soulignons ici que le protestantisme, présent notamment dans la noblesse bretonne au XVIème siècle mais déclinant après la révocation de l’Edit de Nantes, renaîtra en Bretagne au XIXème siècle. En Bretagne, ce sont les Gallois qui seront vecteurs de cette nouvelle évangélisation protestante, et en particulier avec le pasteur Jenkins qui débarquera en 1834 et apprendra le breton. Ainsi, avec l’écrivain Guillaume Le Coat, il a traduit la Bible en breton et fondé la Mission bretonne de Tremel. Certaines contrées se rappellent encore des colporteurs évangéliques. Pour en savoir plus, nous vous invitons à lire l’article les missions galloises en Bretagne.
Les protestants évangéliques ont participé au développement de la langue bretonne, grâce à cette traduction de la Bible en breton et la composition de cantiques bretons pour le culte, diffusés par des colporteurs, financés par des associations évangéliques. Ces cantiques basés sur des mélodies galloises ou des airs traditionnels bretons rencontrent un grand succès auprès des populations locales. Des recueils ont donc été publiés. et notamment le recueil Kanouennoù kristen avec les harmonisations des cantiques.
Un lecteur nous a fait découvrir celui-ci : Kanouennoù kristen evit servich ilizoù Breiz Izel. Il doit en exister d’autres, et nous remercions nos lecteurs protestants de l’éclairage et de la documentation qu’ils pourraient apporter à ce sujet.
Il est intéressant de souligner ici que le Bro Gozh ma zadoù, hymne national breton composé par Taldir Jaffrenou sur l’air gallois Hen Wlad fy Nadhaù, est le fruit de ces missions galloises. En effet, le pasteur Jenkins avait mis des paroles en breton sur ce chant du Pays de Galles sous le titre Doue ha va Bro, chant qui inspira Taldir pour le Bro Gozh.
C’est le Pasteur Franck Keller, du Centre missionnaire de Carhaix, qui nous avait fait part de ces textes. Nous l’avons interviewé il y a quelques mois. Il nous a confié que « beaucoup de travail, et de sauvegarde a déjà été fait, mais en ce qui concerne le point précis des cantiques en breton, je ne sais pas si une sauvegarde systématique à été entreprise. Il peut y avoir eu des démarches individuelles dans ce sens, mais rien à ma connaissance n’a été rendu public ».
Vous pouvez désormais retrouver en ligne KANAOUENNOÙ KRISTEN HA TONIOU KOZ BREIZ IZEL, ce recueil de 1889 compilant des cantiques bretons (avec les airs) écrits par Guillaume Coat ou collectés par le Dr Bullinger, en cliquant sur ce lien, via le site de l’IDBE.
Certains de ces cantiques sont-ils encore en usage dans les églises protestantes de Bretagne ? Des enregistrements ont-ils déjà été réalisés ?
Malheureusement ces cantiques ne sont quasiment plus chantés, à ce que j’ai appris. Nous envisageons de les enregistrer et de les stocker sur une section dédiée de Kan Iliz.
Trugarez bras !
Je vous ramène à la lecture d’un article paru dans La Chronique de Landévennec en octobre 1991 n°68 , Taldir ( Jaffrennou ) ou le chapardage littéraire . Outre le témoignage du pasteur méthodiste William J. Jones en 1904 , et non Jenkins , qui se plaint du plagiat dont il a fait l’objet de la part de l’auteur du Bro Goz va Zadoù …les versions comparées du cantique n°77 » Doue ha va Bro « de sa main , issu du livret Telen ar c’hristen » paru en 1895 et du bro goz …ne laisse planer aucun doute quant à la » source premiére » d’inspiration de Taldir .
La notion de propriété littéraire et artistique est somme toute assez récente. Jusqu’au XXème siècle, le plagiat et la copie étaient monnaie courante et totalement assumés et ont donné nombre de chefs-d’oeuvre dans tous les domaines de l’art, c’étaient même une preuve de génie que de copier et adapter. Après, il est tout à fait légitime d’exiger « une aimable autorisation » pour toute récupération d’une oeuvre, c’est la moindre des courtoisies. Faut-il pour autant « financiariser » tout emprunt ? Le débat est vaste et la question légitime.
J’ai découvert avec beaucoup d’intérêt le recueil des « kanaouennou kristen » du pasteur Guillaume le Coat. Je connaissais déjà sa traduction bretonne de la Bible, qui au passage est très bonne. Les ca,tiques sont de très bonne qualité, tant sur le plan littéraire que musical, et nombre d’entre eux sont tout à fait compatibles avec le catholicisme. Bien sûr, certains thèmes sont évacués comme le culte des morts, des saints, de l’Eucharistie… Toutefois, il serait possible de chanter sans rougir un certain nombre de ces cantiques dans nos églises et chapelles. D’ailleurs, nombre d’entre eux ont les mêmes sources musicales que nombre de nos cantiques catholiques. Particularité : quand les huguenots sont assez pudiques sur la Vierge-Ils se bornent à citer « Marie », les cantiques bretons protestants citent allègrement « Ar Werc’hez Vari »
J’ai été étonné , visitant à plusieurs reprises des églises anglicanes au Pays de Galles , d’y relever parfois la présence de statues de la Vierge Marie …qui plus est celles-ci étaient fleuries !
Concernant la personnalité de ces pasteurs protestants bretons , j’ai eu l’occasion en 1976 de croiser au Pays de Galles le pasteur Guillaume le Quéré , âgé de 76 ans , celui-ci pilotait une moto de 450 cm3 qui précédait un minibus où s’entassait sa famille . Nous avions sympathisé et il m’avait avoué espérer lever la réticence de ses enfants à le voir acquérir une 750 cm3! ! Les matières religieuse et bretonne ne me laissant pas insensible , il m’avait adressé quelques semaines plus tard , un nouveau testament bilingue breton et français de 1886 ainsi que la bible protestante en breton , ar Bibl santel , de 1897 . J’y ai toujours , daté du 27/05/1986 , un article découpé dans Le Télégramme faisant état de l’accident de ce dernier au volant de sa moto à l’âge de 86 ans ! excusez du peu ! , en se rendant à plestin-les-grêves .Guillaume Le Quéré a été reconnu comme Juste parmi les nations en 2017 pour avoir hébergé et caché une famille juive pendant la dernière guerre .Il n’avait jamais jugé utile de se prévaloir de cette courageuse attitude …celle-ci allait de soi .