Il y a un an, le 10 mars 2017, disparaissait Alan J. Raude (alias Ron Peniarth), à l’âge de 93 ans. Il faisait partie de ceux qui travaillaient dans l’ombre pour la Bretagne. Linguiste, historien et hagiographe, il a notamment publié des ouvrages sur l’origine géographique des Bretons armoricains et sur l’histoire linguistique de la Bretagne.
Né en 1923 à Courbevoie, mais originaire de l’île de Groix, où il a été inhumé, il effectue ses études, jusqu’au début des études supérieures, à Paris. En 1939, il fréquente l’École pratique des Hautes Etudes, à la Sorbonne. Il s’intéresse dès lors à la linguistique celtique (le breton, le gallois et le vieil irlandais). En 1942-1943, il intègre une équipe de recherches folkloriques au Musée des arts et traditions populaires avec Jef Le Penven et René-Yves Creston.
En 1945, il est sergent-interprète en Allemagne pour les Welsh Guards (gardes gallois qui constituent l’un des cinq régiments d’infanterie de la Garde du souverain britannique (les Royal Foot Guards) de la British Army. Il est inscrit en 1946 à l’université de Bonn aux cours de linguistique celtique, germanique et romane. Il devient en 1948 traducteur technique au Centre technique du machinisme agricole à Paris puis au Centre de documentation sidérurgique en 1950, puis à la Compagnie IBM en 1953.
En 1953, il participe au Gorsedd de Bretagne mais des désaccords profonds généreront une scission. Il devient directeur comptable à la Coopérative des agriculteurs àL anderneau en 1961. En 1980, des relations furent renouées avec le Gorsedd de Bretagne. Il rendit au Grand-Druide la bannière de la Gorsedd et la Grande Epée d’Arthur qu’il détenait depuis vingt-six ans. Nommé A rouez varzh, il s’abstint cependant de participer à toute cérémonie. La scission de 1953 fut cependant considérée dès lors comme terminée. Il devint président du Kelc’h Studi Drouized an Hengoun, association regroupant différentes tendances dont le but était de restaurer la tradition de tolérance au plan idéologique, en excluant tout monolithisme politique ou philosophique au sein de la « Gorsedd de Bretagne » et de développer l’intérêt du peuple breton pour la culture celtique.
Alan J. Raude rédigera aussi le chronique « Bretagne Romane » dans la revue de la fédération Kendalc’h. Il travaillera à une écriture interdialectale du breton, prenant ses sources aux origines de la langue bretonne. Les néologismes proposés tenait compte de ces recherches, et il ne manquait pas de fustiger les inventions lexicales approximatives. Il est aussi le créateur de l’écriture normalisée du gallo (ELG). Il est membre d’Ar Falz et de Skol Vreizh.
Proche de l’Eglise Orthodoxe Celtique, il passera un temps précieux à retrouver l’histoire de nos saints bretons. Ses travaux, qui remettent parfois en question certaines idées, ont le mérite de bousculer les études habituelles, et contribuent à cette recherche historique essentielle.
Ses funérailles eurent lieu le 15 mars 2018 à Daoulas (29), principalement en breton , comme il le désirait, avant de voyager vers l’île de Groix où se trouve le caveau familial.
Depuis 2011, il fournissait régulièrement ses études historiques, hagiographiques et toponymiques pour être publiées sur Ar Gedour. Il avait laissé à notre rédaction de nombreux articles, et c’est pourquoi nous continuons toujours aujourd’hui à compléter et à publier régulièrement ses travaux, pour mieux faire connaître aux Bretons leur histoire et leur identité propre.